Le manche du parapluie
- André Touboul
- 28 janv. 2023
- 2 min de lecture

Les Allemands qui croient que les Etats-Unis répondraient à une attaque conventionnelle de la Russie sur les pays européens de l’OTAN, se font des illusions. Il est même vraisemblable qu’ils hésiteraient au cas d’usage par Moscou de l’arme atomique. Le parapluie américain est comme celui du banquier qui vous l’offre par beau temps, mais le reprend dès qu’il pleut. Tout ce qui compte dans le parapluie est de savoir qui tient le manche.
Dans son roman La somme de toutes les peurs, Tom Clancy, montre que ce qui est déterminant dans l’emploi du feu nucléaire est la certitude de la menace vitale. On peut douter que des missiles atomiques russes sur la Pologne ou l’Allemagne seraient considérés comme un risque existentiel pour l’Amérique.
Face à cette menace, les pays non détenteurs de l’arme atomique, ne peuvent rien. Sauf à se doter d’une arme de destruction massive tout aussi terrifiante, celles de nature biochimique. C’est probablement ce qui séduira l’Allemagne quand elle aura compris qu’elle n’est protégée de l’expansionnisme russe que par la difficulté d’emploi des mégatonnes.
Reste la possibilité d’un conflit classique de haute intensité. C’est apparemment pour répondre à cette hypothèse que l’investissement de 200 milliards d’euros germanique a été décidé. La limite de ce type d’armement est qu’il ne permet pas de véritable victoire, qui implique de pénétrer sur le territoire ennemi, dès lors que cela entraînerait une riposte nucléaire.
Le monde tel qu’il est devenu, où les dividendes de la paix se transforment en tribut de la guerre, obligera l’Allemagne et la France à mettre, tôt ou tard la dissuasion nucléaire en commun. Seule une défaite rapide et sans nuance de la Russie de Poutine pourrait remettre en cause cette évidence.
Pour l’heure, les sociaux démocrates allemands sont pris dans un dilemme. Ils espèrent que le conflit sera court et que les relations économiques avec la Russie pourront reprendre, mais ils ne veulent rien faire pour en hâter la fin, de crainte de se fâcher définitivement avec les Russes. Ils ne parviennent pas à se convaincre que la seule issue positive pour toutes les parties, y compris les Russes, est le départ de Poutine et la chute de son régime mafieux. Cela ne se produira qu’ensuite d’une défaite militaire.
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