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Plus qu’une simple question d’argent

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • il y a 7 heures
  • 3 min de lecture



L’affaire Cahuzac a été l’occasion pour François Hollande de créer le Parquet National Financier, qui fut ensuite bien utile pour plomber François Fillon dans la présidentielle de 2017, puis d’épingler Sarkozy.  Et bien entendu tous les partis ont, en 2012, dans l’émotion soulevée par le cynisme du socialiste Cahuzac parjure  devant l’assemblée Nationale,voulu renforçer les lois de moralisation. Chacun voulait laver plus blanc que blanc. C’était là, la reconnaissance que, tel qu’il était, le personnel politique était par nature pourri  et a minima suspect. Après l’interdiction du cumul des mandats, cette mise en examen collective fut le dernier clou dans le cercueil de la respectabilité des élus, cabochon qu’ils ont, au demeurant, planté eux-mêmes.


Le  plus important de ces errements d’une classe politique en perdition morale dépasse, bien entendu, le cadre individuel ou celui de tel ou tel parti, il  touche au point crucial du financement de la démocratie.


On évoque, aujourd’hui, à qui mieux mieux, la moralisation de la vie politique, mais, quand force est de constater que tous les « petits » partis ont été, en France, réduits à vivre d’expédients, du FN au LFI en passant par le MODEM, il faut soit décréter que les politiques sont « tous pourris », soit s’interroger sur la viabilité d’une démocratie qui refuse d’assumer le coût d’un débat ouvert, puisqu’elle réserve ses maigres subsides aux formations qui ont obtenu des suffrages et des sièges, et que, même pour ceux-là, les dépassements de comptes de campagne et la jonglerie sont fréquents.


Le système est d’autant plus fermé qu’il oblige les formations politiques à faire l’avance des fonds de campagne et de fonctionnement, avant de recevoir les subsides publics. Ces derniers sont essentiels, car la législation a été de plus en plus restrictive sur les versements privés ; autorisés, puis interdits aux entreprises, et très limités pour les versements privés. Ainsi les partis politiques doivent avoir recours à des crédits bancaires. Le FN s’est heurté, à cet égard, à un refus total des banques françaises, et a un moment a dû souscrire un prêt consenti par une banque russe. On se souvient que François Bayrou avait à cette époque réclamé en vain la création d’une banque spéciale de financement de la démocratie.


L’argent ne fait pas tout, car les partis de gouvernement qui avaient accès à la mane publique et aux avances bancaires, ont, nonobstant, perdu massivement leurs électeurs. Mais il est néanmoins nécessaire, les partis ayant besoin de permanents, de meetings, de tracts… de conseils en communication, d’équipes de tournage… Le débat public devant être équitable, il doit être financé,et paradoxalement, plus un parti dispose d’adhérents et de militants, plus son fonctionnement est onéreux, rien ne coûte plus cher qu’un bénévole, et les cotisations ne rapportent pas grand chose.


Les partis extrêmes (Droite, Gauche et Centre) ont pu grandir, mais en bidouillant les comptes. La pingrerie de l’Etat a poussé ceux-ci à la faute. Les autres aussi, car à plusieurs reprises les comptes des campagnes présidentielles ont fait l’objet de dépassements, d’irrégularités et même d’infractions.


Un système démocratique qui conduit la plupart des candidats et partis à des comportements illégaux est foncièrement toxique, ne serait-ce que parce qu’il  forme et accoutume le personnel politique à l’irrespect de la loi.


Il serait temps d’ouvrir les financements de la vie démocratique plus largement aux particuliers et aux entreprises, ces dernières étant tragiquement absentes du débat politique, ce qui explique, sans doute en partie, la démagogie qui y règne.


Ces interrogations ont agité la scène politique américaine pendant longtemps, et le principe retenu était de n’autoriser que les financements publics.  Cette doctrine a volé en éclat avec Obama qui a fait appel  massivement aux dons privés. Dans le même temps les frais de propagande ont explosé. Aujourd’hui, les concours sont libres, l’afflux des donateurs étant d’ailleurs un des indices permettant de prédire les chances d’un candidat. La seule obligation est désormais celle de la transparence.


Plus q’une simple question d’argent, c’est la crédibilité du vote populaire qui est en cause. En effet, les scrutins du peuple souverain sont le fondement de la démocratie, à la condition qu’ils reflètent des choix libres et éclairés par des débats réellement contradictoires, c’est-à-dire où chaque opinion a pu également s’exprimer.



 
 
 

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