Les sept piliers de la sagesse politique
- André Touboul
- 25 avr. 2021
- 8 min de lecture

Le temps macronien de la pensée qui décoiffe ne conduit qu’à la prise de conscience, il ne génère pas par lui-même de solutions pour l ’avenir, car les boités à idées « et de droite et de gauche » sont vides, et les combiner ne peut conduire qu’au néant.
Il est urgent de formuler les principes qui pourraient ou devraient être les 7 piliers de la sagesse politique.
1- Quelle société voulons-nous ? En la matière on ne peut rester dans l'entre deux. Soit la France de demain sera multiculturelle, soit elle sera dans ses racines : chrétiennes, européennes et humanistes. Pour que le multiculturalisme soit soutenable, il doit être universel. il faut exiger la réciprocité des pays et des cultures qui revendiquent le droit de cité, à défaut ce serait être l'objet d'une colonisation. Or pratiquement aucun des pays dont proviennent les cultures exogènes ne sont ouverts ou simplement tolérants. Nous discutons du sexe des anges quant aux principes démocratiques qui nous sont chers, quand la barbarie est aux portes, et lances ses attaques dans nos rues. La démocratie et ses saints principes sont pour les démocrates pas pour ses ennemis.
Les leçons de morale des Américains qui ont exterminé les peuples autochtones, ont érigé l'esclavage en système économique et le racisme en philosophie de la vie, ne doivent certainement pas nous influencer. Nous n'avons pas à expier leurs fautes.
Le premier des piliers de la sagesse politique est donc de savoir où l'on veut aller.
La présence sur le sol français d'un grand nombre de personnes qui sont ou se sentent musulmans n'oblige pas à adapter la France à leur culture. Au demeurant, celle-ci est protégée tant qu'elle ne prétend pas s'ingérer dans le domaine politique.
La mollesse, la délicatesse ne feront que rendre le fossé plus profond. Pour s'affranchir du clergé catholique la République a traversé de sanglantes épreuves, il serait inconséquent de recommencer. Il faut aujourd'hui plus simplement exiger que les Français les plus récents ne prétendent pas bouleverser les traditions françaises.
Le piège le plus pernicieux de la situation de tension actuelle, créée par le terrorisme islamique, est résumé dans le terme "islamophobie". La peur d'une religion qui se montre agressive est devenue pour certains la haine des magrébins et des noirs africains. Le premier des devoirs de tout Français à quelque niveau qu'il se trouve est de rectifier cette tromperie ignoble. On a le droit de ne pas aimer une religion, et même de s'en moquer, mais en aucun cas, l'on ne peut se déclarer hostile à une origine ethnique, cela s'appelle dans un cas la liberté d'expression, et dans l'autre du racisme.
Parmi les positions toxiques du débat, on doit dénoncer l'idée que toutes les religions sont égales dans l'Etat. Au bout de cette logique, le repos dominical devrait-il être le vendredi, le samedi ou le dimanche. Il existe des incompatibilités, ne pas le reconnaître serait suicidaire. Il faut donc accepter le principe de préséance. En France, comme en Europe les racines sont chrétiennes. Le fondement de l'antisémitisme des tenants de l'islamo-gauchisme est que les juifs, acceptant cette préséance sans rien abdiquer de leur identité, se sont assimilé à la France ; un contre exemple cinglant à leur logorrhée victimaire.
Quant à la richesse de la diversité, ceux qui ressassent cette antienne sont bien en peine de dire en quoi elle consiste. Encore une fois, ils confondent la diversité ethnique avec la variété culturelle. De quelle littérature, de quelle philosophie sont porteurs les représentants de la diversité, au delà d'un prénom exotique ? Cette remarque factuelle n'a rien de désobligeant, elle souligne simplement que l'ensemble de la culture des Français est française. Il ne suffira pas pour combler ce vide de rebaptiser des rues et des squares. C'est d'ailleurs ce manque dont l'islamisme politique tend à s'emparer, pour en faire une arme de discorde sociale. La seule vraie richesse de la diversité est certainement génétique.
Par le respect de sa tradition historique, il ne s'agit pas de faire de la France un état religieux, mais au contraire d'éviter qu'il n'en devienne un. L'ingérence de l'Etat dans le culte Musulman est une erreur, sauf si c'est pour veiller à ce qu'il ne soit pas utilisé contre la République. Or jusqu'ici on a voulu organiser la pratique d'une religion, sans contrôler les menées de ceux qui la dévoient.
La société française de demain aura d'autant plus de facilité à réunir les individus de toute confession que les formes urticantes de l'islamisme, qui contredisent la culture humaniste, ne sont pas représentatives des fondements de la religion musulmane. Le meilleur service à rendre aux Français musulmans serait de les libérer de prédicateurs toxiques. Ce travail ingrat personne ne veut le faire. On préfère fermer des lieux de culte plutôt que d'expulser ou sanctionner des séditieux. Cette politique immobilière, donne l'illusion de neutralité, alors qu'il s'agirait de combattre des personnes hostiles.
Le socle de la construction de la France du futur est de comprendre que le choc entre l'Islam et l'Occident est politique et non religieux, ou même culturel. Les pratiques religieuses et les références culturelles ne sont que des instruments dans une confrontation de pouvoir.
Les nations occidentales doivent accepter que leur prétention de répandre leur humanisme de par le monde a échoué ; souvent en raison des moyens employés qui n'avaient rien d'humanistes.
2- La seule fracture sociale qui divise la France n'est pas entre riches et pauvres, entre ville et campagnes, entre vieux et jeunes, elle se situe entre les protégés et les précaires. De ce fossé, on ne parle pas, car il existe un armée de 5 millions de fonctionnaires et agents publics qu'il ne faut surtout pas courroucer. Néanmoins, ces deux France vivent dans un monde différent. Pour les concilier, on a tenté d'étendre la garantie sociale universelle. Mais le système explose. Il n'y a plus assez d'actifs pour nourrir le pays. On croirait à tort que la pandémie a acté le retour de l'Etat providence. Elle a seulement substitué à l'Etat-nounou, l'Etat-SAMU. Le réveil sera brutal quand les respirateurs seront débranchés.
Alors, soit tout le monde se soumettra à la dure réalité d'un monde précaire, on peut appeler cela la solidarité, soit la société sera secouée de soubresauts d'une violence dont les Gilets jaunes sont un aperçu très modéré. La question de fond sera forcément celle du statut de la fonction publique. Simplement pour que tous vivent dans le même univers, et puissent se comprendre.
Dans un monde de concurrence, la France ne peut être un ilot de garantie universelle. Sauf à se paupériser totalement, c’est à dire assurer une égale misère pour tous, le social ne peut plus être dans la distribution des aumônes. Il doit consister en une acceptation des risques par chacun rendue acceptable par une réelle égalité des chances. Celle-ci passe par une éducation pour tous, alors que le saupoudrage des aides conduit à rendre les études supérieures de plus en plus coûteuses. Il n’est pas concevable que dans le pays champion du monde de la redistribution, les étudiants doivent s’endetter à vie pour apprendre, comme c’est les cas aux Etats-Unis.
3- Le principe de précaution ne doit plus conduire à inventer des périls pour ne rien faire, interdire ou taxer. Il doit être redéfini pour inciter à la création et à l’entreprise. Cette nécessité semble avoir été comprise outre-Manche et proclamée par Boris Johnson qui se fait le chantre de l’écologie de l’avenir.
4- La sur-administration qui a été la cause de la gestion déplorable de la crise sanitaire et notre incapacité à créer des vaccins, doit être combattue partout. Les principes protecteurs du statut de la fonction publique doivent être mis entre parenthèses pour imposer à des fonctionnaires rétifs une modernisation des services de l’Etat, rendue possible par la révolution numérique. Les règles désuètes qui font des postes de la fonction publique de véritables offices d’Ancien Régime, sont les causes les plus lourdes de l’incapacité de l’Administration à maîtriser ses coûts.
5- L’immigration doit être maîtrisée à sa racine qui réside dans l’avantage que les entreprises ont à disposer d’une main-oeuvre bon marché, sans exigences pour ne pas dire sans papiers. On le sait maintenant, c’est le patronat qui par François Ceyrac, dans les années 70, a réclamé au politique la mise en place du regroupement familial. Cette solution de facilité n’a pas sauvé l’industrie française ; au contraire, elle a retardé sa modernisation, et l’a condamnée, car elle était fondée sur un modèle délétère, la main-d’œuvre étant toujours moins chère ailleurs. L’immigration zéro, tant qu’il existe un chômage de masse en France, commence par la création de quotas de travailleurs étrangers dans les entreprises, à l’image de ce que l’on a fait pour les joueurs de football. Ces quotas seraient moins hypocrites que ceux qui sont fondés sur des compétences, alors qu’ils sont, de fait, essentiellement ethniques. On pourrait ainsi mettre fin à une autre hypocrisie qui touche les expulsions d’irréguliers auxquelles on ne procède pas, non parce que c’est impossible, les moyens de persuasion des pays d’origine étant puissants, mais parce que l’économie ne le veut pas.
6- Pour réconcilier les générations, bien plus que pour équilibrer les comptes, il faut affronter la question de l’âge de la retraite qui date de l’époque où la France avait une classe laborieuse qui s’usait la santé dans des travaux pénibles. Au lieu de l’âge de départ en inactivité qu’il faut évidemment reculer, on devrait s’attacher à l’évolution des compétences au cours des carrières afin de rendre possible la prolongation de la vie professionnelle.
7- Au cœur du désarroi social, enfin, se trouve la police. La sinistre jurisprudence “poulet grillé” qui a atterré l’opinion dans l’affaire de Viry-Châtillon, n’est que la conséquence de la déconsidération dont la police est l’objet. De cet état de fait, les policiers ne sont pas responsables. C’est le recours excessif que l’on fait à eux qui est à incriminer. La violence n’est pas policière, elle est dans l’emploi exagéré qui en est fait. La police ne s’use que si l’on s’en sert trop ou mal.
On use mal de la police quand dans les samedi de Gilets jaunes, on laisse les casseurs casser semaine après semaine. On abuse de la police, quand l’exécutif se glorifie des contrôles et verbalisations qu’il fait opérer pour l’application de ses restrictions sanitaires.
Ce mauvais usage aura fait plus pour creuser le fossé entre le peuple et sa police que n’importe quelle violence de maintien de l’ordre dans la rue. La violence banale qui s’adresse au citoyen paisible crée un sentiment de crainte et partant d’hostilité vis à vis de ceux dont on attend de la protection. Les absurdes attestations ont provoqué une détestation de l’autorité bien plus large que quelques coups de matraque sur des crânes de black-blocks dont les Français ne se sentaient pas solidaires.
Plus qu’augmenter les effectifs de la police qui ne règle rien, on doit la décharger de tâches qui relèvent des gardes champêtres, ou, pour faire plus moderne, des municipaux. Mais par dessus tout, il ne servira à rien de gesticuler à chaque attentat, ou de battre la campagne au Mali, si l’on ne fait rien contre la cinquième colonne de l’islamisme et des idéologies victimaires dont le but proclamé est de détruire la société française. En effet, les forces de l’ordre ne seront jamais légitimes, si l’ordre qu’elles ont mission de défendre est sapé à la base par ces ennemis de l’intérieur. Au lieu de périphrases destinées à ne froisser personne, il faut désigner l’ennemi et surtout le combattre.
Les braves âmes, qui s’offrent de la bonne conscience à compte d’autrui, ne voient pas que ce programme, pour eux iconoclaste, sera celui d’une dictature prochaine. Celle-ci, au passage, mettra au placard les grands principes humanistes auxquels nous tenons. Par leur aveuglement, ils nous condamnent à une tyrannie à laquelle le peuple excédé confiera en désespoir de cause un pouvoir tombé en déshérence par refus des réalités.
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