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Le Budget des Barjots




La méthode Barnier, qui a rendu fous les Britanniques lors de la négociation du Brexit, consiste à suivre le menteur jusqu’à la porte de sa maison.  Les Députés de l’opposition, on n’en attendait pas moins de leur part pour ceux de gauche, mais aussi du fragile et fissuré bloc majoritaire, se sont lancés dans une frénésie fiscale, digne de la foire à la saucisse et au jambon de Chatou. Le Premier ministre n’a pas pris la peine de monter dans les tours à chaque proposition démagogique. Il a fait mine d’être ouvert à tout, mais cela voulait dire qu’il ne retiendrait rien. Le texte  dans sa version initiale ira donc au Sénat, où le travail sérieux va commencer.


Dans sa deuxième phase, le plan Barnier consistera à mécontenter tout le monde pour que personne ne se sente oublié. Cette justice distributive n’interdira pas de petits gestes, mais sur le fond personne ne sera épargné. Des efforts pour tous. Michel Barnier sait que s’il en est autrement, il décevra. Les marchés d’abord seront inquiets. Mais les Français de chaque catégorie sociale qui sont préparés au pire, ne comprendront pas qu’on ne leur demande rien.


« De l’audace, toujours de l’audace, encore de l’audace », s’écriait Danton, quand la patrie était en danger. Le Budget du gouvernement Barnier devra être celui des Barjots.


Le terme « barjot » vient du nom de l’amiral Pierre Barjot, qui s’illustra par un coup d’audace insensée dans l’opération  franco-britannique de Suez en 1956. C’est, sans doute, pourquoi les Barjots fut le surnom de le talentueuse Équipe de France masculine de handball entre 1993 et 1996, championne du monde en 1995.


On espère de le Budget des Barjots fera honneur à ces références et ne nous renverra pas au verlan de « jobard », qui désigne le simple d’esprit, crédule ou niais.


La situation est dramatique, non que les troupes russes se massent aux frontières de la France ou risquent de le faire dans un avenir prochain, mais les Français sont prévenus : la fête est finie. L’Etat-nounou, qui répare tous les bobos, étant parvenu aux extrêmes limites de la redistribution, en était venu à emprunter à tout va sur les marchés financiers et par là même à reporter sur les générations futures les efforts dont il protégeait la population.


Cet Etat imprévoyant et impécunieux, cet Etat cigale voit la bise venir et les fourmis spéculatrices des marchés se frotter les mains, en prévision des gains à réaliser sur la Dette publique française.


Emmanuel Macron a fait reculer le chômage de masse, voici ce mal absolu qui revient avec des plans de licenciement que l’on annonce de grande ampleur. Il voulait ré-industrialiser, c’est la débandade industrielle. Il demandait aux Français de travailler plus, ils le lui ont refusé. On comprend bien pourquoi le Président s’est réfugié dans l’international, domaine dit réservé, où il peut pérorer à sa guise. Les Français ne sont pas dupes de cette défausse couarde : la popularité d’Emmanuel Macron est en chute libre.


De Gaulle disait « c’est moi, ou le chaos ! », avec Macron, c’est lui et le chaos, une version bien à lui du « en même temps ». En effet, l’Assemblée Nationale donne le spectacle d’un pays représenté par des délirants dont la seule différence se situe dans le degré de nuisance.


Si, dans  ce contexte, Michel Barnier ne demandait pas aux Français de réels efforts et des sacrifices douloureux, ceux-ci seront fondés à avoir vraiment peur.


L’erreur fatale qui se précise est celle de la maladresse fiscale. Pour une poignée de figues à manger tout de suite, le Gouvernement va inciter les grandes entreprises qui déjà travaillent à l’étranger, à faire des choix au détriment de la France. Pis encore, les entreprises qui n’œuvrent qu’en France vont perdre en compétitivité, quand les autres pays, partout dans le monde, soutiennent leur économie productive.


Michel Barnier, l’intrépide, n’a pas de majorité, cette faiblesse est en fait une chance, il n’a pas à la ménager, et cela lui libère les mains. Malheur à nous, s’il n’en profite pas pour rompre avec les vieux réflexes de Bercy qui ne sait qu’empiler taxe sur taxe. Il ne dispose pas d’un cost killer, tel qu’Elon Musk, mais il pourrait avec le soutien de l’opinion publique sabrer dans le millier d’agences, comités et autres institutions où se planquent les privilégiés du régime.


Ce Budget 2025, et en particulier sa partie dépenses à restreindre, est la dernière chance de sauver le modèle social français auquel on dit que nos compatriotes sont si attachés. L’Etat doit montrer sans complexe qu’il a des oursins dans les poches, et non user du frein fiscal pour se les remplir, car, si le peu qui reste de l’élan économique est brisé, adieu la sécurité sociale et la redistribution.

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