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La mère Patrie, cruelle marâtre des Malgrè-eux

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 7 juil. 2023
  • 4 min de lecture



Gérald Darmanin dévoile que seulement 10% des interpelés au cours des dernières émeutes seraient des « non-Français », dénomination curieuse pour éviter de parler d’étrangers. Ne lui en déplaise, c’est beaucoup, car l’on peut se demander ce que font, en France, ces étrangers qui y vivent si mal qu’ils veulent en brûler tout ce qui y représente les autorités ?


En vérité, tous les émeutiers, quelle que soit leur nationalité, ont exprimé, en masse et sans ambiguïté, leur haine de la France, et parfois leur allégeance de cœur à d’autres pays. Ils sont, à les en croire, victimes d’un régime odieux et d’une « police qui tue ». Dire et répéter que ce sont en majorité des Français ne questionne pas seulement la santé de la société française, cela pose aussi la question de la réalité de cette nationalité que l’on proclame, pour couper court à tout débat sur le lien du chaos avec l’immigration.


Quand il est contraint de prendre des mesures curatives destinées à éviter le renouvellement de ces coûteux débordements, Emmanuel Macron propose, pour tout potage, une admonestation parentale, qui devrait être administrée par des parents qu’il entend responsabiliser. La défausse est patente, mais l’analyse n’est pas fausse. La démission de l’autorité se situe aussi au niveau de la cellule familiale explosée. Mais c’est une esbroufe que de s’en tenir là.


Les naufragés de l’argumentaire lénifiant exhument le plan Borloo qui consistait à noyer les banlieues sous les milliards, ce qui a été partiellement fait… en pure perte. Au lieu d’insister sur une politique qui ne marche pas, il faudrait redresser la barre des errements idéologiques de l’élite décisionnaire du pays.


Pour cela, il faut avoir la clairvoyance et la courage de dire qu’il n’y a pas de place, en France, pour ceux qui la haïssent. Il faut prévenir, tout un chacun, que la nationalité due au hasard de la naissance n’est pas un permis de cracher sur la main qui vous nourrit. De fait, ce qu’il faut mettre sur la table, c’est le mode d’acquisition de la nationalité. Le droit du sol tel qu’il est pratiqué n’est plus tenable dans une contexte où se succèdent les générations d’immigrants non, ou mal, intégrés.


De quoi s’agit-il ?


En 1851 est institué le « double droit du sol » : est français à la naissance tout individu né en France d'un parent étranger qui y est, lui-même, né. C'est l'article 19.3 du Code civil qui consacre, encore aujourd’hui, ce mode d’acquisition de la nationalité. Initialement, la loi laissait aux bénéficiaires du double droit du sol la faculté de répudier, par une déclaration à leur majorité, la nationalité française. Cette faculté sera supprimée par la loi du 26 juin 1889, puis restreinte à un courte période de l’adolescence. Ce droit d’option disparait si entre temps un des parents est devenu Français. Force est donc de constater que la nationalité Française est ici plus imposée que désirée. On pouvait comprendre ce racolage dans une France qui se préparait à une guerre qui sera la plus meurtrière de son histoire… elle avait besoin de soldats.


Le double droit du sol s'est appliqué jusqu'en 1993 aux enfants d'une personne née dans une ancienne colonie française. Depuis 1993, seuls les enfants de parents nés en Algérie avant 1962 (alors département français et non une colonie) sont concernés. En 2016, l’acquisition de la nationalité est aussi ouverte, sur option, à ceux qui ont un frère ou une sœur, né en France.


En fait, ce n’est pas accorder la nationalité sur demande qui pose problème, c’est le fait d’imposer à des individus une nationalité qu’ils abhorrent. Les raisons de cette détestation sont multiples, on peut les trouver dans leurs racines d’anciens colonisés, dans leur condition de minorité visibles ou même dans la mauvaise conscience des « souchiens » (Français dits de souche et non canidés inférieurs) qui sont incertains de leur propre culture. Il demeure que, quel qu’en soit l’origine, certains Français ne se considèrent pas comme tels, ni ne sont fiers de l’être.


Il faudrait, sans doute, inverser la règle qui exige que la nationalité française soit répudiée par ceux qui souhaitent s’en affranchir. Certains ont tenté de le faire en brûlant leurs passeports lors d’un départ pour le djihad ; en vain, ils sont partis Français et le sont restés. Le bon sens voudrait que l’acquisition de la nationalité soit, pour des personnes nées de parents non-Français, être subordonnée à une demande formelle. Cela éviterait de considérer abusivement comme Français des personnes qui ne le souhaitent pas.

Certes, le risque d’expulsion pousserait probablement de nombreux concernés à formuler cette demande dont la sincérité serait relative, mais il serait bien plus difficile à ces bénéficiaires de maudire une nation dont ils auraient sollicité l’accueil solennel.


La question reste de savoir pourquoi la République fait ce cadeau qui ne se refuse pas. Cela procède sans doute de la même certitude qui, au 19ème siècle, faisait penser aux Européens qu’ils apportaient la civilisation aux peuples qu’ils colonisaient. La nationalité Française est précieuse, donc, il faut en faire bénéficier le plus possible de ceux qui ont un lien objectif avec la France, car la France est généreuse.


En fait, sous couvert d’ouverture humaniste, les bonnes âmes enrôlent d’office de nombreux jeunes, nés d’immigrés récents et non intégrés, qu’en même temps ils déclarent victimes d’une société inique. Comment s’étonner que tant d’entre eux considèrent la mère Patrie comme une cruelle marâtre.


Les « malgré-nous » étaient les Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans la Wehrmacht durant la Seconde Guerre ... bon nombre de ceux que l’on dit « issus de l’immigration » sont Français « malgré-eux », il serait temps de le reconnaitre.


Pour en tirer les conséquences, il ne suffit pas de se frapper la poitrine en psalmodiant des mea culpa, il faut surtout revoir les conditions d’acquisition de la nationalité et supprimer une automaticité sans fondement réel, la double génération n’assurant pas une intégration suffisante à la nation française. Sans aller jusqu’aux exigences que l’on impose aux postulants à la naturalisation, qui ne sont pas minces, on devrait éviter de galvauder le droit fondamental d’être Français en l’imposant ceux qui n’en acceptent pas spontanément les devoirs.



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