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Paris, Ankara, Moscou, l’axe des pseudo-démocraties

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 31 mars
  • 4 min de lecture



Certes, ce n’est pas un autocrate qui a décidé d’écarter Marine Le Pen de la candidature à la prochaine présidentielle, c’est un tribunal de première instance instance, mais le procédé est identique à celui par lequel Erdogan a fait emprisonner Erkem Imamoglu, maire d’Istanbul, et Poutine a fait de même de Navalni, son seul opposant. Les dictateurs turc et russe ont fait  fonctionner leur « état de droit » pour embastiller leurs gêneurs. En France, ce sont les magistrats soumis à l’idéologie du Syndicat de  la Magistrature et du « mur des cons » qui on fait le travail.


Sur le plan démocratique le résultat est identique, et notre République entre dans le camp des pseudo-démocraties. Celles où il y a des juges et des élections, mais où les premiers assurent que les scrutins conviennent à leurs maîtres ou à leur idéologie. Les  juges contre le peuple, cette confrontation est utilisée à droite comme à gauche, ainsi l’on a vu l’élection présidentielle de Roumanie d’un candidat pro-russe, annulée.


Ce procédé d’instrumentalisation de la machine judiciaire n’est pas nouveau dans notre République. Déjà, en  2017, le Parquet National Financier avait désailé, en plein vol, le favori François Fillon, assurant ainsi l’élection d’Emmanuel Macron. Encore, cette fois-là les magistrats politisés n’avaient pas pu malgré leur précipitation lui interdire de se présenter.


La décision Le Pen 2025 est un coup d’Etat de quelques magistrats pour lequel on ne peut invoquer l’application pure et simple de la loi. En effet, outre la question de la proportionnalité de la peine, le scandale est qu’un tribunal de trois anonymes ait décidé de faire fi de l’ordre public. Cette considération, qui seule aurait dû les guider, imposait de ne pas priver du double degré de juridiction, Marine Le Pen, que l’on créditait de 37% des intentions de vote. Le principe selon lequel l’appel met le jugement à néant est une règle fondamentale de notre droit. L’exception que constitue l’exécution provisoire de tout ou partie de la peine doit pour être prononcée être motivée par la nécessité de préserver l’ordre public.


Le texte concerné prévoit l’automaticité de l’inéligibilité immédiate, c’est à dire sans qu’il soit besoin de la motiver. De fait, cette disposition est destinée à protéger l’électeur qui pourrait ne pas avoir été informé des faits reprochés à l’intéressé. Or, en l’espèce, le trouble à l’ordre public découlera plus certainement de l’application immédiate d’une inéligibilité, et l’on ne peut prétendre qu’il y ait un seul électeur qui n’ait pas été informé des causes du procès, et de la condamnation de première instance. Dans une décision du 28 mars dernier, le Conseil Constitutionnel rappelait, pour le même texte, qu’il appartenait aux juges  d’apprécier l’atteinte à l’ordre public, donc de motiver l’exécution immédiate.


Un autre paradoxe qui n’a pas arrêté les juges, c’est celui  de prôner la mort politique d’une citoyenne qui est toujours présumée innocente, tant que toutes les voies de recours n’ont pas été épuisées.


On invoquera, en  vain, l’indépendance des juges. Ceux-ci doivent, en effet, être d’abord impartiaux. L’indépendance, n’est qu’un moyen d’assurer l’impartialité, et quand les magistrats sont syndiqués dans des organismes militants comme le Syndicat de la Magistrature, l’indépendance est une escroquerie.


Quand les magistrats sont partisans et s’emparent de la politique la démocratie bascule dans le Gouvernement des Juges. Celui-ci est le plus despotique qui soit, car il ne procède d’aucune élection, fusse-t-elle plébiscitaire.


Même si les Juges n’ont pas pris le pouvoir pour eux-mêmes, ils ont agi pour leurs amis. C’est à un véritable coup d’Etat que se sont livrés les trois magistrats qui ont décidé d’écarter Mme Le Pen, et de mettre hors du champ républicain plus de dix millions d’électeurs. Alors qu’ils ont le devoir de se garder d’interférer dans les processus électoraux, ces juges se sont autorisés à y participer en partie prenante.


Les conséquences sont aujourd’hui difficiles à prévoir. Les tenants d’une gauche qui n’ont que les mots de  « populisme » et « fascisme » à la bouche espèrent, sans doute, que le peuple humilié rentrera à la niche, la queue entre les jambes.


Il se peut aussi qu’ils aient fait de Marine Le Pen une martyr d’une cause dont la perfection sera d’autant plus grande qu’elle n’a jamais été confrontée aux réalités du pouvoir. Gageons que certains iront même jusqu’à la comparer à Jeanne d’Arc.


L’hypothèse que le Rassemblement National disparaisse est une illusion. Le plus probable est qu’il soit renforcé par ce « coup en traitre » dont le retentissement fait oublier la faute d’origine.


La stratégie imposée à Marine Le Pen est de provoquer des législatives au plus tôt, en misant sur l’effet de souffle de « l’injustice » qui lui est faite. Avec une majorité  absolue à l’Assemblée, elle retrouverait la possibilité de se rendre à nouveau éligible.


Loin d’avoir défendu l’Etat de droit, les juges du 31 mars ont libéré des vents mauvais que nul ne pourra contrôler, car, si plus du tiers du corps électoral estime que celui-ci n’est qu’une façade et qu’il est devenu leur ennemi, la République, elle-même, est en danger.


Il est urgent, pour le pouvoir en place, s’il ne veut pas être balayé, de reprendre la main sur les juges, par exemple en leur introduisant l’impartialité dans leur serment. Pour l’heure les juges jurent de se comporter en loyaux magistrats, ce qui n’a pas grand sens et permet toutes les dérives auxquelles on assiste.


La question de la disproportion entre les niveaux de responsabilité démocratique et les pouvoirs des juges devra, en outre, un jour être posée. Il n’est pas raisonnable qu’un juge administratif puisse prononcer, pour des motifs d’opportunité prétendument écologiques, et au mépris des conséquences économiques majeures, l’arrêt d’un chantier d’autoroute réalisé aux trois quarts, en parfaite conformité avec la loi.






 
 
 

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Mar 31

Le préambule de la Constitution Française est la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ; son article XVI « Toute Société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution. » aurait dû manifestement être appliqué par le Conseil Constitutionnel dans son dernier jugement qui autorise des juges à interdire à un Citoyen de se présenter à une élection ; or, il s’agit clairement d’une intrusion du pouvoir judiciaire dans l’élection par le peuple soit d’un membre de l’Exécutif, soit d’un membre du pouvoir Législatif.

Le jugement du Conseil indique finalement que la France « n’a point de Constitution » ; dès lors, les conséquences sont cataclysmiques : le Conseil Constitutionnel n’existe plus, ses…

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