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Le syndrome de Vichy

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 18 mars 2021
  • 5 min de lecture



Pendant la première guerre mondiale la France s’est battue. Pendant la seconde elle a capitulé.

En 14 l’armée n’était pas prête, mais elle a combattu. Avec les moyens du bord. Tous ensemble, l’armée et les privés. Les taxis de la Marne sont restés dans les mémoires. C’étaient des civils, mais leur action de transport des troupes vers le front a sauvé Paris. La lutte a duré quatre ans. Et la victoire fut au bout.

En 40, le premier coup de boutoir des blindés allemands a suffit. Les députés ont appelé Pétain, pas pour constituer la lutte mais pour se rendre. La politique du moindre mal, même au prix du déshonneur a été la marque de Vichy. Le coût en vies humaines a été infiniment moindre que lors du premier conflit, mais sans de Gaulle la France y aurait perdu son âme.


Face à la guerre déclarée par le virus en 2020, le chef de l’Etat a multiplié les déclarations volontaristes, mais l’élite sanitaire et administrative a choisi la capitulation. Tels des généraux d’une drôle de guerre perdue d’avance, ils ont refusé l’affrontement et avançant à reculons, ont été très vite submergés. A chaque étape, c’est la communication et ce sont les apparences qui ont dicté les choix.

A l’ouverture des hostilités, l’Etat Major sanitaire a été confronté au manque de masques. Il les a déclarés inutiles et même nocifs. Il aurait pu en acheter en urgence, mais, enfermé dans son mensonge qui lui interdisait d’invoquer l’urgence, il n’a pas pu ou voulu passer outre ses procédures de marchés publics. Pour les tests, le traçage, les applications de dépistage, les mesures d’isolement des contagieux, la fermeture des frontières, la promotion de la vaccination, tout a été fait à contretemps, avec, comble de la jobardise, l’excuse du respect du principe de précaution et de celui de la liberté individuelle. Les grands mots au lieu des grands remèdes. Alors qu’il fallait être pragmatiques, on s’est montré idéologues.


Protéger l’hôpital, la ligne Maginot contre la Covid-19, et plus particulièrement les lits de réanimation, a été l’obsession de l’exécutif. L’image de morts sur des brancards, comme en Italie, voilà ce qu’il fallait éviter, quoi qu’il en coûte. Dans la suite des nombreux mois et des vagues successives, on aurait pu trouver le temps d’investir d’urgence dans des équipements hospitaliers, il n’en a rien été. On a attendu en espérant que le virus se montrerait clément, un peu comme on espérait en 40 que l’occupant allemand le serait.


On peine à croire que le mépris de la chose logistique soit seul en cause pour expliquer l’inaction de nos gestionnaires. Le responsable profond de cette succession de flops est, en fait, l’esprit capitulard de nos dirigeants.


Ils avaient déjà capitulé devant le chômage de masse, la délocalisation, les modes les plus stupides venues d’Amérique, la morale marxiste, les islamistes radicaux, les féministes outrageuses, les décolonialistes, les zadistes, l’islamo-gauchisme, toutes ces calamités ne menaçaient pas leur quiétude et leurs paraissaient pas nécessiter le moindre effort pour se rebiffer. Et peu leur importait que les Français en pâtissent.

L’élite française se croyant protégée de tout a pris l’habitude de ne pas se battre. Du « pas de vague » à la  »soumission » le chemin est bref, et la pratique s’installe.


L’invasion d’un virus qui ne distingue pas entre les chômeurs et les énarques a pris de court ces derniers.

A chaque étape de la pandémie, nos dirigeants se sont montrés incapables d’initiative. Il ont songé avant tout à se couvrir. En vain, car cela n’a pas empêché les plaintes pénales et les perquisitions chez les ministres, le premier en tête. A Vichy on manquait de courage, à Paris en 2020 on en a pas eu plus.


Les politiques ont tenté de se dissimuler derrière des autorité médicales. Mais il est rapidement apparu que les mandarins censés être des scientifiques étaient incapables de s’entendre sur la science. Et la cacophonie des experts s’est installée.


Le gouvernement s’est ensuite défaussé sur l’Europe pour la politique de commandes de vaccins, alors que la santé n’était pas au nombre des prérogatives communautaires. Au vu du fiasco de la commande publique de masques, c’était prudence. L’idée était même brillante, la force de négociation des 27 étant supérieure à celle de chacun. Mais c’était oublier que les vaccins seraient d’abord servis par les fabricants aux pays dont les découvreurs étaient originaires. Au lieu de monter au front, nos énarques sont restés l’arme à la bretelle. La machine européenne livrée à elle-même a fait des erreurs, mais la lenteur des arrivées de doses a été surpassée par les retards dans l’organisation des vaccinations.

Ayant négligé le privé et méprisé les médecins de ville lors de la première vague, les associer à la vaccination a été une erreur tragique. En multipliant les points de distribution les dysfonctionnements ont été accrus. Leur adjoindre les pharmaciens n’a rien arrangé. Et l’on est revenu aux vaccinodromes que l’on disait avoir exclus. A chaque fois, les décisions ont été prises en réaction sur un échec politique précédent, pour la communication et non par efficacité. Nous avions besoin de partisans, nous avons eu des déserteurs, seulement soucieux du qu’en dira-t-on.


Eviter les reproches est le seul moteur de toutes les décisions de notre gouvernement vichyssois. Le suivisme s’est encore manifesté lors de la suspension du vaccin Astra Zeneca.


Tout se passe comme si les dirigeants français, administratifs ou sanitaires avaient pris leur parti de se soumettre au virus. On ne dit pas qu’ils collaborent, mais, à l’évidence, ils ne se battent pas. Ils sont la classe méritante, mais ils ont démérité.


L’aristocratie du mérite n’est pas une exclusivité française, elle frappe aussi les Etats-Unis. Michael J.Sandel, professeur à Harvard y dénonce « la tyrannie du mérite », fondée sur le diplôme. Bourdieu, avait montré du doigt la « noblesse du diplôme »  dès les années 80. Avec le professeur américain on peut noter l’arrogance des nouveaux aristocrates qui les coupe de la population ; mais aussi un déficit de capacité. L’école de la rue vaut mieux que celle des bons élèves, en tout cas pour forger le caractère. Or dans des circonstances dramatiques, telles que celles que nous traversons, c’est le tempérament qui fait la différence.


La seule action assumée par nos technocrates pleutres est de confiner. Cette arme moyenâgeuse contre les épidémies permet de rejeter la responsabilité de la propagation du virus sur l’indiscipline bien connue des Français. Confiner, et attendre. Héroïquement, ils attendent le débarquement des vaccins étrangers, mais n’ont même pas l’honneur de faire de la résistance de quelque manière que ce soit. A les voir et les entendre, il n'y a rien d'autre à faire.


Périodiquement Emmanuel Macron remonte les bretelles du Ministre de la santé, et, comme l’on dit dans la marine, procède à l’explication des gravures. Rien ne va comme il veut. Il se fâche tout rouge, et tape du poing sur la table. Mais pourquoi garde-t-il Olivier Véran ? Si c’est un fusible, il a complètement fondu depuis des mois.



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