La République est une et indivisible
- André Touboul
- 17 nov. 2020
- 4 min de lecture

A propos des caricatures de Charlie, on oublie trop souvent de dire qui est l’agresseur. Les caricatures n'étaient pas gratuites, elles étaient une réponse au terrorisme islamique. Une réplique au demeurant assez bonhomme.
Il vaut sans doute mieux une caricature ridiculisant les faux adorateurs de Mahomet, ou plus précisément le faux Mahomet que les tueurs adorent, que les insanités anti-musulmanes qui circulent sur le net, qui, encore une fois, n’est pas aussi net qu’il devrait.
La question de la liberté d’expression qui a été propulsée au premier plan était en réalité seconde.
Les leçons de morale que de beaux esprits d’Outre-Atlantique nous adressent en fustigeant la laïcité française sont pitoyables. Ils ont enfanté Trump, et ne seront pas débarrassés du trumpisme par le départ du Président battu. Ils ont créé une société racialisée à outrance. il n'y a rien de cela chez-nous. La laïcité française les place devant l’échec de leur modèle communautariste.
La conception américaine de la liberté de penser enferme chacun dans son milieu d’origine, elle est antithétique de la liberté individuelle. En cela, la pensée correcte des anglo-saxons par ailleurs profondément individualiste se contredit.
L’origine de ce communautarisme se trouve en Grande Bretagne. Dans ce pays cohabitent des nations, les Anglais, Galois, Écossais, Irlandais, et s’y sont joints des immigrants, les Indiens, Pakistanais, Jamaïcains, venus de l’Empire. L’histoire du Royaume Uni est la conséquence d’une conquête à la suite de laquelle les Anglais, héritiers des Normands, ont soumis les autres nations. La conviction de la supériorité anglaise a permis de faire tenir une société hiérarchisée dans l’Empire, où le mépris de la communauté inférieure tenait lieu de tolérance.
Les Nord-Américains sont marqués par cette conception où les européens blancs professent un communautarisme dont ils espèrent qu’il assurera leur prééminence. La démographie est en passe de leur donner un cinglant démenti. Le verrou communautaire se referme sur eux. Désormais les suprémacistes blancs sont mis en accusation dans un pays qui se voulait civilisateur de la planète et qui aujourd'hui se recroqueville sur ses propres démons.
Chez-nous, rien de tel. Depuis la Révolution, nous savons que, pour faire Nation, on doit être indivisibles. La République est une et indivisible, ce principe l’illustre parfaitement. La laïcité n’en est que le corolaire. L’Etat est le gardien de la liberté de penser et de culte, et son devoir est de veiller à ce qu’aucune religion, aucune faction ne s’en prenne aux libertés publiques.
Dans ce qui est le faux débat sur la laïcité, on peut regretter que les intellectuels français soient inaudibles. Il faut dire qu’ils ont trop longtemps entonné les rengaines victimaires pour changer aujourd’hui de pied et admettre qu’une minorité dans une minorité puisse mettre en danger le corps social tout entier.
Ceux qui font profession de gagner leur pain à la lueur de leurs fronts se sont cornerisés dans une posture repentante de décolonialistes qui ne correspond en rien à la société française actuelle qui malgré leurs accusations ne se sent ni raciste, ni colonialiste. Incapables de penser par eux-mêmes, ces apprentis moralistes n’ont rien à se mettre sous la plume, et ne sont plus que les fossoyeurs d’une gauche qui aurait mérité mieux.
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Tout cela, je te le donnerai
Mère Nature se moque des écologistes obtus qui voient en elle un Paradis perdu. L’Eden n’est pas dans le pré. La nature n’est pas aussi idyllique qu’on le croit dans les villes. C’est un lieu de brutalité. On y tue pour vivre. On s’entre dévore. C’est le lieu où la chaîne alimentaire est la plus implacable, les forts mangent les plus faibles qu’eux. La mort subite y est permanente. Les ours ne sont pas en peluche. Les loups sont de vrais carnivores... Les herbivores s’entretuent pour des questions de territoire ou de lignage. Darwin appelait toute cette violence, la lutte pour la vie.
La nature ignore la pitié. Elle ne connaît pas le remord, et ne pratique aucun regret. La nature se contente d’être, elle ne recherche pas le progrès, elle en ignore même la notion. Mère nature a trop d’enfants pour en aimer aucun.
Alors, cessons de vilipender les hommes au nom d’un modèle idéal qui n’existe pas. Louons plutôt la sagesse de l’humain qui a su s’élever au dessus de la sauvagerie naturelle pour créer une espèce dont l’évolution est à la fois unique et magnifique.
Des cavernes à la conquête de l’espace, l’homme s’est montré capable de s’organiser, de se perfectionner, de se cultiver, et de s’améliorer, alors que toutes les autres espèces animales se contentaient de reproduire le même modèle de survie, au mieux en s’adaptant au milieu. Lois de s’offusquer de ce que l’humanité influe sur son environnement et que sa présence change la Terre, on devrait s’en féliciter, car c’est cette capacité de modifier son environnement qui a fait sa réussite.
Bien entendu, cette capacité induit une responsabilité, mais elle est également inhérente à l’être humain qui est apte à voir ce qu’il modifie par sa présence, et par conséquent peut s’en rendre maître.
« Tout cela, je te le donnerai » relate l’ancien Testament. Cette promesse n’a jamais été aussi vérifiée, et pour peu que les hommes continuent, malgré toutes les ornières du chemin, de s’en montrer dignes, l’avenir n’est pas à craindre, mais à espérer. Ce n’est pas en écoutant les marchands de peur et les prédicateurs de cataclysmes que l’humanité poursuivra sa route, c’est en misant sur son intelligence.
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