La Nef des fous
Vous avez aimé les élus réputés « tous pourris » d’avant Macron, vous avez apprécié les technocrates incompétents de son « Monde d’après », vous n’avez pas fini de déguster avec les députés cuvée 2024.
On n’imaginait pas que le retour des politiques au premier plan serait aussi désastreux. Pas un parti pour racheter les autres. A l’Assemblée Nationale on se jurerait embarqués dans la Nef des fous, version Jérome Bosch, tant les passions destructrices et les vices y sont représentés.
Chaque jour les Français découvrent le comportement suicidaire des Socialistes qui ont perdu toute dignité et deviennent inaudibles en s’acoquinant avec les nauséabonds Mélenchonistes. Les Ecologistes et Communistes ont eux aussi vendu leur âme pour une poignée de lentilles, ou un siège ; tel est le plat du jour au Nouveau Front Populaire. Pitoyables quelques survivants de la gauche classique tentent de se reconnaître en un Gluksman ou un Hollande, mais le signe de Caïn du mélenchonisme les marque au front pour l’éternité.
Tous les matins aussi, le citoyen lambda constate à quel niveau d’autodestruction conduisent les ambitions et arrières-pensées présidentielles des « petits messieurs » leaders du Centre et de Droite aussi ridicules que toxiques. Aucun de ces pantins mal articulés n’est, à l’évidence, mûr pour un destin national. Wauquiez et Attal ne dépassent pas le stade des chamailles infantiles. Leur manque d’esprit de responsabilité les met hors du jeu où ils veulent s’inviter. L’ancien Premier ministre Edouard Philippe rêve de fédérer, mais, par trop marqué de macronisme, il se montre impuissant à accorder les violons.
Restent Mélenchon et Le Pen. Ces deux là ont l’avantage de la constance et de la lisibilité. Ils se préparent, en se frottant les mains, à s’affronter au second tour des prochaines présidentielles.
Dans ce décor pré-apocalyptique du paysage politique français, on assiste à l’Assemblée Nationale à une véritable foire à la taxe et à l’impôt. Les électeurs français qui, dans leur écrasante majorité ne veulent plus d’augmentation d’impôt, voient éberlués leurs élus rivaliser d’imagination pour organiser leur matraquage fiscal.
Seuls les nigauds croient que les nouveaux impôts ne vont pas les concerner. Ils veulent oublier que la fiscalité se répand dans la société comme un liquide huileux. On le verse à un endroit, mais inexorablement, comme par magie, les agents économiques le diluent, et au bout du compte ce sont les plus faibles qui en supportent le principal du coût.
Une question vient. Comment a-t-on pu élire ces gens-là ? Le désarroi est à son comble quand on voit un député pris en flagrant délit de participation au trafic que drogue, en tant qu’acheteur, certes, mais sans client pas de dealer, soutenu par la Gauche, qui le porte aux nues, à la limite de la béatification.
Sans être un extralucide, on peut prédire un raz-de-marée au prochain scrutin.
De ce « sortez les sortants ! », les premières victimes désignées seront les intrigants du Centre et de la Droite. Et s’ouvriront deux boulevards aux routes opposées.
L’un, à l’extrême gauche, qui propose de mettre fin à une République chaotique qui ne remplit plus son office… et offre de la remplacer par une dictature de l’union intersectionnelle des minorités vagissantes, prétendument opprimées. Au bout de ce chemin, la guerre civile et à tout le moins le grand désordre. L’épisode des Gilets jaunes a, en effet, montré que la révolte populaire n’était pas une prérogative de la seule Gauche.
L’autre voie, s’ouvre à la Droite extrême qui joue sur une certaine virginité dans la conduite malencontreuse des affaires publiques de ces dernières décennies. Mais, si elle s’appuie sur un mouvement profond d’inquiétude sur l’identité française menacée, elle repose dangereusement sur un vide sidéral de réflexion économique.
Paradoxalement, la seule chance des chevaux légers de la Droite et du Centre est la pathétique sottise des extrêmes qui s’accordent et rivalisent pour réclamer l’abrogation de la réforme Macron des retraites (cf. Ci-après La grève du contribuable). D’apparence, ce retour démagogique en arrière est populaire, mais ses conséquences dévastatrices sur les finances publiques, plus immédiates et tragiques que ne le pensent ses promoteurs, seront, aux yeux de tous, responsables du déclenchement de la spirale banqueroutière de l’Etat.
La France sous tutelle du FMI ou de la BCE ?
Certes, Mélenchon y voit un pas de plus vers le chaos qu’il appelle de ses vœux comme prélude à son Grand Soir ; mais, ni lui, ni Marine Le Pen et les RN ne comprennent que le vote qui est déterminant est celui qui se fait chaque jour sur les marchés de capitaux. Celui-ci les disqualifiera définitivement, si leur projet absurde va à son terme.
Cette cessation des paiements que Macron a voulu éviter d’assumer par la dissolution, justifierait qu’il reprenne en main tous les pouvoirs. D’abord en activant l’article 16, un premier pas vers l’instauration d’un régime autoritaire dont on sait qu’il est souhaité par de nombreux Français. Aujourd’hui, tous politiques de tous partis, élite d’Etat et faiseurs d’opinion, tous souhaitent le départ de Macron. Mais dans la tourmente financière qui vient, qui d’autre pourrait être le recours ?
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Grève du contribuable ?
Dans le refus, manifesté par beaucoup de Français, de reculer l’âge de départ à la retraite, on néglige le facteur fiscal, pourtant déterminant.
Au delà d’une quantité de prélèvements publics ressentis comme excessifs, le contribuable à tendance à limiter son activité pour échapper à des contributions confiscatoires. Ce refus de l’effort concerne le cours de la vie professionnelle, mais aussi, évidemment, le moment de prise de la retraite.
Cette position vis-à-vis du travail touche les classes moyennes, mais la pression fiscale se répartissant, in fine, dans toute la société quel que soit son point d’application, ce rejet de la légitimité et de la valeur sociale du travail est très largement partagé.
Tant que l’Etat continuera à surpressurer le « cochon payant », les Français refuseront d’appliquer les conséquences de l’allongement de la vie, comme le font tous leurs voisins.
On parle de consentement exemplaire à l’impôt des Français. Celui-ci est vrai dans la ponctualité de leurs paiements, mais faux quand la fiscalité exagérée se traduit par moins d’activité en général, et une exigence de cesser de travailler le plus tôt possible.
C’est ce que l’on peut appeler une grève du contribuable, un mouvement individuel, certes,, mais largement partagé.
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