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La covid, l’énarque et l’élu, fable (?)

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 13 déc. 2020
  • 5 min de lecture




Un mal qui répand la terreur,

Mal que la Chine par triste erreur

Inventa pour punir les crimes de la terre,

Faisant trembler le monde bien plus qu’une guerre.

Capable de tuer bien mieux que les canons,

La covid (puisqu’il faut l’appeler par son nom)

frappait dans le royaume, comme sur la terre entière.


Il n’en mourrait que peu, mais tous étaient touchés.

On n'en voyait beaucoup du coude se moucher,

Nul mets n'excitait proprement leur envie ;

Ils en perdaient le goût, et par grappes la vie.


Monarque désigné par la ruse et l’intrigue

Et le procès monté d’une poignée de figues,

Ayant éliminé son meilleur adversaire,

Un énarque absolu régnait sur les affaires.


Parvenu au pouvoir par un coup ingénieux,

Aidé de manigances de juges et journaleux,

Il nomma aux fonctions moult amis de son rang,

Et fit tant et si bien qu’on aurait dit un gang.

A tous ces purs soutiens, il rendit la monnaie,

Tout en se défendant d’en être l’obligé.

Porté plus que servi par une forte Cour

Petits marquis sans terre, et tous un peu balourds

Mais bouffis d’un orgueil à faire trembler la terre,

Avec bien du retard, tant ils étaient ravis

Du merveilleux confort de leurs emplois à vie

Ils sonnèrent le tocsin, pour effrayer les gens,

Tout en les convoquant, pour voter gentiment


Devant le sort des urnes, très humble et miséreux,

Le roi fut dépité, du sort malencontreux.

Il ne lui restait plus d’autre choix que la guerre

Ce fléau qui abat et fait taire les colères.

Il la décréta donc à la vieille camarde

Qui rôdait dans les rues, sa faux en hallebarde.

L’Etat comme engoncé dans sa graisse peinarde

Ne savait se munir de tout ce que l’on garde.

On manqua donc de masques, pour endiguer le mal.

Lors, ils furent dénigrés comme us de carnaval.

Pour pister la covid, les réserves étaient vides.

L’énarque prit donc conseil de mandarins avides.


En secret, ces pontifes proscrivirent les remèdes,

Des médecins de la ville, ils condamnèrent les aides.

Dans le confinement, là était le salut.

Ainsi fit le monarque, au grand dam des élus.

Point de rassemblements, pas le moindre raout,

Et l’on cria partout : haro sur le Raoult.


Mais le mal progressait, il passait les frontières,

Que l’on avait tardé à pousser en arrière.

L’énarque au ministère que l’on nomme premier,

Ce très haut fonctionnaire, soudain fut alarmé.

Allait-on, très bientôt, manquer de lits de mort,

Dans les rues verrait-on des trépassés les corps ?

Il fallait, sacrebleu, demain, quoi qu’il en coûte,

A ce péril affreux, très vite couper la route.


On devait à tout prix protéger l’hôpital,

Que les gens meurent chez eux était un moindre mal.

Ainsi fut dit et fait, l’hospice fut sauvé.

Et tous les infirmiers, sans cesse ovationnés.


Mais, chez les animaux que sont les pauvres hommes

La plus faible embellie prend allure d’extrémum,

Le monarque furieux de se voir contrarié

Par un Premier Ministre, que le peuple adulait

Chargea de favori, pour se voir obéi.

Car ce vizir nouveau, que jamais on ne vit

Lutter contre le mal de cette pandémie

Savait déconfiner, et lui serait soumis.


Par un mystère secret que chacun prit pour lui,

Mais qui n’était peut-être qu’un virus affaibli,

Le mal se fit moins fort, le temps d’une baignade.

Mais sitôt revenue la fraîcheur astrapade

La covid reverdie reprit ses coups de dagues,

On dut se résigner à la seconde vague.


Les mêmes qui, jadis, raillaient les gens masqués,

Comme par une mouche du coche qui les aurait piqués,

En tout temps en tout lieu, en ordonnèrent l’usage.

Pour ne point respirer de ce virus sauvage,

On devait se masquer, pour se mettre à la page.

Toute contravention serait payée sur gages.


Pour sortir de chez soi, il fallait barguigner,

Et d’une attestation, se fendre comme des nais.

Malgré et en dépit de tous ces simagrées,

Le mal persistait, la covid revenait.

Elle fit tant et si bien qu’affluèrent les malades,

Qui mirent le médical encore dans la panade.

D’une plume sévère, le vizir s’emporta

il édicta des lois, confinant ça et là,

Prises sous son bonnet et ceux de ses amis,

Des choses essentielles, il passa le tamis.

Ainsi, confina-t-il, puis il déconfina,

Et sans désemparer, mordious, reconfina.

Toujours obéissant à la même logique,

Attendre la venue de ce vaccin magique.

« Holà, mon cher ami », cria le politique,

Humble représentant des teneurs de boutiques,

Et de tout un chacun dans le peuple français,

Des suffrages obtenus, jadis récompensé.

« Holà, fier souverain, estimable despote,

De vos éclairements, libérez, tous mes potes.

Dans les combat menés, rien ne vaut le moral,

Et c’est ce bien précieux que vous mettez à mal.»

« Mordious », lui répondit l’énarque principal,

« Souvient toi de celui qui monté à cheval,

Te fit désarçonné de tes gloires électives,

Et transforma ta vie en basses invectives.

De ton aide, peu me chaut, autant que mes babouches

Je ne m’en soucie guère, j’en chante sous la douche.

Ton avis m’indiffère, sans hésiter un temps

Je préfère m’arrêter derrière les paravents

A mes conseils secrets sans cesse complotant,

Mais que je peux, flatter et mettre en avant. La haute autorité, que j’ai bien consultée

Me prescrit la rigueur, et se dit insultée

Par des gens sans honneurs et très désargentés,

Que je serais bien fol de vouloir écouter.

Du haut de son savoir, elle m’a prédit comme vrai

qu’avant quinze nuitées, verrions quoi qu’on ait fait

9000 lits de trépas devant nous se dresser,

Et que de l’ignorer ce serait mal penser. »


Sourd aux objurgations de l’humble politique,

l’énarque persista ses mesures despotiques.

Par édits généraux, qu’il dît égalitaires,

Alors qu’ils sacrifiaient les espoirs des précaires.

Il fit couvrir le feu, et contre la colère,

Il fit le généreux en promettant des aides,

A tous ceux que la vie se montrait la plus laide.

Ses impropres cautères sur les plaies trop profondes,

N’étant administrés qu’à bien trop peu de monde,

Conduisirent au trépas, de multiples commerces.

ceux que l’on négligea, comme le quart ou la tierce.


Contre les mécontents, attroupés dans la rue,

Excédés et casseurs qui mêlaient leur chahut,

Le très haut fonctionnaire fit donner la police.

Ce ne fut pas, hélas, là preuve de malice.

Par moult contredanses elle fit danser les gens.

Bastonna les vilains, comme des contrevenants

Tant et tant ils dansèrent qu’ils furent exaspérés,

Et l’on compta les morts, tombés des deux côtés.


De ce peuple en fureur, le pire gouvernement

n’aurait jamais voulu amadouer les gens.

Ainsi le haut énarque se vit fort dépourvu

Au jour de l’élection, quand il se vit tout nu.

S’adressant à l’élu, il quêta son secours :

 » Ami, que j’ai parfois traité de pourriture,

comment raccommoder la grande déchirure

qui des peuples à moi, s’oppose à ma victoire ? » .


Mais se lavant les mains d’alcool et de savon

l’humble here, le pourri, le politicaillon,

Que l'on avait souvent considéré félon,

Répondit au monarque en relevant le front :

« Quand urbi et orbi vous vantiez vos méthodes,

Vous me traitiez de drôle et de passé de mode.

Quand je suais très dur et je trimait la glaise,

Vous vous teniez le ventre, riant de mes fadaises,

Vous étiez aux commandes, et donniez des prébendes,

A tous vos commensaux, et ceux de votre bande.

Vous vous gaussiez de moi, me traitant de manant

De ce peuple maudit, je suis représentant,

J’en suis un et très fier, car je sais écouter,

Des malheurs de chacun, je ne peux pas douter.

Quand à vous, roi des fols, qu’on dit intelligent

Vous chantiez, j’en suis fort aise, et bien dansez maintenant. »


Moralité,

Il faut en toute cause bien ménager les gens,

prendre le pouls des uns, des autres prendre le vent,

Car chez l’administré obéissant qui dort,

Il y aura toujours, un électeur qui mord.

 
 
 

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