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Lettre de Brégançon

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 16 août 2023
  • 6 min de lecture















Mes chers compatriotes, chers amis, Français, Françaises, chers Celles et Ceux,


Je profite du répit de ce 15 août à Brégançon avec Brigitte pour coucher sur le papier à votre attention quelques pensées qui me traversent la tête. En temps normal, des idées, j’en ai beaucoup. On avait fait un concours avec Jacques Attali, le chef d’orchestre ; je l’ai battu d’une bonne longueur. Il est plus rapide, mais il triche, il y a plein de ses éclairs de génie qu’il pique aux autres, ça compte pas. Moi, je donne dans l’original.


Après le petit déj, je fais un tour en jet-ski. Brigitte vient pas, elle dit que c’est une distraction d’ado. Moi, je lui répond que cela tombe bien, je suis fortiche pour me mettre les gens à dos. Ce genre d’humour la fait enrager. Pas vous ?

J’aime bien la choquer. Avec Mc Fly & Carlito, j’ai pris mon pied. Elle éructait. Les Français aussi, une splendeur. À quoi ça servirait d’être le monarque républicain si c’est pas pour faire bisquer les gens ?


De toutes manières, quand je parle sérieusement, personne ne comprend. Les journalistes prennent un air entendu, mais ils pigent que dalle. Les plus obtus, ce sont les gonzes de mon parti, ils ne savent même pas faire semblant. On leur a bien précisé, chaque phrase doit être précédée d’un « comme l’a dit le Président », ou « ainsi que l’a dit Emmanuel Macron ». Et bien, ils oublient toujours. Mais au fond, vu ce qu’ils racontent, ce n’est pas plus mal.


En beurrant mes tartines, j’ai songé à ma succession. A mon âge, c’est bien éprouvant. Je ne parle pas du blé monstrueux que je vais me faire dans le privé. Je pense à la France.


Brigitte me dit qu’il faut que je présente aux Français, à vous, mes chers compatriotes, mes Celles & Ceux, un projet d’ampleur. Je ne sais pas où elle va chercher des mots comme ça. En tout cas, je suis dans la moussaka. J’ai demandé à Borne de me faire des propositions, elle m’a regardé avec un vide dans les yeux que je qualifierais de vertigineux. Les autres pantins du Gouvernement, n’en parlons pas, cela m’apprendra à sélectionner les collaborateurs sur leur insignifiance.

Bien entendu, Darmanin avait un paquet d’idées aussi foireuses les unes que les autres. Dupond-Moretti, je ne sais jamais si c’est Dupond ou Dupont, est obsédé par sa mise en examen. Il m’a tout bonnement suggéré de supprimer la Cour de Justice de la République. Alexis K* m’a glissé qu’il serait bien de promulguer une amnistie générale pour les prises illégales d’intérêts. J’y songe et puis j’oublie.


Revoir la durée du mandat présidentiel ? Pourquoi pas ? Le remettre à 7 ans, oui, mais imaginez que ce soit la Le Pen qui me succède ! Le raccourcir à 4 ou 3 ans serait pas idiot, un coup à la Chirac, si je parvenais à faire passer la suppression de la limitation des mandats successifs. Les Français veulent un homme fort, ils font tout pour ne pas en avoir. Les hommes forts se font réélire des tas de fois. Je vous fais pas un dessin.


J’hésite entre confiture de framboise et abricot.


La sixième République ? Cela couperait l’herbe sous le pied plat de Mélenchon. Mais quoi mettre dedans ? Esprit des lois es-tu là ? On a essayé l’autre soir de faire tourner les tables… nada.


Mélenchon, le fanfaron me fait bien rigoler ; il me fait penser à ce personnage de Plaute qui a inspiré ces bravaches de comédie. Depuis qu’il a enfermés dans sa Nupes les socialos et les écolos, il joue les Matamores… mais au fond ce surnom ne lui convient guère, vu qu’il est plutôt en faveur desdits Maures dont il courtise sans vergogne les plus virulents. Comme ses alliés captifs frisent l’apoplexie à chacune de ses sorties épiques pro-islamiques, ils se débattent comme des poissons hors de l’eau. C’est touchant ! Au lieu d’en tirer bénéfice, le fier-à-bras de sous-préfecture est contesté par les seconds couteaux de son propre parti qui n’ont jamais mieux mérité leur nom d’insoumis. Quand on prétend incarner la République, c’est piteux.

Quand j’ai le bourdon, je me fais lire les dernières saillies de Hollande. Le capitaine de pédalo, comme disait Mélenchon, Flamby ou la Fraise Tagada, selon Fabius, est pour moi une consolation. Il se prenait pour Mitterrand, il signe maintenant ses mémoires dans les supérettes Lidl. On est mal, on est mal !

Cela me fait penser à Jouyet, tragique, le Jean-Pierre. C’est lui qui m’a introduit à l’Elysée, un sacré fromage. C’est lui qui a cafté pour Fillon qui voulait accélérer les procédures contre Sarkozy. C’est lui aussi qui a convaincu François, le Casanova de Tulle, de ne pas se représenter. Fortiche, je dis ! Il espérait une promotion à la mesure du service rendu, il a eue, comme tous les traitres, celle qu’il méritait. On me dit qu’il a écrit un livre pour se plaindre d’être mis à l’écart. C’est une grande nouvelle, je pensais qu’il ne savait que comploter.

Pour en revenir à l’ampleur de mon projet qui me turlupine, je vais explorer un peu le sociétal. Ça ne mange pas de pain, à ce que l’on dit. Mais je commence à en douter vu la soupe à la grimace que me fait Brigitte quand je dérape. J’ai beau lui dire qu’il faut bien donner des gages à la Gauche, que quand on est en même temps de gauche et de droite, il faut marcher sur ses deux jambes, elle me fait remarquer qu’il vaudrait mieux parfois se casser une jambe. C’est son vocabulaire à elle.


En tout cas, il me faudrait un machin ou un truc très vendeur. J’ai appris une chose dans le privé. Les entreprises adorent les vagues d’opinion pour surfer dessus. Lesquelles ? D’où cela vient , où va tout ceci ? Elles s’en balancent pourvu que ça fasse tourner la boutique. Lénine avait une formule pour cela : « les capitalistes nous vendront la corde avec la quelle nous les pendront ».


Les Français, vous mes chers compatriotes, sont moroses. J’ai souvent envie de vous dire, chers Celles & Ceux, que vous vivez au Paradis tout en disant que c’est en Enfer. Ce langage passerait par trop religieux. Les Socialos ne me louperaient pas. Je les crains, ces queutards qui vantent l’égalité sexuelle, ils sont capables de tout et de rien… en fait, surtout de rien.

Ceux qui me font tordre d’un gros rire ( rance, il est vrai ) ce sont les patrons de gauche, les Pigasse, Niel et autres Polichinel. Plus âpres au gain, on ne fait pas. J’ai compris que, pour eux, mettre de l’argent à gauche, c’était ça « être de gauche ». En mettre de côté leur permet d’en avoir derrière eux, et aussi pas mal devant soi. Nicolas m’a parlé de Bolloré qui n’est pas un hypocrite, mais j’hésite à embarquer sur son yacht, j’en connais un à qui cela n’a pas réussi. S’il vient mouiller en bas du Fort, je ferais semblant de pas le voir.


Attention, les projets, je n’en manque pas. Mais c’est plutôt pour après 2027.


Dans l’immédiat, j’ai bien envisagé de lancer un grand projet d’aide active à la fin de vie, cela décongestionnerait les EPHAD, mais Brigitte n’aime pas l’idée. Hollande a eu le mariage pour tous, moi ce serait « la mort pour tous », qu’elle dit. Evidemment cela refroidit.


La grande ampleur. Paul Ricoeur me l’a répété souvent. Quand tu ne comprends pas un mot, ouvre le dictionnaire, et si tu crois le comprendre ouvre le dictionnaire. Ampleur : largeur importante, au-delà du nécessaire. Par exemple, donner de l’ampleur à une robe. L’armada de communicants qui émargent à l’Elysée aurait pu vérifier. C’est déjà coton de trouver un truc utile assez important, mais s’il faut en plus que ce ne soit pas nécessaire… au surplus, la grande ampleur cela doit être l’absence totale de nécessité.


Il y a quelques jours, Edouard Philippe m’a fait passer un papier en douce sur les choses inutiles qui pourraient convenir d’après-lui ; mais les trouvailles genre gilets jaunes et âge pivot, j’ai déjà donné. Il parait que c’est la personnalité politique préférée des Français… et moi ? Je sens le pâté ? Bibi me le dit souvent, pense à sourire. Même, et surtout quand ce n’est pas drôle, ça fait penser les imbéciles. Edouard a une capacité de sourire hors paire, ça doit être cela son secret.


Je ne vous parle pas de Bayrou, le Démostène de Pau. Ça pourrait lui revenir aux oreilles.


On me dit que je serai au top de la popularité fin 2027. Je ne sais pas comment je dois le prendre.

Les vacances sont, dit-on, propices aux remises en question ; rassurez-vous, je ne vais pas changer, je resterai moi-même. Insupportable et irremplaçable. J’y travaille.


Bon, mes chers Celles & Ceux, je dois vous quitter, Maman m’appelle pour que je lui badigeonne le dos avec de la crème solaire que lui a recommandée Carla S*. Cela, c’est dans mes cordes qu’elle dit, pour passer de la pommade je ne crains personne, c’est comme pour la modestie. A plus… ….…


Pour copie non conforme


E.M.



 
 
 

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