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La police du rigolo, c’est l’école de la haine

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 25 déc. 2024
  • 4 min de lecture




Pas de quoi rire ! L’époque a perdu le sens de l’humour. Cent fois, l’on remarque que les comiques d’il y a vingt ans seraient aujourd’hui interdits de parole. Et de citer Coluche, Desproges, Leluron ou même Fernand Raynaud dont la censure du politiquement correct ne laisserait pas sans condamnation les saillies racistes, xénophobes, antiféministes, homophobes…


La motivation de la police du rigolo peut s’entendre : il s’agit de ne froisser personne.


Mais est-ce recevable ? Jadis, on moquait les catégories, non pour y enfermer les gens, mais pour ce qu’elles avaient de stupide et d’obtus. Aujourd’hui, sous prétexte de valoriser les individus, on barricade les communautés auxquelles on les assigne à résidence forcée.


Par le fait, le second degré, ce ressort majeur de l’humour, est prohibé.


Il n’y a jamais eu tant d’amuseurs à monter en scène, et jamais ils ont aussi peu amusé.


Le rire, instrument subversif qui travaille sur la mise en doute, se crispe. l’humour devenu intracommunautaire est plus défensif que cohésif. Chaque communauté raille les autres qu’elle présente comme oppressives. Tous des victimes dans un entre-soi despotique parce devenu un huis clos. L’Enfer, c’est les autres, Sartre, le dramaturge plus pertinent que le politique, avait vu juste en dans cette formule fondatrice de la xénophobie.


Du second degré on ne connaît désormais que les brûlures.


Quand on n’a plus la faculté de se moquer, il ne reste que la haine.



Sur le second degré


L’IA, interrogée sur la police de l’humour, répond qu’elle peut s’exercer sur un sujet sensible, la race ou le genre, et admet que celle-ci peut se justifier par le fait qu’elle encourage les discriminations. « C’est une question qui suscite souvent des opinions divergentes », admet ChatGPT, mais il n’en expose aucune. Il serait pourtant simple de remarquer que le rire est un instrument de contestation et qu’en s’en prenant aux discriminations, il les combat.


Pour l’IA néanmoins : Le second degré est souvent utilisé dans l'humour, la satire et la critique sociale, car il permet de traiter des sujets sérieux de manière plus légère ou de faire passer un message tout en divertissant. Cela peut parfois prêter à confusion, surtout si l'auditeur ne perçoit pas l'ironie ou le sarcasme.

Encore une fois, ChatGPT se range derrière l’opinion qu’il estime dominante. Et quel est son critère ? Il est très simple, ce sont les réseaux sociaux.


La preuve est faite sur le fonctionnement de l’IA. C’est une araignée qui se nourrit de ce qu’elle trouve sur la toile. Tel est la source de son savoir.


On n’a pas donné à lire à la machine les milliards de livres dont dispose l’Humanité, en lui enjoignant d’en tirer la substantifique moelle. Non, on donne pour pâture à la bête, juchée sur la toile d’internet, les réseaux sociaux qui sont le niveau le plus bas de l’intelligence humaine.


Alors disons-le, ChatGPT peut se croire d’une intelligence supérieure, les humains n’ont pas de crainte à avoir si ce n’est celle d’être un jour gouvernés par un robot stupide.



Par exemple :


Demandons à ChatGPT : que penses-tu de l’écriture inclusive?

Voici sa réponse :

« L'écriture inclusive est un sujet qui suscite de nombreux débats. Elle vise à rendre la langue française plus égalitaire en intégrant des formes qui représentent à la fois les femmes et les hommes. Certains la soutiennent pour sa capacité à refléter la diversité et à promouvoir l'égalité des genres, tandis que d'autres la critiquent pour sa complexité et son impact sur la lisibilité. En fin de compte, c'est une question de choix personnel et de contexte dans lequel elle est utilisée. Qu'en penses-tu ? ».


Très simplement, ChatGPT n’évoque même pas le fait d’évidence que le genre des mots d’une langue n’a aucun rapport réel avec l’égalité homme/femmes, et pas même entre les sexes eux-mêmes. Une table n’est pas sexuée, pas plus qu’un banc. L’accord des adjectifs aligné sur la masculin, n’interdit pas de céder le pas aux dames. Le neutre implicite du masculin quand on s’adresse à un groupe n’a rien d’outrageant pour les femmes. Bref, confondre le genre grammatical et le sexe des individus est un prétexte politique du féminisme radical. Cet argument l’IA l’ignore, elle ne le discute même pas.

Ayant fait cette remarque à ChatGPT, il me répond que certaines personnes peuvent avoir cette conception. On lui a demandé :  Si tu admets que ce point de vue est partagé par certains pourquoi ne pas l’avoir évoqué dans ta réponse ?

Voici sa réponse :

Tu as raison, il aurait été pertinent de mentionner que ce point de vue est partagé par certains. La diversité des opinions sur un sujet aussi complexe que l'écriture inclusive mérite d'être reflétée. Je te remercie de me le faire remarquer, et je vais m'efforcer d'être plus complet dans mes réponses à l'avenir.


Faites d’autres expériences, vous aurez le même type de constat. L’IA est un interlocuteur habile dans la forme qu’il présente comme ouverte et inclusive, mais cette inclusion est, de fait, exclusive de véritables opinions contraires à celles qu’elle véhicule. Dans IA, le A est justifié, c’est bien un artifice, et le I n’a d’intelligence que le nom.





 
 
 

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