La tyrannie de la peur, rouage majeur de la Machine infernale
- André Touboul
- 7 déc. 2020
- 5 min de lecture

Quels abus, quelles perversions, quels dérèglements de la raison ont pu conduire les esprits paisibles que sont d'ordinaire les Français, à se déchaîner contre les Princes qui les gouvernent ?
A régner par la peur en usant et abusant de la police, usée jusqu’à la corde, exaspérée jusqu’à la brutalité, et la grève, ces Altesses aux titres ronflants qui méprisent le commun peuple ont offensé l’homme de la rue. Ce homme qui aura fait du quinquennat Macron celui des vitrines brisées et des samedis de colère. Bien entendu, on sait que les violences sont le fait de professionnels du désordre, et parfois de quelques égarés qui les suivent, mais les fauteurs de trouble ne pourraient rien sans la sourde colère qui étreint le peuple de France, et sans les manifestants sincères qui protestent en toute innocence. Les Black Blocks ne peuvent agir que sous couvert d’un cortège, à l’abri d’un mécontentement, ils sont une expression excessive, mais significative d’une impuissance populaire qui, si elle ne les justifie pas, les explique.
La crise sanitaire de la Covid-19 aura été le révélateur d’une méthode de gouvernement bureaucratique, qui se méfie des administrés, et ne connaît qu’une voie d’action : la contrainte.
Il ne faut pas s’en étonner, car le Bureaucrate livré à lui-même ne dispose d’aucun autre guide que l'oukase. Il n’a aucune idéologie pour boussole, aucune vision de l’humain, ni du citoyen qu’il prend pour un sujet, si ce n’est un objet. Quand il parait se soucier de ses souffrances, c’est par un calcul froid et glacé, par la crainte de se voir fait procès en inhumanité. Car l'humanisme est une religion qu’il ne connaît pas, qu’il n’a jamais apprise dans ses écoles. Ainsi c’est la peur qui gouverne, la conseillère des faibles et des irrésolus.
Que ce soit la Gauche ou la Droite, il y a pour fondement une conception de l’humain qui sous-tend l’action. Toujours, c’est la réalisation de l’individu dans la société qui est le but. Les voies et moyens sont différents, mais telle est la justification ultime de toute action.
Le Bureaucrate n'a pas de fond, il administre sans avoir de projet humain. Son seul souci est le fonctionnement de la machine bureaucratique. Son bon rendement, sa pérennité, sa nécessité inscrite dans le marbre d'une éternité implacable, sont ses alpha et oméga. L'empathie est pour lui un danger de ce qu'il nomme dysfonctionnement. Dès lors, quand il traite des affaires humaines, trop humaines, il n’est mu que par la peur. La peur de ne pas être obéi, celle d’être désavoué. Il ne s’exprime que par des chiffres, des courbes, des indices, le vécu compte pour un élément négatif dans ses réflexions.
Là où les idéologies verraient une opportunité de dépasser la condition humaine par l'épreuve que l'on surmonte ensemble, le Bureaucrate examine les courbes réfractaires à ses désirs. Quelle que soit sa culture personnelle, la Machine administrative prévaut, et il perd de vue que la réification de l’homme est ce que l’on peut appeler le mal absolu.
Quand les philosophes, et quelques esprits libres s’accordent à dire qu’il faut penser à la qualité de la vie, le Bureaucrate les traite d’inconséquents, voire de criminels, car ses statistiques sont là, il les brandit comme une hache. Alors silence dans les rangs !
Le pire des sorts que l’on peut infliger à l’être humain est d’être son propre geôlier. En obligeant les Français à la réclusion, le pouvoir n’a rien fait de mal, en les forçant à s’auto-certifier pour avoir droit, comme de vulgaires prisonniers à leur promenade journalière, il a insulté un peuple épris de liberté individuelle. Il s’en est fait un ennemi définitif. Aucune câlinerie, aucune allocation nouvelle ne pourra effacer l’outrage.
Les technocrates arrivés au pouvoir en 2017, après une lente ascension dans l’ombre, ont montré la limite d’un gouvernement sans âme. Vainement, ils donneront en justification l’exemple de ce qui se fait à l’étranger, ce qui restera, ce seront les mensonges sur les masques, les interdictions de soigner faites aux médecins de ville, le fiasco sur les tests, et la couardise sur les vaccins.
Le gouvernement des pleutres produit toujours les mêmes effets désastreux. Il est une tyrannie de la peur, qu’il inflige et qui tout autant l’inspire. Car la peur n'évite pas le danger, elle le précipite.
Nul besoin de crier au complot, il suffit de constater l’incompétence née d’une totale irresponsabilité, immunité cultivée durant des décennies. Mais le dogme d’une infaillibilité administrative, découlant de la pseudo-religion du Service public, détournée à leur unique profit, est désormais dépassé. Pulvérisé par l’épreuve de vérité de la crise sanitaire. Les Roitelets sont nus, Covid les a déshabillés.
“Il n’y a plus personne, ni dans la famille, ni à l’école, ni à l’Église, ni dans l’État pour proposer des normes communes et orienter les intelligences et les énergies vers des objectifs communs,” écrit Jaques Juillard dans un article décliniste mais lucide dans Le Figaro du 7 décembre 2020. Il ne voit pas, hélas, que la cause de ce vide est dans l’exercice du pouvoir par une meute sans foi ni loi, ou plutôt sans autre foi que sa propre loi, imposée par la force. Une élite qui a trucidé toutes les autres, et en particulier toutes celles qui pourraient perturber sa quiétude administrative toute entière consacrée à l'obéissance du peuple.
“Le tissu social est de nouveau segmenté comme au temps de l’Ancien régime, analyse Guillaume Bigot, mais l’aristocratie contemporaine a renoncé à ses responsabilités, et le Tiers État, conspué par le clergé médiatique, est trop fracturé pour former un corps social homogène”, écrit Guillaume Bigot directeur général d’une école supérieure de commerce, éditorialiste, volontiers provocateur sur CNews, auteur de La Populophobie, le gouvernement de l’élite, par l’élite et pour l’élite (Plon), paru le 20 octobre 2020, un titre au diapason de La trahison des invisibles, sinon en écho à notre ouvrage distribué en Juin dernier à la Presse, qui faisait suite aux Cinq Mille, Fortune et Faillite de l'élite française, de 2014.
Ceux qui vivent par l’épée, périront par l’épée, écrivit Eschyle, repris par le Christ, selon Mathieu. Ceux qui ont gouverné par la peur, ont été dominés et perdus par elle. Car la peur est leur seule croyance. Peur de perdre leurs avantages, peur de se voir mis en accusation. Ils mendieront la confiance sans l’obtenir, car eux-mêmes ne l’éprouvent pas. La peur marquera leurs pas, elle les accompagnera dans leur lente, mais inexorable sortie de l'Histoire. En 2022, la question sera : encore cinq ans de bureaucratie, encore vingt saisons en enfer ? Le choix de l’électeur sera clair.
La France aura toujours besoin d’une Administration, mais qui obéisse au peuple et à ses représentants, et non plus qui les tyrannise, en détournant le service public à son profit.
*
Comments