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Les pommes ne tombent jamais très loin de l’arbre

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 1 oct. 2021
  • 3 min de lecture



Si l’argent public est magique, ce n’est pas parce qu’il y apparaît ex nihilo dans les caisses de l’Etat, mais par le fait qu’il y disparaît mystérieusement.


Il y a cinquante ans, la France était un pays où passer son permis de conduire ne coûtait presque rien, bénéficier d’un enseignement supérieur pratiquement gratuit, où les trains arrivaient à l’heure, et les services publics étaient de qualité et accessibles sans bourse délier. Dans cette France-là, avoir ses deux bacs signifiait que l’on avait atteint un bon niveau d’instruction générale, tous n’y parvenaient pas, seulement de 60 à 70% selon les sections. A cette époque, on faisait ses humanités en apprenant le latin et le grec. Les impôts étaient raisonnables, les dépenses publiques représentaient, en 1965, 35% du PIB. Le chômage ? On ne prononçait même pas le mot ; il concernait moins de 5% de la population active. La dette ? Lorsque le général de Gaulle quittait le pouvoir en 1969, la France était endettée à hauteur de 13,5% de son Produit Intérieur Brut.


Aujourd’hui, les services publiques sont en perdition, et il faut payer de plus en plus cher pour y avoir accès. L’enseignement public est si dégradé dans son organisation que les écoles privées, pourtant fort onéreuses, sont les plus recherchées. Tout le monde a le bac, mais il ne vaut plus rien. Pour avoir une chance d’entrer dans les grandes écoles, il faut investir dans des prépas, publiques ou privées, les unes et les autres à prix d’or. Les trains sont en grève ou en retard. Les impôts ont atteint un tel niveau qu’ils freinent l’économie et qu’il est suicidaire de les augmenter. La dépense publique a atteint 56,5% du PIB en 2017. La dette publique atteignait presque 100% du PIB avant la Covid et en 2020 elle a dépassé les 120 %. Le chômage touche plus de 6 millions de personnes, soit 25% de la population active, et bien que le nombre des fonctionnaires ait explosé les missions régaliennes de l’Etat manquent de personnels.


Comment en est-on arrivé là ? La réponse est très simple. Les Français ont confié la gestion de la France à des administrateurs formés dans une école nationale supposée assurer par concours le recrutement des meilleurs. Cette élite a été tellement performante qu’elle a réussi, d’abord en sous-mains à s’imposer aux politiques par sa connaissance des dossiers et sa maitrise des mécanismes de l’Etat , puis après avoir liquidé les partis politiques, elle est parvenue à exercer directement le pouvoir au plus haut niveau. Hélas ces talents n’ont en rien profité aux Français, car leur gestion a été catastrophique. Attila n’aurait pas fait mieux, ni la peste bubonique.

Bien que déplorable, ce modèle de formation de l’élite a été étendu à la sélection des magistrats, avec les dérives que l’on a constaté. La Justice a été de plus en plus déconnectée de la population et les magistrats de moins en moins impartiaux se sont autorisés à s’immiscer dans la vie politique en tordant la loi pour la plier à leurs convictions militantes. Sous le prétexte de promouvoir l’Etat de droit, ils censurent l’exécutif en opportunité, basculant dans le gouvernement des juges. Ce qui n’est guère surprenant puisqu’ils interviennent dans désormais dans les processus électoraux.


Tout va mal, mais on voudrait nous faire croire que personne n’est responsable. Ce serait la faute à pas de chance. On parle de déclin du pays, c’est un fait. Mais personne ne désigne les responsables. A cela rien de surprenant, car ils sont passés maîtres dans l’art de contrôler les médias, et de se fondre dans le décors. Il faut dire que l’Etat a pris une telle place dans le pays que qui tient l’Etat domine la France.

Devant les défis majeurs qui se présentent, continuer à faire confiance à une méritocratie défaillante, qui ne reconnaît même pas ses fautes, serait inconséquent.


La France a un besoin urgent d’une cure de dégagisme, pour s’affranchir des technocrates. Conscient de cette nécessité de libération de la France, Emmanuel Macron annonce la suppression de l’ENA, et des Grands Corps, mais il est loin d’être crédible étant lui-même un pur produit d’un système délétère.


Avant de décider pour qui nous voterons en 2022, vérifions le pédigrée des candidats et éliminons tous ceux qui sont des produits du système qui a mis la France dans un tel état. Il n’y a rien de personnel dans cette démarche, mais comme, on le sait, les pommes ne tombent jamais très loin de l’arbre. Les énarques ont échoué, la sagesse est de choisir des dirigeants non contaminés par une formation très efficace pour eux, mais néfaste pour le pays.


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