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Les frères ennemis

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 14 août 2024
  • 3 min de lecture





La retraite à 60 ans et le retour de l’ISF sont, comme l’addiction à l’assistanat, les symptômes du même mal : l’illusion que l’on peut vivre aux crochets des autres. L’apprenti démagogue pourra faire fond sur cette pathologie en la déclarant “justice sociale”.  On retrouve sur cette ligne les extrémistes tant de droite que de gauche. Ce n’est pas un hasard. En effet, les aspirants dictateurs utilisent toujours cet argument justicialiste (le terme a même été préempté par le parti de Juan Peron) pour parvenir à leurs fins, c’est-à-dire la conquête du pouvoir.  Quand ils y parviennent, ils s’y installent fermement, et il n’est plus question de le quitter, l’alternance étant un mot dont ils ne voient pas l’utilité. Ils la déclarent même contraire aux intérêts du peuple, dont évidemment, ils sont désormais seuls juges.


Sous leur férule, l’égalité sera préservée, mais dans la soumission. Et c’est la misère qu’ils partagent quand ce n’est pas la guerre.


La guerre est la rétribution qu’ils accordent quand leur Etat est assez puissant pour s’en prendre à ses voisins. Ou bien, ce sera la pauvreté pour tous, l’inflation galopante s’ils peuvent battre monnaie, et la population ne trouvera son salut que dans la fuite. Cet exode sera une bonne nouvelle pour le pouvoir, ce seront des opposants en moins.


Ces principes sont anciens et toujours vérifiés. Aujourd’hui on voit leur mise en application notamment par Poutine et Maduro, chacun à la mesure de leurs moyens.


Quand il vit en Chine, l’autocrate avisé sait accorder une certaine liberté économique pour sortir de la pauvreté, il laisse fleurir les milliardaires pour mettre la population au travail. Mais si l’on commence à parler de la classe moyenne et de ses aspirations, pis si les commandes de l’étranger faiblissent et que l’on évoque d’y suppléer par le marché intérieur, le Parti unique se raidit. La société policée qu’il promettait redevient policière.


Dans la compétition pour s’emparer des commandes de l’Etat, les méthodes entre le  Nouveau Front Populaire et le Rassemblement National sont les mêmes, elles relèvent d’une démagogie d’autant plus efficace qu’elle est grossière. Jacques Chirac disait que les promesses électorales n’engagent que ceux qui les écoutent, il oubliait de préciser qu’elles les conduisent au pire, si par malheur, ils venaient à y croire.


Il est néanmoins exclu que les deux démagogies de droite et de gauche extrêmes se rejoignent pour gouverner. Leurs idéologies sont diamétralement opposées. À gauche, on est dirigiste en économie et libertaire dans les mœurs ; à droite, on est conservateur des valeurs traditionnelles, et  libéral dans les affaires d’argent. Celui des deux qui s’imposera n’aura rien de plus urgent que d’éliminer définitivement l’autre.


Au Pacte germano-soviétique succède inévitablement l’opération Barbarossa. Hitler et Staline étaient frères en dictature, mais ennemis irréductibles.


Si l’on assiste à une sorte de conjonction entre Le Pen et Mélenchon dans les prochaines semaines, par une surenchère de démagogie, les poignards ne tarderont pas à faire connaître leur loi. Peut importe qui sera CaÏn ou Abel, l’un d’eux doit disparaître.


On sous-estime l’importance du vocabulaire dans la vie d’une démocratie. Par exemple, parler de partis de gouvernement et d’opposition est une manière d’accorder un statut démocratique à des opposant à la démocratie. Car, il faut le dire et le répéter, la démagogie est antidémocratique. Le NFP version programme LFI est aussi démagogue que l’est le RN. Ils sont par là des opposants, non à une majorité, au demeurant inexistante, mais à un système politique qui est sans doute le pire qui soit, mais à l’exception de tous les autres.

 
 
 

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