Les dès sont jetés, le choix des 5000 est fait
- André Touboul
- 25 avr. 2021
- 3 min de lecture

Emmanuel Macron n’est plus le candidat de l’élite d’Etat. Il a franchi une ligne rouge en désignant les énarques comme les nuisibles, car telle était le message de sa décision de supprimer l’ENA, la nouvelle ZAD, Zone à Détruire. Avec tout autant d‘insolence il s’est mis à dos la magistrature, sans compter tout ce que la France compte de sommités médicales fonctionnarisées. Trop c’est trop, les dès sont jetés, la meilleure solution pour que le système qui leur va si bien perdure est que Marine Le Pen succède à Macron.
De cette décision, aussi collective que non concertée, résulte une préparation médiatique significative.
Désormais un représentant, bien peigné, costume bleu, de préférence cravaté, du RN est présent sur chaque plateau. Le langage est pesé, mesuré, calibré. L’objectif de communication est clair. Ce ne sont pas des fous dangereux, mais des gens sensés, voire modérés.
Cette stratégie médiatique est appuyée par une parodie de débat politique. La droite restant allergique aux frontistes, l’on passera par la gauche Pour accréditer l’idée que le front républicain ne jouerait plus et qu’ainsi le fameux plafond de verre aurait disparu.
Montebourg se découvre des convergences souverainistes avec Mme Le Pen.
La Fondation Jean Jaurès travaille sur la dédiabolisation de Le Pen et de rejet de Macron. Curieusement, cet organe, annexe du Parti Socialiste, estime que l’élection de « Mme Danger » viendrait d’électeurs de droite séduits par l’extrême droite, alors qu’il est patent que c’est le petit peuple de gauche qui par bataillons entiers a rejoint le RN.
Pour rassurer les inquiets, on avance que la fille Le Pen n’ayant pas de majorité, elle sera forcée de composer. On avait dit la même chose pour Macron, cela n’empêchera pas les naïfs d’y croire.
Gageons que pour convaincre les prudents inquiétés par la faiblesse de la candidate RN en économie, certains feront, dans les mois qui viennent, courir le bruit que Marine Le Pen sera canalisée par un Etat profond raisonnable. C’était l’argument ultime pour tranquilliser les catastrophés de l’élection de Donald Trump.
Sur ces malentendus l’opération peut réussir.
Ceux qui ont renoncé à revenir au pouvoir tentent de se faire une raison : « L’objectif de Marine Le Pen est de démontrer une capacité à gouverner et à trouver des alliés après une victoire », confie Jérôme Jaffré qui en avançant sur ce terrain le rend crédible.
Le jeu des socialistes, qui n’ont aucune idée à proposer, est que ce qui leur reste d’avenir passe par le maintien des 5000 aux postes clés ; en effet, sur le plan culturel, l’élite d’Etat est acquise au personnel de gauche, chacun y a ses amis. Les uns et les autres perçoivent dans un quinquennat Le Pen la perspective de faire durer encore cinq ans le système qui leur assure la matérielle. Et tant pis, si la morale en souffre un peu.
Certains, partisans de la politique du pire, estiment qu’une cure de populisme leur permettra de faire un retour en force en 2027 ; c’est l’espoir d’une reconquête à la Biden. Le pari est risqué. Les dégâts seront considérables. Mais il n’y a pas d’autre voie pour la gauche.
Pour les membres les plus clairvoyants de l’élite d’Etat, il est impensable que les Français entendent reconduire un pouvoir technocratique dont avec amertume, ils ont subi les outrages d’incompétence lors de la crise sanitaire. Mais il est possible que l’électeur ne voie pas que Marine Le Pen ne fera que prolonger ce système délétère, dont elle ne dispose d’aucune possibilité de substitution, faute de pouvoir s’appuyer sur une élite nouvelle.
Les Français, qui ont la mémoire courte, tomberont peut-être dans le piège. Mais ce sera la dernière étape avant une vraie révolution, avec cette fois des têtes au bout des piques. C’est ce qu’il advient à ceux qui n’ont pas la sagesse de se retirer à temps, et ne préparent pas leur succession.
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