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La foire du Trône




La foire du Trône est à Paris un lieu d’attractions à sensations fortes, le grand huit notamment, mais dans la traditions des fêtes foraines, elle évoque bien entendu les exhibitions de monstres et autres phénomènes, stupéfiantes erreurs de la nature.


Le Trône est aussi le siège où se repose l’auguste fessier du chef de l’Etat. Dans le spectacle de la course à l’Elysée et les strapontins que le Président-monarque distribue, le public peut s’ébaudir, car les monstres de foire ne manquent pas ; ils rivalisent de bizarrerie pour attirer l’attention, et recueillir les suffrages.


A tout seigneur, tout honneur, Emmanuel Macron, Président à la langue rapide, occupe la scène centrale où il joue à guichets ouverts “Amédée, ou comment s’en débarrasser”, d’Eugène Ionesco. Dans cette pièce, le héros tente vainement de dissimuler un cadavre qui croit de manière exponentielle, et dont les deux jambes, la Dette et l’Islamisme, envahissent inexorablement tout l’espace de cerveau disponible. Impatient, le chaland se demande quand et comment cette comédie tragique va se terminer.


Derrière la grande roue de la fortune du pot, on découvre le stand de Jean-Luc Mélenchon, le bonimenteur au venin foudroyant, qui fait l’article pour sa solution finale du Jourdain à la mer. Dans l’arrière boutique, on peut deviner de vrais croyants d’Allah, qui le traitent en rigolant de koufar honteux, ce qu’il n’ignore pas être en vérité, mais ce business est pour l’heure rentable. Promoteur d’un mouvement gazeux (aucun rapport avec Gaza) il promet de céder le moment venu (?) son fonds de commerce à un nommé Manuel Bompard, sans doute choisi pour sa mine avenante de bagnard en rupture de ban.


La maison de la femme à barbe à papa est squattée par la Ministre de l’Education qui hésite entre ses convictions et sa mission. Epilation ou rasoir ? Nicole Belloubet s’ingénie à se composer la tête de l’emploi de fin du “pas de vagues”, mais en revient toujours au délit de faciès. À ceux qui lui demandent ce qu’elle fait à la foire du Trône présidentiel, elle répond qu’au royaume des sourds et des malentendants, tout est possible, sur un malentendu.


Non loin de là, Gabriel Attal joue le sketch du mineur non-accompagné qui veut faire l’ange, mais comme le disait Blaise Pascal, fait souvent la bête en ânonnant le discours de la voix de son maître.


Un peu à l’écart, on peut voir Edouard Philippe, qui soulève des altères factices, en déplorant comme jadis François Hollande d’avoir été à un poil d’être aimé.


La baraque de l’Homme invisible est tenue par Laurent Wauquiez, qui interprète sans discontinuer le prélude de l’Arlésienne de Bizet.


Dans une allée, bien à droite, mais fort pourvue de chalands, Marine Le Pen tient un négoce florissant où l’on  balance des tomates mûres sur des têtes de Turcs. Dans le fond de son commerce s’agite encore Jean-Marie, le parent terrible que Jean Cocteau aurait eu du mal à imaginer. En arrière boutique, on peut, en se penchant, apercevoir Zemmour tenant la chandelle alors que le Bardella que voici fait mine de se quereller avec la Maréchal nous voilà.


Bayrou François, le Démostène avant les cailloux, tient un établi de bonneteau, où il s’ingénie à tromper les gens avec un poids chiche et deux gobelets.


Près de la billetterie, bien installé, Bruno Le Maire vend de vieux numéros hors série de la revue satirique l’Assiette au beurre, mais travaillé par la peur de manquer, il se laisse aller à vanter la Bonne soupe de Félicien Marceau.


L’antre de l’ogre dévoreur de marmots a été attribuée par des Magistrats syndiqués à Eric Dupond-Moretti, jugé sur sa mine, bien qu’il se défende d’en avoir jamais croqué.


Dans une allée écartée de la fête, un Gavroche chante, malicieux : je suis tombé par terre, c’est la faute à Sandrine, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau.


Au pied du Grand huit, Gérard Depardieu, amère histrion, vend de vieux emprunts russes comme papier toilette, et, à ceux qui le houspillent, il déclare sans se troubler :  laisse aller, c’est une valseuse.


Certains jours, au bord d’une pièce d’eau on peut voir l’oncle Sam, Président des Etats-Unis qui vous propose un parapluie par beau temps, et fait mine de le reprendre quand le ciel tourne à l’orage. Si l’on demande ce qu’il fait à la Foire du Trône de Paris, il répond qu’il est aussi, chez lui, en campagne électorale.


Toutes ces attractions pourraient démoraliser le badaud, mais il en a vu d’autres, le badaud. Il sait que tout cela n’est que poudre aux yeux. En France, on le dit, on se chamaille, on s’injurie, mais tout finit toujours par des impôts.











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