La stratégie du toréador
- André Touboul
- 7 févr. 2024
- 3 min de lecture

On présente l’insistance des LFI pour participer à l’hommage national, au demeurant tardif, rendu aux Invalides le 7 février, comme une récupération hypocrite. C’est cela, mais par dessus tout une provocation destinée à outrager les familles de victimes et un pied de nez aux 75% de Français qui estimaient que la place de ceux qui considèrent les tueurs du Hamas comme des résistants, n’était pas dans cette cérémonie.
Provoquer, provoquer encore, provoquer toujours, telle est la ligne politique majeure des troupes de JL Mélenchon, et au demeurant la seule. Ils le font à l’Assemblée nationale dont les séances sont transformées en chahut indigne. Ils s’y emploient dans les médias en prenant des positions équivoques ou même scandaleusement odieuses.
Leur souci n’est pas la défense du peuple Palestinien dont ils n’ont cure, ni de s’assurer le vote des Musulmans de France. En effet, il n’est pas acquis que les Français musulmans soient massivement des partisans du Hamas, ce serait leur faire injure de le croire. De plus, ce vote ne pourrait leur assurer une victoire, alors surtout que leurs outrances isolent les Insoumis. Du temps du marxisme on appelait cette méthode de manipulation de l’opinion l’agit-prop.
Il est loin d’en avoir l’élégance, ni l’exigence rituelle, mais JL Mélenchon pratique une stratégie qui rappelle celle du toréador. Cette forme de combat consiste à agiter une cape rouge pour exciter le taureau et profiter de sa charge pour l’occire. Ainsi, le dealer maximo des LFI , saisit la moindre occasion pour provoquer la majorité silencieuse et paisible, non pour la gagner à sa cause, mais pour la précipiter dans les bras de l’extrême droite, laquelle, en ce qui le concerne, commence aux marges de la gauche. Le calcul vicieux est d’exaspérer la bête en agitant un torchon rouge, et pour cela en choisissant la position la plus contraire à l’opinion générale. Il mise sur l’émotion qui saisira ceux que Mitterrand appelait le « peuple de gauche » quand le RN sera sur le point d’accéder au pouvoir par les urnes.
Pour achever de terroriser et de déconsidérer la démocratie, on ne manquera pas de rappeler qu’Hitler a pris le pouvoir par une élection démocratique. Vérité incontestable, mais seulement en partie. En effet, c’est Hindenburg qui en désignant Adolf H comme Chancelier, bien que son parti ne soit pas majoritaire, lui a donné les clés du pays. Les élections qui s’en suivirent n’ont rien eu de démocratique.
Il est significatif que Mélenchon ait souvent appelée de ses vœux une vague populaire qui « déferle » et submerge tout. C’est bien la rue contre les isoloirs qu’il espère.
Dans le chaos et les excès qui en résultent, il compte sur ses capacités de tribun pour s’affirmer en incontournable patron des toutes les gauches des plus révolutionnaires jusqu’aux plus craintifs en passant par les écolos.
Tout concorde dans le calendrier judiciaire pour satisfaire le joueur d’échec Mélenchon. Pour peu que Marine Le Pen soit condamnée pour détournement de fonds publics dans l’affaire des attachés parlementaires, ce qui est inévitable eu égard au jugement rendu à l’encontre des députés Modem. La peine accessoire pour un tel délit est, rappelons-le l’inéligibilité.
Le public retiendra que Bayrou a été relaxé et Le Pen condamnée. Certes, leur situation était différente, le maire de Pau n’avait à répondre que des actes des membres de son parti, n’étant pas lui-même élu européen. Cependant cette subtilité, comme celle des cavaliers législatifs du Conseil constitutionnel, laissera sceptique l’homme de la rue, non sans raison et bon sens. L’indignation n’en sera qu’attisée.
Même déclarée inéligible, bénéficiant du sursis comme les Modem condamnés à un an, Marine Le Pen pourra se présenter aux présidentielles si elle ne fait pas appel. Mais cet épisode fera monter la température.
En l’état du climat social actuel, les élections européennes montreront une montée du RN, qui devrait affoler les moutons de la gauche molle. L’idée de manoeuvre est à l’évidence de rééditer l’opération Nupes, mais cette fois dans la rue pour conjurer l’arrivée au pouvoir des « fascistes et nazis ».
Lénine n’est pas parvenu au pouvoir par l’élection apprend-on dans les écoles où l’on enseigne la lutte des classes, ce qui est vrai. On omet d’y préciser que la Russie étant une monarchie absolue, il suffisait d’une révolution de palais pour s’emparer d’un pouvoir qui n’a été conservé par les Rouge qu’au prix d’une guerre civile.
On dira que Mélenchon rêve et délire, mais quand Macron lui-même perd sa dignité en oubliant de se rendre à la manifestation contre l’antisémitisme, pour selon lui ne pas heurter, et prend ses avis chez les islamistes radicaux, l’honneur de la France est dans le ruisseau. Certains peuvent croire qu’il suffit de se baisser pour le ramasser, et d’autres que la République peut être culbutée sans trop s’en plaindre.
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