Libérer l’Etat !
- André Touboul
- 23 mars 2021
- 4 min de lecture

L’Etat c’est eux, la solution d’évidence est de libérer l’Etat de ceux qui l’ont colonisé.
On le voit par les opérations de sabotage de Véran, Salomon, et autres fonctionnaires qui ont la main mise sur le Ministère de la santé, la machine administrative a sa propre feuille de route.
L’équipe socialiste de Marisol Touraine est toujours en place. Elle ne pardonne pas à Emmanuel Macron d’avoir trahi la gauche, et s’emploie à lui faire subir le même sort que celui réservé à François Hollande par les frondeurs. Et tant pis si les Français en font les frais.
Sabotage ? L’accusation est forte, elle est grave, mais l'on a pu l’entendre sur des chaînes de télévision réputées modérées comme LCI. On y a même décrit la méthode. Pour freiner la vaccination, les fonctionnaires ont multiplié les obstacles. D'abord au prétexte de ne pas heurter les antivax au nom de la liberté individuelle, puis en invoquant le principe de précaution, ils ont retardé la mise en oeuvre des vaccins. Ils ont ensuite ralenti la logistique, au point de laisser dormir des doses dans les frigos. A cet effet, sinon cette fin, ils ont multiplié les points de distribution, ce qui mécaniquement induit des pertes en ligne, et les délais inutiles.
Sur la mise en place de tests et d'applications de traçage ils avaient déjà cafouillé. Les manœuvres dilatoires et les dysfonctionnements ne suffisant pas à bloquer la machine sanitaire qui proposait des auto-tests, ils ont « associé» à leur évaluation divers acteurs qui n’en voulaient pas.
Sur la question cruciale des lits de réanimation, non seulement on n’a rien fait pour les augmenter, mais ils ont été réduits sous divers prétextes, notamment la difficulté de formation des personnels et celle de les fidéliser ; arguments que l'on aurait pu entendre si la tâche avait été entreprise, et si l'on ne s'était pas moqué des soignants en leur faisant l'aumône d'une prime dérisoire.
Le trouble est grand ; car ces faits rejoignent les soupçons de complot entre Buzyn puis Véran avec l’industrie pharmaceutique, dénoncé par Raoult, lors de la première vague. Présenter l'anodine chloroquine comme un dangereux produit était hautement suspect. Cette maladresse a alimenté les thèses complotistes, mais les événements qui ont suivi ont montré qu’en fait le mal était plus profond que le seul niveau ministériel. Ce sont dans les tréfonds de Ségur, citadelle des invisibles tous puissants que les déçus de Macron organisaient la punition.
On peine à croire que l'Administration française ait été aussi malhabile pour de l'avis unanime tout rater. Pour être faillible à ce point, il faut non seulement le vouloir, mais aussi de la constance.
Le Ministère de la santé n’est pas le seul à être gangréné par une défense passive de fonctionnaires de haut ou moyen niveau, qui font de la politique en douce, mais c’est celui où leur menées sont aujourd'hui le plus visibles.
Dans sa campagne présidentielle Emmanuel Macon promettait de pratiquer le spoil system, en changeant les cadres des ministères. Il n’en a rien fait. Et après l’affaire de de Villiers, le coup de semonce Benalla l’a neutralisé. Ce n'est pas le Président qui dirige l'Administration, c'est l'élite d'Etat qui tient le Président.
Le Président ne cesse de piquer des colères, de taper sur la table, en vain. La coterie qui tient l’Etat n’en a cure.
La solution première du mal français est dans un grand coup de balai dans la haute fonction publique.
On prend, en général, le problème de l’obésité administrative par le recadrage du rôle de l’Etat. Mais l’élite d’Etat et ceux qui en dépendent ont vite fait de démontrer que l’Etat est indispensable. C’est une réaction normale, puisque l’Etat c’est eux.
Pour être efficace il faut, non pas réformer l’Etat, mais le libérer. Le mot d’ordre est d’une autre nature. Il peut rencontrer l’adhésion populaire, car les Français ont de par leur histoire un respect de l’Etat autour de qui le pays et la nation se sont formés. Ils sont moins attachés à des aristocrates du diplôme, arrogants dont ils ressentent chaque jour le mépris et l'égoïsme. Ces grands seigneurs leurs distribuent des aumônes, tout en les pressurant de taxes ; ils ont désormais atteint la limite d’une redistribution en faillite. Le service public, leur arme absolue, est devenu un slogan qui apparaît pour ce qu’il est : leur moyen de se servir des biens publics. L'évidence est claire, leur intérêt passe avant l’intérêt général.
Libérer l’Etat, c’est l’en affranchir des profiteurs. Là est le seul dégagisme efficace.
En proposant de supprimer l’ENA et le système des Grands Corps, Emmanuel Macron, lui-même au cœur de cette caste, a montré qu’il était conscient du problème, mais il a démontré aussi son incapacité à guérir le mal français. La méthode était, au demeurant, vouée à l’échec. Les frelons ont défendu le nid.
Il est indispensable de rétablir de la moralité dans la gestion de l’Etat. Il est temps de faire en sorte que les affaires publiques ne soient plus une manière de faire carrière. Cette épuration est d’autant plus urgente que la précarité de la population augmente, et devient insoutenable du fait de la crise sanitaire ; elle atteindra un niveau dramatique quand les aides publiques seront taries. Ce moment qui ne saurait tarder car le « quoi qu’il en coûte » est à sa limite.
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