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Le règne éphémère des Vigilants





Science fiction ? Dans une version uchronique de l’histoire humaine, notre Monde fut livré à une secte de furieux appelés les Vigilants, selon le nom qu’ils s’étaient eux-mêmes choisi, après avoir été tentés par celui des « Vindicatifs », qui les décrivait aussi très bien.


Déterminés à faire régner leur ordre comme un impératif moral revenchard, ils étaient déterminés à s’emparer des esprits de la population de tous les pays de par le Monde, n’en exceptant que ceux où l’autocratie faisait obstacle à leur conquête.


La première étape de ce que l’on peut désigner comme une obnubilation générale consista à réécrire l’histoire. Suivant en cela, les usages et méthodes de l’ex-URSS, ils entreprirent de la raconter à l’envers, faisant des victoires des défaites et des glorieux empires des entreprises criminelles. A rebours ! Était leur cri de ralliement.


Poursuivant la destruction marxiste de la société bourgeoise, ils retournèrent contre la civilisation occidentale tous ses principes, toutes ses avancées, tous ses progrès humains, laissant prévoir la chute  des démocraties qu’elle avait enfantées.


Longue suite de méfaits, l’Histoire revue et corrigée par les Vigilants exigeait que l’on se consacre désormais en constantes et pieuses repentances officielles. Les mea-culpa étaient un travail obligatoire de mémoire supposé fortifier une société sommée de se reconnaître haïssable. En réalité, cet exercice de la contrition avait pour but, et pour effet, de saper les forces morales de la société libre.


Selon un plan implacable, les Vigilants mirent aussi en accusation les grandes figures du passé. Il ne s’agissait pas d’une quête de vérité, mais d’une stratégie de destruction des repères. En effet, les choses étant ce qu’elles sont et les hommes ce que nous savons, les plus glorieux avaient eu des heures sombres. Avant les Vigilants, on croyait leur rendre homage en référence à leurs hauts faits et non, évidement, à leurs faiblesses ou leurs fautes. Sous prétexte de vérité historique les Vigilants exigèrent la lacération de leurs portraits et le déboulonnage de leurs statues. Bref, tous les grands hommes devaient être voués aux gémonies.


Ainsi barbouillé de sang et d’ignominie, le roman national de chaque pays est devenu illisible. Tel était l’objectif des Vigilants qui prônaient l’abolition des frontières. En fait, seules les frontières du Monde civilisé étaient destinés à tomber. Dans les autres parties du Monde, les Vigilants ne voyaient rien à redire, ni dans leur passé, ni dans leur présent aussi peu démocratique que possible. Exigeants sur la morale ici, les Vigilants voulaient ignorer que l’on bafouait ailleurs tous les droits humains.


Une autre étape de l’asservissement des peuples, jadis libres, avait été celle de l’interdiction de toute opinion contraire à la leur. Sans coup férir, les Vigilants prirent possession des universités et des écoles.


Bien entendu, maîtres des médias, les Vigilants y imposèrent leur pensée correcte. Tout autre information ou commentaire étant qualifié de fake news, vérité alternative, ou mensonge, voire une manifestation de fascisme.


À des fins d’intimidation, les Vigilants incitaient à des pogroms, non seulement pour la joie sadique de faire le mal pour le mal, mais surtout pour que le gros de la population se sente soulagée de ne pas être concernée. Ainsi souillés, les esprits des spectateurs qui laissaient faire, devenaient une proie facile à intimider et asservir. Cette technique d’avilissement avait montré son efficacité sous l’Allemagne nazie. Les Vigilants, pragmatiques, n’avaient aucune prévention quand aux méthodes.


La doctrine de la Vigilance pointait du doigt le patriarcat et ses suppôts, les mâles blancs coupables d’opprimer, étant des oppresseurs par nature, ainsi qu’en témoignaient des millénaires d’injustice.


La défense de minorités était une pratique commode, car il était aisé de parler pour elles, aucune n‘étant en mesure de dominer les autres, donc de s’exprimer par elle-même. Les Vigilants régnaient jalousement sur cette intersection des luttes.  Parmi les minorités captives, les islamistes, les féministes, les homosexuels, les transsexuels et autres LGTB ++ , tous pèle-mêle véritable bétail des Vigilants, tels des pucerons que les fourmis vont traire.


Ce Monde, de nulle part et jamais, était totalitaire. Car pour les Vigilants, tout était politique et rien ne devait échapper à leur contrôle. Pas une pensée, un mot, ou même un rêve qui ne soit soumis au conformateur idéologique de la vérité unique.


Au nom de la Justice, les Vigilants rétablirent les tribunaux de l’opinion appliquant une seule loi, celle de Lynch. Sans procès, ni défense, la sentence unique était celle de l’excommunication immédiate. On y faisait négoce de la délation. Dans tous ces excès les personnalités en vue étaient vitement exécutées en place publique,


Les plus faciles à dominer étant les intellectuels, sans cesse à la recherche de confort mental, et faciles à effrayer. Là se recrutait la milice vigilante.


Le saviez-vous ? Vigilant est une traduction possible en Français de Woke. Alors l’anticipation des Vigilants n’est-elle pas un roman ? Sont-ils parmi nous ?


Le terme de Vigilant est certainement plus parlant que celui de Woke. Il évoque une police de la pensée qui comme dans le monde orwellien va jusqu’à imposer sa novlangue. Les mots perdent leur sens et deviennent réversibles. Génocide ou fasciste par exemple y deviennent des éléments de langage au mépris de leur signification réelle.

En France, où l’on aime à surréglementer, c’est la langue inclusive, qui réalise le tour de force d’allier la laideur de l’incompréhensible  à l’inversion du sens. Accentuer la différence des genres est, en effet, contradictoire avec l’affirmation de l’égalité que l’on prétend imposer.


A tous les niveaux et sur tous les sujets  nos Vigilants, les Woke, tablent sur l’inversion du sens pour s’emparer des esprits.


Pour condamner le racisme, on définit chacune individu par la race à laquelle il appartient. Au nom de la liberté, on enferme chacun dans une communauté où il est assigné à résidence. On fustige le patriarcat occidental qui est pourtant le seul à s’être remis en question. On vilipende les prétendus islamophobes, sans égard pour le fait que l’islam est le plus ferme ennemi de la liberté des femmes. On célèbre le voile islamique comme une liberté, alors que les Iraniennes  et les Afghanes qui ont perdu jusqu’au droit de parler entre elles,meurent pour s’en affranchir.


Comment être surpris que le règne de cette utopie malfaisante ait été éphémère là où elle a pris naissance. La dictature Woke a été massivement rejetée par le peuple américain qui préféra dans un réflexe relevant de l’instinct de conservation, lors d’une élection historique, s’en remettre aux dérèglements d’un clown libérateur, plutôt que de subir les délires toxiques des Vigilants qui les menaient vers l’abîme.



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