Les victimes, ces héros d'aujourd'hui
- Pierre Levi
- 5 déc. 2020
- 3 min de lecture

Les victimes sont devenues les héros de notre époque. On leur érige des stèles et des monuments commémoratifs et on crée des cérémonies particulières pour elles. On les indemnise.
Que signifient ces marques d’affection ?
Elles ont atteint le degré suprême du sacrifice : la mort inutile.
Par opposition, toute mort dans l’exercice de sa fonction, donc utile, que ce soit celle de soldat, policier, pompier ou autre, porterait en soi sa propre justification et donc récompense. Il serait donc moins besoin d’en célébrer l’héroïsme. Ils savaient ce qu’ils faisaient voire ils l’avaient bien cherché. Les héros ne sont plus les combattants ce sont les ONG qui les soignent et qui les retransforment ainsi en victimes.
Avant on disait Mort pour la Patrie mais cela conduisait à d’autres termes comme Victoire, Vengeance, Combat, Sacrifice. Tous ces concepts semblent devenus obsolètes. Il n’est plus jamais question de Victoire. On ne gagne plus, ni au Mali, ni en Afghanistan ou en Syrie, ni contre l’islamisme, le virus, les trafiquants de drogue ou d’êtres humains , contre la pauvreté, le mal logement, l’immigration etc. On s’accommode de tout , on vit avec, on gère, on dure, en attendant mieux peut-être. Mais cela ne semble pas du tout s’améliorer.
Mais en attendant, il y a toujours des victimes pour la mort desquelles on ne peut plus donner aucun sens, car le combat n’a pas été défini et les objectifs encore moins. Comme ces victimes sont encensées, cela crée des vocations: victimes des policiers, du racisme, de la colonisation, de sa condition sociale, des accidents de la route, etc. Tout cela devrait donc devenir illégal car pourvoyeur de victimes. Mais alors, que dire des victimes du cancer ou de la vieillesse ? Rendre donc la mort illégale ? Le corolaire de victime c’est forcément colère car il n’y a pas de compensation possible à un tel statut. Il ne resterait que sa propre condition de victime à laquelle il faudrait pourtant aspirer.
Etre victime est devenu l’état abouti d’une civilisation sans repères. Cette situation est surtout la marque du déclin. Les cultures en devenir ne soucient que peu des victimes dès lors que leurs objectifs sont atteints. On montre plutôt en exemple ceux qui ont permis de les atteindre surtout s’ils sont tombés au combat. Parmi ces nations, l’une s’appelle France, l’autre a nom Chine. Devinez qui est qui.
Pierre Levi
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Le point de vue d'En Vrac
Les promotions victimaires ont commencé avec la reconnaissance de la Shoa. Il s’agissait alors de vraies victimes et d’une nécessaire repentance pour que les Occidentaux puissent à nouveau se considérer comme des humanistes.
Aujourd’hui, les victimes ne sont pas toujours réelles et quand elles le sont c’est dans un passé qui appartient à l’histoire. Les fausses victimes sont celles de l’islamophobie une invention commode pour justifier les combats pour ressouder la gauche. Les descendants d’esclaves doivent aller chercher Colbert pour justifier leur réclamation.
Qu’importe ! Ayant perdu ses victimes, les prolétaires de la révolution industrielle, la classe ouvrière qui était son fonds de commerce, comme le monde rural était celui de la droite, la gauche devait retrouver, pour y appliquer sa dialectique du bien et du mal, de nouveaux damnés de la terre.
Les victimo-folies ne sont pas le fait de déboussolés, mais d’une idéologie, certes ringarde, mais très construite, puisqu’elle hérite tout du marxisme.
Bouée de sauvetage de la gauche, le racialisme et plus généralement la victimisation qui inclue les féministes, le mouvement n’est pas près de se calmer. Le seul remède à cet égarement de la pensée consiste à remettre le bon sens et la réalité au centre du village.
Si notre époque a un problème, c’est avec la réalité. De fake news en faits alternatifs, on voit bien que les lunettes des uns et des autres n’ont pas la même focale. Pas les mêmes outils de certitude.
Pour peu que l’on soit attentif aux faits, nous savons que la dialectique a fait faillite, mais l’on cherche encore le fil d’Ariane d’une pensée nouvelle qui est là sous-jacente, mais pas encore théorisée.
AT
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