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Phases terminales

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • il y a 1 jour
  • 5 min de lecture




L’Occident, ce n’est pas la décadence, tant dénoncée, mais cela y ressemble par certains côtés.


Porteurs de valeurs universelles qu’ils n’ont pas toujours respectées, mais dont ils ont été les inventeurs, les peuples  occidentaux en sont  venus à  douter d’eux-mêmes, ouvrant la voie à une régression qui, sous prétexte d’égalité, revenait à une idéologie à rebours. À la domination des européens où régnait le patriarcat et la loi démocratique de la majorité, a répondu la dictature des minorités, l’oppression des opprimés, le féminisme à outrance, et le racialisme.


L’élection de Trump est une sorte de réveil d’une civilisation qui estime injuste le sort qu’on lui promet. Mais s’il est facile de se rebeller contre la tyrannie woke, il l’est moins de  redresser la situation économique, car il en va du mode de vie.


Aujourd’hui, les Français, comme les Américains et même l’ensemble des Occidentaux vivent au dessus de leurs moyens en payant leurs objets de consommation au reste du monde avec une monnaie de singe.


Certes, ce système connus sous le nom  de mondialisation a permis à un tiers de l’humanité de sortir de l’extrême pauvreté, et à de nombreux pays de s’émanciper du sous-développement. Mais la dette des consommateurs compulsifs a atteint des proportions abyssales et suit une courbe exponentielle. Les arbres ne montant pas plus haut que le ciel, s’est faite jour l’évidence d’un danger d’effondrement généralisé. En Europe, c’est la France qui pourrait être le premier domino, mais le plus terrifiant serait que s’effondre le crédit des Etats-Unis. La cavalerie américaine n’est pas celle des western qui vient sauver la situation, c’est celle la débâcle financière qui peut tout emporter.


La dette, on y pense, on en parle et, immédiatement après, on l’oublie. Le mérite, peut-être involontaire, de Trump est d’avoir rendu visible l’éléphant dans la pièce. La folie, ou l’audace, du Président américain est de l’avoir fait au risque de provoquer une faillite mondiale.


Dans cette situation d’endettement général, les mauvais coucheurs tirent la couverture à eux pour faire supporter les sacrifices indispensables par le voisin.


Quand il faudrait se soucier de sonner le rappel des énergies et mobiliser l’élan patriotique pour se mettre à l’ouvrage, l’option reste spectatrice, obnubilée par le feuilleton que lui offrent les médias qui commentent le match, comme si cela ne nous concernait pas, en tout  cas moins que les  résultats footballistiques.


Plus étrange encore est notre représentation nationale qui va se préoccuper de deux lois dont les intitulés résonnent étrangement. La loi sur les soins palliatifs et celle sur la fin de vie. À l’origine, ces deux textes n’en faisaient qu’un. Les motifs de la division sont peu clairs. On hésite entre le désir de ne pas contaminer un sujet par l’autre, et la volonté de mieux faire passer la pilule.


Pour singuliers que soient ces thèmes dans la conjoncture présente, ils sont très hautement symboliques.


Les soins palliatifs. Une loi contre la douleur, il fallait y penser. C’est au demeurant la politique que suivent les Présidents français depuis Pompidou. Le champion aura été Macron, l’homme aux mille millards de plus. Le corps social a été shooté aux allocations, et plongé dans une profonde sédation. Aujourd’hui, l’armoire à pharmacie est vide. C’est sans doute ce que constatera le Législateur quand il voudra décréter la douleur individuelle hors la loi.


Tout aussi significative est le projet de loi sur la fin de vie. Débattant, en vérité, sur l’aide à mourir, le suivie assisté ou l’euthanasie, le Parlement s’interrogera sur ces vieillards surnuméraires que l’on nomme séniors et qui comprendront qu’ils sont une charge pour la société. Un loi de liberté individuelle ou une invitation au départ ? Ils devront aussi penser au sort de ceux qui sont mal dans leur peau, et n’ont qu’une faible utilité sociale. Mais, inévitablement le Gouvernement se demandera si la fin de vie prochaine ne sera pas la sienne, si au détour d’un ou un autre texte ce ne sera pas son suicide assisté, car il ne manque pas de doctes députés volontaires pour l’aider à mourir.


Hélas, c’est aussi la Vème République dont on peut craindre  qu’elle soit prise de lassitude de vivre. Le pronostic vital est engagé dans un régime qui ne voit d’issue que dans les extrêmes. Espérons que dans les prochaines échéances la démocratie donnera de nouvelles preuves de vie.

Pour l’heure, le  doute s’installe car c’est le symptôme d’un mal incurable quand les juges  se mêlent de dicter leurs préférences à l’électeur. La « Justice insultant le peuple », Géricault en aurait fait un tableau.  C’est ce que l’on voit quand des magistrats manient l’inéligibilité comme une guillotine.


Ceux qui trouvent leur compte dans la démolition de la Droite avancent que la Gauche a eu aussi ses condamnés, et que les juges sont objectifs puisque pour Sarkozy, il a été parfois relaxé. Ces arguments sont inopérants, car tous les magistrats ne sont pas des activistes et il suffit que certains soient militants pour gangrener toute l’institution. Il reste indiscutable que la Justice est malade, et pour la guérir il faudra plus que des soins palliatifs.


Que Mme Le Pen soit condamnée pour avoir mésusé des fonds destinés par l’Union Européenne à assister ses parlementaires n’a rien d’une injustice. Mais cette décision de justice pose  néanmoins un problème d’impartialité, car la peine doit être proportionnelle à la faute retenue.


Marine Le Pen n’est pas Jérome Cahuzac, le ministre des finances qui fraudait le fisc et qui a menti effrontément en 2012 à l’Assemblée Nationale sur son compte en Suisse. Ce personnage, assurément peu clairvoyant, avait même, selon Wikipedia, cela ne s’invente pas, été accusé en 2005 de « vol de chien d’aveugle » !


L’anecdote mérite d’être rappelée en toutes lettres : « En 2005, une école des chiens d’aveugles confie temporairement à Jérôme Cahuzac un Golden Retriever nommé Bucky dont le coût est estimé entre 14 000 et 20 000 €. Durant l'été de la même année, l'homme politique déclare le chien perdu, alors qu'il est en réalité caché dans une résidence secondaire du Lot-et-Garonne. Jérôme Cahuzac affirme avoir régularisé la situation en 2012. »


Pourtant, Cahuzac a été condamné en  première instance à trois ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité, et Mme Le Pen, devant le même tribunal de Paris a écopé de quatre ans fermes et de cinq ans d’inéligibilité. En appel, la prison ferme de Cahuzac fut ramenée à deux ans. On sait qu’il s’est présenté récemment à une élection.


S’agissant de Mme Le Pen, le tribunal, à supposer la culpabilité établie, a perdu le sens de la mesure. C’est un fait d’évidence politique dont la première victime est la crédibilité de notre démocratie qui n’avait pas besoin de ce coup en traitre pour frôler la phase terminale.

 
 
 

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