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N’est pas Talleyrand qui veut.

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 13 oct. 2023
  • 6 min de lecture

Parlons d’autre chose, autre chose que ceux qui décapitent des nourrissons et nous tordent le ventre d’horreur, ils sont la honte de l’humanité, et en vérité ils s’en sont exclus.


On ne parlera pas non plus de la population où sont nés ces monstres du Hamas, elle a perdu le droit de se plaindre des conséquences de leurs barbarie.


Mais, est-ce changer de sujet que de parler du mal qui a affaibli la France au point de l’exposer à une contagion de la folie meurtrière fruit vénéneux d’un islamisme délirant ? Cette plaie nous l’avons ressentie lors de la tuerie du Bataclan, que l’on a subie sans que nos gouvernants osent nommer l’idéologie qui l’a commanditée. Il y avait eu l’assassinat des enfant juifs de Toulouse, la tuerie de Charlie Hebdo, la décapitation de Samuel Paty, et aujourd’hui un mort et deux blessés dans un Lycée d’Arras. Les auteurs ont à chaque fois agi en criant « Allah Akbar ! », et l’on parle de terrorisme, de radicalisation, mais l’on se garde bien de tout lien avec l’islamisme. Pas d’amalgame ? Comme si le terrorisme était une fin en soi, qu’il venait de nulle part. Le vocabulaire est fatal. La radicalisation est un mot creux, il dissimule ce que l’on ne veut pas nommer : le fanatisme islamique.


Cette pathologie sociale, porte un nom, elle s’appelle le déni. Ce refus du réel a une origine qui se situe dans la protection économique et sociale absolue dont certains bénéficient et qui refusent tout ce qui pourrait faire des vagues dans leur confort égoïste. Cet aveuglement est parfois perturbé quand la victime est un enseignant. Alors l’émoi est général, même dans les rangs de LFI, le Président de la République, de la Région, la Première Ministre regagne Paris, les Ministres annulent leurs rendez-vous, l’Assemblée suspend ses travaux. Rien de tel pour les 10 Français assassinés en Israël, ni pour les otages. Pour eux, ce fut le service minimum.


L‘état de démission dans lequel se trouve la France est dû à sa fracturation profonde entre une population qui affronte le monde et doit chaque jour se remettre en question, et une classe de privilégiés qui sont garantis d‘être rémunérés quoi qu’il arrive, et ont donc tendance à rejeter tout ce qui pourrait perturber leur quiétude.


Aux deux siècles passés ceux qui étaient à l’abri de tous les aléas étaient les riches. Aujourd’hui, ce ne sont plus les bourgeois que la société protège, ce sont ses fonctionnaires, nouveaux privilégiés de ce monde en ébullition.

Pris en charge à vie, ils sont les seuls à pouvoir s’abstraire des réalités. Dans la fonction publique ce ne sont pas les soignants, les policiers ou les militaires qui sont eux confrontés à la vie vraie, c’est dans l’université où l’on peut penser dans le vide sans conséquence pour soi-même que l’Islamo-gauchisme s’est répandu. Il n’est pas surprenant de constater que ce sont ces pseudo-intellectuels sur-protégés et irresponsables qui manifestent leur « solidarité » avec ceux qui délibérément massacrent les enfants. Il n’est pas nécessaire d’importer le conflit, comme l’on dit, il est là, dans les esprits des néo-nazis de l’extrême gauche.

Une analyse rapide impute ces aberrations au wokisme importé des Etats-Unis, elles ont aussi une origine dans l’irresponsabilité d’une haute fonction publique, moralement indifférente aux valeurs démocratiques et qui depuis des décennies refuse le combat avec l’islam politique. Sa soumission est la marque d’une élite dont les privilèges explique la pleutrerie. La toxicité de la haute Administration s’exprime s’exprime également dans sa mollesse à défendre la démocratie, dont elle méprise les politiciens.


Les méfaits de la protection inconditionnelle de l’Etat à certains, nous les avons dénoncés depuis des années, d’abord solitaires, puis cette vérité dérangeante s’est répandue, mais jamais, jusqu’à ce jour, aucune grande figure des 5000, hors peut-être Emmanuel Macron, ne l’avait reconnue.


Dans un livre publié le 5 octobre 2023 intitulé Est-ce bien nécessaire, Monsieur le Ministre ?, Jean-Pierre Jouyet fait son mea culpa. Il avoue avoir ignoré le rôle « néfaste » de la Haute Administration durant toute sa carrière.


Tel Paul de Tarse frappé par la lumière sur le chemin de Damas, qui de persécuteur des premiers Chrétiens devint le fondateur du Christianisme.


Comparer Jouyet à Saint Paul n’est pas plus sidérant que la conversion du très haut fonctionnaire, 5000 parmi les 5000 qui a dirigé l’autorité des marchés financiers, puis la Caisse des Dépôts. Véritable ambidextre, il a aussi été Ministre des Relations européennes de Sarkozy, Directeur de cabinet du Président Hollande. Éminence grise, il introduisit Emmanuel Macron au Secrétariat général adjoint de l’Elysée. Il fut le démolisseur de François Fillon en rendant publique une demande de ce dernier lors d’un déjeuner chez Le Doyen d’accélérer les procédures contre Sarkozy. Il est soupçonné de ne pas avoir été étranger à l’enquête express du PNF sur le même Fillon en 2017, et couronnement de sa carrière, c’est lui qui aura convaincu François Hollande de ne pas briguer un second mandat.

Il fut peu surprenant qu’Emmanuel Macron une fois élu l’expédie un temps à l’Ambassade de Londres puis en tant que représentant à l’OCDE jusqu’à 2020, date à laquelle il rejoint d‘entreprises privée de lobbying et de la finance.


Compte tenu des services rendus, il attendait un destin de Premier Ministre d’Emmanuel Macron ; la reconnaissance de celui-ci lui aura été très chichement mesurée et de courte durée. Ingratitude ? Non, la prudence commandait d’écarter celui qui avait déjà trahi deux Présidents. Certes, il y a eu dans l’histoire un précédent célèbre d’une traitre resplendissant, et toujours survivant à ses maîtres. L’évêque d’Autun qui proposa de nationaliser les biens de l’Eglise, a servi, ou desservi, Napoléon 1er qui disait de lui qu’il était de la merde dans un bas de soie, mais aussi Louis XVIII, toujours prétendant servir la France sans oublier de se servir.


Mais n’est pas Talleyrand qui veut. Jean-Pierre Jouyet, aura joué un rôle déterminant dans la politique française. Il est l’illustration de ce qui a conduit Emmanuel Macron à supprimer l’ENA, il représente la quintessence de ce que les notables locaux ont dénoncé lors du Grand Débat qui a suivi la jacquerie des Gilets jaunes.


Quand, celui que l’on peut qualifier de grand serviteur de l’Etat, rejoint aujourd’hui le Président actuel dans la dénonciation de la toxicité de la Haute Administration, on peut douter de sa sincérité, mais à l’âge de 69 ans, les ambitions sont toujours des leurres, et les arrière-pensées sont souvent des voies de garage.


Néanmoins, le repentir du pêcheur même opportuniste est toujours bon à prendre. Il marque la fin d’une époque où l’élite d’Etat sûre d’elle-même et dominatrice détournait à son profit de caste, et au nom de la religion du Service Public, le service du public dont elle se désintéressait. Toujours plus consommateurs d’impôts, les services publics sont devenus pour beaucoup payants pour l’usager, tout en se dégradant. Les héritiers de Colbert ont dilué leur compétence dans une irresponsabilité totale, assurée par un entre-soi sans faille. Leur faillite, ils ne l’ont pas assumée, ni reconnue.


A la différence de ce qu’il en fut à la fin de l’Anciens Régime, ce ne sont pas les Français qui ont voulu une rupture avec l’élite, mais la morgue et le mépris de cette méritocratie de façade qui l’on conduite à s’isoler du peuple et à ignorer ses aspirations profondes.


La sécurité d’une prise en charge à vie par l’Etat a empêché la haute Administration de comprendre que la faille qui sépare la société française est celle de la précarité à laquelle sont exposés tous les non-fonctionnaires.


Tant que subsistera le statut scélérat de la Fonction publique, il n’y aura aucune réconciliation entre deux sortes de Français : ceux qui sont soumis à l’angoisse des temps qui changent de plus en plus vite, et ceux qui tels des rentiers savent que l’État les nourrira à vie, quoi qu’il arrive. C’est cette situation qui, outre son incidence sur l’inadaptation des personnels aux tâches, pousse l’élite d‘État à vouloir tout régler par des allocations destinées à donner l’illusion qu’elle protège contre la précarité. Ce « quoi qu’il en coûte » a atteint sa limite, et n’a jamais vraiment donné satisfaction tout en coûtant « un pognon de dingue ».


Il n’y a plus qu’une solution pour raccommoder les deux France, c’est de mettre fin au statut de la Fonction publique. Cette injustice essentielle est le venin qui, plus que tout autre, empoisonne la société française. Habitués à subir une Administration omniprésente, qu’ils considèrent comme une fatalité, les Français n’en ont pas conscience, mais la cohabitation entre deux mondes aussi opposés que les privilégiés par statut, et ceux qui sont soumis de plein fouet aux aléas professionnels, pour certains vivant sous la hantise de devoir aller aux Restaurants du Cœur , est de plus en plus difficile et de moins en moins acceptable.

La politique du « tous pris en charge » par l’Etat ayant échoué, il faut bien que l’on en vienne à « chacun responsable » de son destin, ainsi va le monde.

 
 
 

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