La reconquête
- André Touboul
- 5 oct. 2020
- 4 min de lecture

Emmanuel Macron a déçu ; ceux qui prévoyaient qu’il reculerait devant la désignation de l’ennemi, l’islamisme ; et ceux qui prédisaient un discours obscur, alambiqué et embarrassé sur la laïcité. Il a déçu aussi ceux qui espéraient une prestation du genre de celle de Charles Martel dans la région de Poitiers. Toutes ces attentes ont été prises à contrepied.
Ici ou là on ne peut s’empêcher de faire la fine bouche, évoquant la difficulté d’aller de la coupe aux lèvres ou plus précisément de la parole aux actes.
Mais chacun doit le reconnaître, enfin un Président ose regarder la réalité en face, et va plus loin que des allusions timides au « kärcher » ou « aux odeurs ».
Cette fois le verbe est précis, il pointe une menace et désigne un ennemi. Il a eu d’ores et déjà un effet majeur. La parole est désormais libre. Aborder la menace islamiste n’est plus un tabou, ce n’est plus « faire le lit du Front National ». Les langues se délient.
C’était, hier soir, un réel soulagement de voir la mine des anti-France que les médias les plus conventionnels présentaient enfin pour ce qu’ils sont. Une certaine gauche qui déshonore ses valeurs. Avec Plenel, au sourire haineux, qui par anti-judaïsme et intérêt financier se fait propagandiste des thèses de Tarik Ramadan. Avec aussi les politiques qui pactisent avec les malfrats, ennemis de la République dévoyeurs de la religion musulmane, pour « acheter » la paix sociale, et surtout pour racoler un électorat qui dans le fond les méprise.
C’est à une véritable reconquête que Macron invite le pays. Le territoire d’abord de l’école. Puis celui des services publics et, point capital, des entreprises délégatrices ; ceci permettra sans doute aux autres, celles du privé de revendiquer, elles aussi, ce droit à se défendre.
Nommer, pour ne pas amalgamer. Enfin, on a compris que la désignation de l’ennemi islamiste et le combat contre ses pratiques distinctives, était d’abord défendre les français musulmans, et les protéger contre une exclusion globale. En effet, si l’on ne précise j’aimais ce qu’est l’Islam politique qui veut substituer la charia à la démocratie, par de petits pas (voile, menus halal à l’école, séparation des filles à la piscine et aux sports, école à la maison...), ce sont d’autres éléments non pertinents qui sont retenus ; tels les noms et prénoms qui deviennent des présomptions de séparatisme, dans une population globale qui ne se sent pas protégée.
Vainement, l’on invoquerait les traditions chrétiennes pour justifier ces « traditions » nouvelles, car les catholiques ne sont plus depuis longtemps une menace pour la République. La paix entre l’Etat et cette religion a coûté bien trop de sang et de larmes pour que les Français aient envie de se soumettre à une autre théocratie.
Il serait naïf de croire qu’un discours ou même une loi pourra reconquérir les espaces culturels perdus. Il y a une génération contaminée pour laquelle rien n’y fera. Mais le pire aurait été de différer encore le combat pour une France réconciliée avec elle-même et tranquille dans ses valeurs. Là est le vrai champ de bataille contre les terrorismes du couteau de cuisine, et son corollaire le sentiment d’insécurité qui emporte toute raison.
Encore fallait-il éviter le sempiternel couplet des promesses d’en faire plus pour les banlieues. On connait la chanson : on n’en fait pas assez pour les quartiers, autrement dit et pour ne pas le dire : les musulmans des cités. Tel est le leitmotiv de la gauche bien-pensante (ou qui se croit telle) qui tient à afficher une bonne conscience à compte d’autrui. Ces donneurs de leçon se trompent lourdement, on n’achète pas le patriotisme avec de l’argent. Au contraire, leurs discours de victimisation justifient la rancœur de ceux qu’ils disent injustement traités.
Il était temps de rappeler que ce qui n’est pas négociable, c’est le respect de la loi, et que la loi doit défendre la République quand elle est menacée.
Déjà on brandit la menace du Conseil Constitutionnel et des grands principes de liberté. Il est possible, en effet, que cette institution estime opportun de contrer le courage présidentiel. Elle devrait s’en abstenir pour deux raisons. La première serait que ce collège de sages y prendrait largement le crédit qu’il a su capitaliser dans l’opinion au cours du temps. La seconde, et la plus importante, est que la liberté n’est pas la licence. Elle s’arrête là où elle porte préjudice à autrui et aux intérêts collectifs essentiels. Or, il n’est pas contestable que prétendre substituer, même en partie ou pour une part de la population, la charia à la loi républicaine est inacceptable.
Que l’on cesse d’invoquer la liberté individuelle et l’égalité de traitement des cultures pour ne pas réagir, car le droit sait fort bien être inégalitaire quand il s’agit de protéger, par exemple, le salarié face à l’employeur. Il ne doit pas avoir plus d’état d’âme pour défendre la société française de ses agresseurs. Ainsi la désignation de l’ennemi est une étape juridique essentielle dans le retour de la France à elle-même pour un futur apaisé.
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