La Nouvelle société, c’est Chaban qu’il nous faut !
- André Touboul
- 26 mai 2021
- 4 min de lecture

L’ambition des rois pour la France aura été pour l’essentiel territoriale. L’idée même de contrat social leur était étrangère. Leur pouvoir étant de droit divin., l’ordre social ne pouvait qu’avoir été voulu par Dieu.
Les Révolutionnaires ne juraient que par la Patrie, mais la France n’était que l’universelle messagère des droits de l’homme. Leur société était déstructurée, par souci d’égalité. Il a fallu l’Empire pour rebâtir un ordre social français, et reconstituer une élite. La Restauration n'était pas un projet social, et si la Monarchie de Juillet a acté une évolution vers un régime constitutionnel, les gouvernants se sont contentés de prendre la société telle qu'elle était, en souhaitant qu'elle évolue le moins possible. La France étant censée assurer dans son empire colonial une mission civilisatrice, sa société était par définition parfaite.
La troisième République, continuant sur ces bases, s’est contentée d’accompagner la société bourgeoise. Laissant le champ libre à une société industrielle inhumaine dénoncée par Hugo et Zola. Ses excès ont ouvert la voie à un intellectualisme marxiste dont le modèle collectiviste et bureaucratique s’est implanté à la Libération.
Au cours des âges, la vision d’une société souhaitable n’a jamais été exposée aux Français, celles qu’ils ont eues, ils les ont toujours subies. Quand il leur en a été proposée une nouvelle par Chaban-Delmas, ils ne l’ont pas saisie.
La Nouvelle Société décrite par Jacques Chaban-Delmas lors de son discours d’investiture en qualité de premier Ministre le 16 septembre 1969, était une première. Et une dernière, car depuis, il n’y a pas eu de projet d’ensemble cohérent pour la France. Tout juste a-t-on fait des promesses de multiplier les largesses de l’Etat providence.
Le plus surprenant est que la Nouvelle société de Chaban-Delmas est d’une totale actualité.
Pour éviter les écarts d'interprétations citons ici ce qu’en dit Wikipédia :
« Le constat de départ de Chaban-Delmas est que la France présente un certain retard par rapport à d'autres pays davantage développés sur le plan de l'industrie.
Les deux principales raisons invoquées sont un poids trop important que la société a donné à l'État dans le domaine de l'économie depuis la Libération, et un archaïsme des structures sociales (Chaban parle de « société de castes »), qui empêcheraient la France de suivre le rythme des mutations internationales (développement exponentiel de l'industrie dans les pays riches) mais aussi nationales (boom démographique).
Il se propose d'y remédier en assouplissant et modernisant le rôle de l'État, tout en le rendant plus efficace. Concrètement, il souhaite donner une plus grande autonomie aux services publics : plus d’autonomie pour l'ORTF, constituée de deux chaînes concurrentes, ainsi que pour les universités ; restructuration du corps fiscal (qui selon Chaban est le reflet de la lourdeur et du manque d'efficacité de l'État). Le projet d'assouplissement de l'État a ainsi pour fil directeur la décentralisation.
Les mesures visent également à favoriser l'émancipation et l'épanouissement de l'individu dans la société en réhabilitant largement les métiers techniques et manuels, ce qui doit également contribuer, dans une certaine mesure, au dynamisme économique du pays.
Enfin, il accorde une certaine importance à la justice et au dialogue social par la participation des salariés à la vie de l'entreprise, par des négociations entre patrons et syndicats favorisées par le gouvernement. En effet, selon lui, la France ne peut miser sur son développement économique sans se soucier des « ambitions humaines ». »
On connaît la suite. C’est Giscard qui a gagné les élections en 1974 et la France s'est muée en une bureaucrature, où l’Etat est devenu de plus en plus obèse, inefficace et ses administrations toxiques.
Les Français espèrent en vain un de Gaulle, mais il n’y a pas de décolonisation à assumer, et les rêves de grandeur du Général auraient aujourd’hui tout l'air d'une divagation. Non, c’est du Chaban qu’il nous faudrait.
Faire revivre la Nouvelle société qui n’a, en réalité, jamais vu le jour serait la seule solution raisonnable. Qui reprendra le flambeau de Chaban ?
La France de Macron, la startup nation est trop mondialiste pour le sur mesure qu’exige l’exercice de renaissance française. Et désormais la pandémie en a montré les limites.
« La maladie de la France n’est pas la bureaucratie, ni le centralisme mais les corporatismes défendant des intérêts qui protègent l'entre-soi». E. Macron le 26 mai 2021, au magazine Zadig pour justifier la suppression de l’ENA.
On peut comprendre qu’il souhaite en vue des prochaines présidentielles, ménager les cinq millions d’agents publics, et qu’il veuille éviter qu’on lui reproche la centralisation à outrance du début de son quinquennat, mais dans la réalité, le mal français est une conjonction des trois variants du virus étatique. Si l’on avait suivi Chaban-Delmas, le malade aurait été vacciné.
Il y a en outre un problème que Chaban n’avait pas considéré. Celui de la guerre que l’islamisme a déclarée à la France, et met à mal la société française. La Nouvelle société ne peut être une société sans religion, telle que la vision de lutte contre le séparatisme de Macron la conçoit. La laïcité anti-religieuse est un contresens. Toute nation a besoin d’une épine dorsale qui transcende les matérialités, et apporte un espoir de dépassement.
La société nouvelle devrait protéger les religions compatibles avec sa culture, mais aussi savoir se protéger des menées subversives qui utilisent une religion, l'islam en l'espèce, sans naïveté ni faiblesse. Cela n’implique pas de renoncer à ce que la religion chrétienne, et plus particulièrement catholique a apporté à l’identité de la France.
En d’autres termes, l’identité des minorités méritent le respect, mais pas au prix du mépris de l’identité de la majorité. Ainsi, la Nouvelle Société devrait pour toucher le cœur des Français, promettre de garantir l’identité historique de la France... et non la déconstruire, comme l’a imprudemment laissé échapper Emmanuel Macron.
*
Comments