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La tentation du billard carambole trois bandes

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 27 août 2021
  • 4 min de lecture




Derechef, la fin du mois d’août arrivant les instituts de sondages, qui sont tous des entreprises de marketing, négociants en influence par ailleurs (vraiment par ailleurs ?), ressortent de leurs cartons le match "Macron vs Le Pen", dont les Français ne veulent pas, mais qu’ils auront quand même… à les en croire.


Bonjour tristesse ! Demain serait donc comme hier, la pandémie n’aurait rien appris à ce cher vieux pays ?



Reprendre l’histoire à fin 2019, comme si les pendules s’étaient arrêtées et reprenaient leur sinistre battement, serait notre lot… inéluctable. Tic ! Les grands envolées de Macron disruptives à souhait. Tac ! Ses réformes réduites à peau de chagrin, sauf quand il s’agit de centraliser encore et toujours plus. Tic ! Les platitudes de Marine Le Pen qui ne surprendrait pas vêtue en « Bécassine garde-barrière ». Tac ! Les filouteries d’un Mélenchon, préposé aux délires d’un gauchisme sous LSD, alors que le PS, qui reste un cadavre à la renverse, n’est plus qu’un nain sous Prozac.



Et la Droite ? La voila bien incapable d’offrir une alternative. La preuve en est que les juges ne se sont pas intéressés à elle. Les optimistes diront que c’est précisément pour échapper aux manœuvres des magistrats que les candidats à la candidature se multiplient. Le PNF, toujours à l’affût, a le tournis. Il ne peut les mettre tous en examen, et s’il en disqualifiait certains, ce serait au bénéfice d’un autre. Les chasseurs connaissent cet effet de groupe, tirer dans le tas est le plus sûr moyen de rester bredouille.


Le Figaro, journal officiel de la Droite, publie à la une, sa brochette de candidats. Zemmour n’y est pas. Il y a pourtant ses habitudes de critique littéraire. Une manière de faire valoir ses idées à l’occasion de celles des autres. Mais, ainsi que l’a observé Robert Ménard, Maire de Béziers, qui dit avoir refusé de lui accorder son parrainage pour la présidentielle, Zemmour est un polémiste, pas un politique.


Wauquiez, est absent pour cause de renoncement, en réserve de la République pour 2027, rendant la perspective d’une primaire assez plate.

Mixed grill. Ciotti, Pécresse, Juvin, Barnier, Bertrand sont sur la photo. Des figurants : Juvin, qui donne l’impression fâcheuse que la covida va encore durer cinq ans. Ciotti, qui semble avoir perdu une nouvelle fois l’occasion de se taire, et déjà le regretter.


Plus sérieuse est la candidature de Valérie Pécresse. Seule énarque du lot, qui aurait sur Macron l’avantage (?) d’être une femme et ferait une Présidente moins Tik Tok. Mais les Français ne seront pas emballés par la représentante d’une Administration qui a montré sa toxicité durant la pandémie, et tout au long du quinquennat Macron, sa capacité à s’opposer à toute réforme qui menacerait ses intérêts.


Xavier Bertrand ou Michel Barnier ? Deux profils rassurants. Le premier, patron des Hauts de France, mais transparent dans le reste du pays et qui s’est placé hors LR. L’attitude est gaullienne, certes, mais n’est pas De Gaulle qui veut. Le Général se voulait au-dessus des partis, Bertrand n’est qu’à côté. Valérie Pécresse a su en acceptant les primaires revenir dans le rang. Bertrand en les refusant se marginalise. Chaque jour qui passe rend plus difficile au parti de la Droite de le désigner, car ce serait une reconnaissance de son incapacité à générer un leader crédible en son sein. Il y perdrait son âme, en quelque sorte.

Quant à Michel Barnier, il serait le candidat "Pourquoi pas ?", très présentable mais insipide. La campagne pourrait révéler une personnalité plus riche et plus habile que l'on imagine. Cependant Xavier Bertrand s'effacerait-il devant lui ? On peut en douter, mais s'il est évident que cela sera rédhibitoire pour le candidat, il n'en serait pas de-même pour le Parti.


De fait, le train de la présidentielle en cache un autre, celui des législatives. Le dogme en vigueur dans les médias est que l’élection mère de toutes les batailles est celle qui décide du Président. Les législatives n’en seraient, depuis l’institution du quinquennat, surtout, que la simple conséquence. Mais il se pourrait que cette vérité soit inversée, en raison du fait que rien ne garantit que Macron réélu obtiendrait une majorité à l’Assemblée Nationale. Tout semble annoncer le contraire. Les Marcheurs à qui l'on a fait crédit en 2017 ont perdu toutes les élections et la théorie des députés néophytes s'est brisée sur la réalité d'une vie politique sans pitié pour les amateurs.


Ainsi peut naître la tentation du billard carambole trois bandes. Perdre la présidentielle pour mieux gagner les législatives, et prendre Matignon par le Palais Bourbon et non par l’Elysée.

La configuration la plus favorable pour les LR serait une victoire de Macron, qui n’a pas de parti et n’en aura jamais. Et pour cela, rien de mieux qu’un candidat LR contre Bertrand. Michel Barnier, le héros du Brexit, pourrait être sans scandale désigné par Les Républicains, dont il est membre, comme leur « candidat naturel ». Dispersion des voix de Droite assurée pour la présidentielle, mais retour de l'électorat à la maison pour les législatives.


Ainsi, la logique des sièges pourrait s’imposer face à celle de la conquête du trône. Après une législative où il n’aura pas de majorité, Macron serait contraint à une cohabitation. Une forme d’alternance douce qui ne déplairait pas aux Français.


La seule faiblesse de cette stratégie est que les calculs électoraux les plus finauds se retournent toujours contre ceux qui les concoctent. Sans doute parce que le corps électoral les renifle de loin, et abhorre la politique quand elle est le fait de ceux qui pensent d’abord à leur casse-croûte. Mais surtout par le fait qu'au jeu de l'arnaque, le plus doué est certainement Emmanuel Macron.


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