Plus fort que Netflix, la série Les Présidentielles
- André Touboul
- 20 déc. 2021
- 3 min de lecture

Avec une naïveté confondante, à moins que ce ne soit une habileté suprême de professionnels avertis, les communicants, conseils, journalistes, éditorialistes, politologues, sondeurs et autres membres de la gent médiatique, nous narrent les épisodes du feuilleton de la Présidentielle. Chacun y va de son expertise, il faut bien que tout le monde vive. Les extralucides qui lisent dans le marc des sondages sont légion. Ceux qui expliquent que les candidats infléchissent leur discours comme on le fait d’épuisettes à la pêche aux voix… un coup à droite, un coup à gauche, sont cohortes, et les mêmes exposent que la gauche et la droite n’existent plus… le gauche surtout.
Le plus clair de cette agitation des bocaux est qu’elle omet l’essentiel : l’élection présidentielle est une épreuve de vérité. Les candidats des deux sexes y sont passés à la lessiveuse, ils peuvent gesticuler ou pas, promettre ou non, pencher de ci ou delà, regarder en arrière ou vers l’avant, ils ne sont et seront jamais que ce qu’ils sont.
Les plus ridicules sont ceux qui prétendent avoir changé, ils reconnaissent leurs carences et demandent en quelque sorte un deuxième avis du corps électoral. Une seconde chance. La recette leur est vendue à prix d’or par des spins doctors. Elle échoue tout le temps. Le citoyen n’est pas le gogo de foire que croient les camelots des médias. Il sait très bien à qui il a affaire. Il se détermine , non pas en raison des promesses qui ne seront pas tenues, mais de ce qu’il anticipe de la personnalité de chacun, au regard de la conjoncture économique et sociale.
Il est arrivé que les Français fassent un mauvais choix, mais jamais ils ne se sont mépris sur la personne qu’ils avaient élu. Chacune a fait le travail que l’on attendait d’elle.
De Gaulle a décolonisé et mis fin à la guerre d’Algérie. Pompidou n’a pas emmerdé les Français. Giscard a modernisé l’administration de la France en faisant des Français des contribuables fiables, ce qui explique la facilité d’emprunt de l’Etat. Mitterrand a cohabité avec la gauche et la droite. Chirac a fait une politique de gauche en se proclamant à droite. Sarkozy a fait beaucoup de bruit pour rien. Hollande a fait ce qu’il a pu, c’est à dire le contraire de ce qu’il avait annoncé, ce qui n’a surpris personne. Et Macron ? Les Français voyaient en lui une intelligence libre. Il ne les a pas déçus à cet égard. Ils le considéraient aussi comme inoffensif, car incapable de gouverner seul ; il l’a démontré, prouvant que même avec une majorité de députés, on ne réforme pas un pays sans l’avoir convaincu.
D’ici au mois d’avril 2022, il se produira de multiples rebondissements, des événements inédits, des coups de théâtre, mais au bout de la journée du vote, le choix sera en faveur d’une des personnes que les électeurs connaissent maintenant et qui ne changeront pas de nature au cours de la campagne.
Cela n’interdira pas aux professionnels du Netflix médiatique de nous tenir en haleine épisode après épisode. Leur tâche sera d’autant plus aisée que les Français sont addicts à la série Les Présidentielles. On se gardera bien de “spoiler” en divulguachant ici le dénouement.
Disons seulement que l’intrigue se résume ainsi : Le chat et la souris, ou la chatte et le souriceau ? A la fin, c’est toujours un félin qui gagne.
*
Comments