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On ne naît pas incompétent on le devient

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 18 avr. 2021
  • 2 min de lecture



On croit à tort que puisque bien des aptitudes sont innées, leurs opposées le sont, et que, par conséquent, un individu méritant ne peut devenir un incapable.


Ainsi les brillants sujets qui se sont distingués par la réussite à des concours seraient détenteurs à vie des meilleures capacités.

Non seulement les mérites précoces ne garantissent rien sur ce que sera la maturité, mais cette croyance erronée dans la persistance des talents est profondément destructrice.


En effet, la méritocratie qui ne se remet pas chaque jour en question sombre dans l’impéritie.


Dans un système fondé sur la sélection, ceux qui sont « promus », élevés au-dessus des autres, n’ont plus rien à prouver. Tout juste leurs efforts consisteront à se battre entre eux pour les meilleurs postes. Mais jamais ils ne risqueront de se voir préférer des « inférieurs ».


Ce résultat s’obtient grâce à un esprit de corps, un « entre-soi », qui permet d’exclure les intrus.


La protection réciproque évite tous aléas. Elle est encore renforcée par un « « statut » qui assure une carrière, et une rente à vie, quoi qu’il arrive... et quoi qu’il en coûte à l’Etat.

Etre soutenu par ses pairs, vivre l’abri de toute critique, ne pas être obligé à quelque effort que ce soit, n’avoir pas de compte à rendre, telles sont les conditions d'une véritable accession à l'incompétence.


Dès lors qu'elle est, par statut et par une pratique collective, protégée de tout, il n’est pas surprenant que l’aversion au risque soit une caractéristique de l’élite d’Etat.


Emmanuel Macron affectionne l'expression "prendre son risque". Il est bien le seul dans les hautes sphères de l'Etat. On y fait plus volontiers dévotion au principe de précaution.


Ce principe de prudence n'est pas une spécificité française, ce qui est exceptionnel est son interprétation. Partout ailleurs dans le monde, en présence de dommages effectifs, on s'emploie à se prémunir des causes possibles. En France, ce saint précepte se traduit par l’obligation de s’abstenir de toute action susceptible d’un éventuel dommage. Ainsi au Royaume Uni, on vaccine à tour de bras, par précaution, alors qu'en France on s’abstient de vacciner au nom de possibles effets secondaires. Et tant pis si le retard pris est d'un coût exorbitant en vies humaines et en pertes économiques. La raison de cette distorsion d'un principe à l'origine sensé n'est pas à rechercher ailleurs que dans le fait que l'inaction administrative n'est jamais sanctionnée. Par le respect du principe de précaution à la française, l'incompétence devient une vertu administrative.


Pour lutter contre une Administration inapte à remplir sa tâche, on propose la formation continue. Hélas ce remède est concernant l'élite pire que le mal. Il ne fait que conforter les intéressés dans leur sentiment de supériorité. Et ne consiste jamais en une remise en cause personnelle. Seule la précarité permettrait de s’assurer des efforts constants de chacun pour justifier sa reconnaissance sociale. L'intérêt bien compris de notre élite d'Etat serait de renoncer à ses privilèges. Cela seulement la ferait renouer avec une compétence qui lui fait cruellement défaut.



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