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Quand les stupides font danser les cocus qui donc va payer les violons du bal ?




« Les temps sont difficiles » chantait Léo Ferré pour en dénoncer l’absurdité, on peut en dire autant aujourd’hui de ce que révèle le paysage politique. L’actualité va cahotante de mal en pis.


Les Français ont, dit-on, voulu élire une Chambre sans majorité, donc ingouvernable. C’est vite dit. Pour que le corps électoral exprime une réelle volonté, encore faut-il qu’il se soit prononcé dans des conditions où il a pu mesurer la traduction pratique des choix que les partis politiques en présence lui ont proposés.


Or, jamais les acteurs du théâtre politique ne se sont tant ingéniés à brouiller les cartes. Et, à dire vrai, duper les gens. Il n’est pas question de dire ici que les élections de 2024 n’ont pas été régulières. Mais la régularité formelle ne garantit ni que les électeurs n’aient pas été floués, ni que ceux qui les ont manipulés n’ont pas été stupides de le faire. Au vu des conséquences qui en ont découlé, on peut se poser ces questions.


L’élection, dans les démocraties représentatives, a pour objet de trancher entre des options différentes articulées dans des programmes, même si la part de promesses qui y figurent n’ont pas toutes vocation à se concrétiser. Le titulaire d’un bulletin de vote doit savoir où celui-ci va le mener, c’est la fonction de la campagne électorale de réaliser cette information..


En 2024, la campagne a été si brève et privée de préparation que les programmes ont été soit inexistants, soit délirants. De plus, et sans doute, par voie de conséquence, les arguments proposés ont été à la fois caricaturaux et nombre de candidats se sont présentés travestis.


La caricature a touché le camp du Président, soudain déclaré honni des Français, et aussi le Rassemblement National pestiféré, tout d’un coup re-diabolisé. Les travestis furent ceux du Nouveau Front Populaire, dans les rangs desquels se dissimulaient les LFI, des révolutionnaires avançant masqués. Ajoutant à la confusion, les désistements croisés ont transformés le scrutin en jeu de bonneteau.


Dans ces conditions, on ne peut sérieusement dire que les Français, qui pourtant se sont déplacés en masse, se soient prononcés dans la clarté et en connaissance de cause. Il arrive qu’une élection fasse, à l’usage, des déçus, mais ce qui caractérise cette élection est qu’elle a surtout fait des cocus.


Au premier rang des cocus, ce sont les électeurs de gauche qui ont cru qu’en votant pour le Nouveau Front Populaire, ils faisaient revivre les grandes heures de la gauche humaniste de Léon Blum, voire celles plus troubles mais nostalgiques de Mitterrand. Ils n’ont pas voulu voir, c’est le propre du cocufié que de détourner le regard de ce qui lui crève les yeux,  qu’il y avait une pomme pourrie dans leur pannier. L’union de la Gauche, c’était, en réalité, LFI  qui poursuivait son agenda révolutionnaire et dictait sa loi.


Aucune surprise, puisque le même scénario leur avait été servi avec la NUPES en 2022. Sitôt élus, déjà désunis pour toujours, farouchement irréconciliables… jusqu’à la prochaine élection.


Gageons que le même ragoût sera servi au peuple de gauche pour les prochaines présidentielles. La première fois pour le cocu, c’est un accident, la deuxième, c’est un manque de mémoire, s’il y en a une troisième ce sera une vocation. Tel est le calcul de Mélenchon qui ne méprise rien tant que la gauche molle et veule qu’il manipule à loisir. Cocus, ceux qui l’entendant crier victoire le soir de l’élection ont cru que le NFP allait immédiatement accoucher d’un candidat pour Matignon, sans parler de tous ceux qui ont suivi les palinodies de cette alliance d’un jour, comme si cela était autre chose qu’une pantomime.


Mais cocus aussi, les électeurs nationalistes, dits de droite extrême, qui se voyant promis une victoire dans les urnes, se sont vus opposer une fin de non recevoir par le jeu d’une improbable mésalliance entre le centre macroniste et le NFP dominé par les LFI. Cette combination, certes légale, mais indigne, faisait voter de paisibles citoyens républicains sincères pour élire des dynamiteurs de la République… autre cocufication, douloureuse s’il en est.


Cocus encore, les Français de droite à qui l’on répète que leur pays est de plus en plus à droite, mais voient fondre comme neige au soleil le parti LR qui les représentait, et qui par surcroît ont interdiction de voter pour une extrême droite ostracisée. La France penche à droite, mais sans les Français de droite.


Le plus humiliant pour le citoyen cocufié est de l’avoir été par des traitrises de stupides. C’est, hélas, ce qui est advenu à tous ces électeurs cocus des dernières élections européennes et législatives.


Le personnel politique ose tout, c’est d’ailleurs à cela qu’on en reconnaît les virtuoses. De l’audace ! Toujours de l’audace, encore de l’audace ! s’écriait Danton, mais c’est à la vertu et au courage qu’il exhortait, non pas à la combine et à la mystification. Ceux qui s’emploient à tromper pour gagner dans l’ambiguïté, sont des audacieux souvent les premières victimes de leurs habiletés. Ils sont cette fois surpris par la situation inextricable où les ont placé leurs tricheries. Disons-le simplement, ce comportement est stupide.


Le mal de stupidité semble avoir contaminé l’ensemble de la classe politique française. Il faut, en effet, être gravement atteint par une incapacité à faire face aux événements pour se conduire comme l’ont fait les partis politiques réputés de gouvernement.


Leur inaptitude à affronter les défis de ce temps les a conduit à des discours et procédés qui déconsidèrent la démocratie ; il est évidemment stupide de scier la branche sur laquelle on est assis, et c’est ce à quoi s’emploient les élus.


La dernière manifestation de cette stupidité est le « cordon sanitaire ». Il fait suite au barrage du « front républicain », mais, si le premier pouvait constituer une tactique électorale, le second pratiqué au sein de l’Assemblée élue est une illustration de  cette déraison qui sape les fondements de la démocratie.


Les partis dits « populistes » qui ont vu largement progresser le nombre des voix en leur faveur lors des dernières élections  européennes et législatives seront exclus des postes de responsabilités à la Chambre, y compris de ceux qu’ils occupaient auparavant, du temps où, la démocratie y vivait encore, est-on tenté de dire.


Ces braves gens qui prétendent faire partie de l’arc républicain, ne font que singer ceux qui à Bruxelles ont exclu les formations populistes des rouages du Parlement. Ils voudraient saboter les institutions de la République Française comme celles de l’Union qu’ils ne s’y prendraient pas autrement.


La légitimité démocratique exige que les institutions soient le lieu de rencontre, de la majorité et des oppositions des différents courants, afin de rapprochement des points de vue, travaux en commun et vérités partagées desquels se dégagent, sinon un véritable intérêt collectif, au moins un modus vivendi, modérant la rigueur de la loi de la majorité.


Renvoyer une large partie des Français et des Européens au néant en leur interdisant tout poste de responsabilité dans l’élaboration des lois est une négation de la démocratie. Cela ne pourra que provoquer une hostilité  de ces citoyens aux institutions dont  sont exclus leurs représentants.


Le procédé est d’une rare imprudence, il est, disons-le, stupide.


Cette mise à l’écart des députés européens dits « populistes »ne fera qu’attiser le discours anti-européen, l’imputation d’une oppression anti-nationale dans chaque pays, raviver procès fait aux institutions de l’Union, et ne fera que crédibiliser les discours qui attribuent à Bruxelles toutes les entraves à la prospérité, au solutions locales de bon sens, et à toutes les mesures qui sont pourtant urgentes, notamment pour réguler les flux migratoires. En voulant calmer ses angoisses le Parlement européen a avalé une quantité de tranquillisants qui pourrait s’avérer létale.


Procédant de la même stupidité, l’Assemblée Nationale élue le 7 juillet dernier, décide de corneriser le RN, en lui retirant les fonctions qu’il y exerçait. Là aussi, le message est clair, il s’agit de punir l’électeur qui a mal voté en le privant de représentation. Tout se passe comme si les promoteurs du « barrage sanitaire » avaient décidé de supprimer les droits de vote de plus 10 millions de Français. Plus du tiers du corps électoral. C’est la même musique que celle que l’on entend à Bruxelles. Elle aura les mêmes effets, et même pire.


En France, les questions brûlantes : immigration, autorité de l’Etat, identité culturelle, sécurité… sont largement des thèmes labourés par la droite nationaliste à qui les autres partis ont abandonné ce registre.


Alors que le RN tente, bon an mal an, de s’acheter une conduite, se normaliser, se dédiaboliser, et s’installe de plus en plus sur la scène politique, les autres partis décident de ne plus jouer à son égard le jeu démocratique usuel. Attitude stupide, car cela montre qu’ils craignent le débat d’idées et la confrontation de solutions politiques.


Leurs arguments moraux, au demeurant discutables sur le fond, ne sont pas recevables, dès lors qu’ils se sont acoquinés avec les LFI anti-France, antisémites, anti républicains et anti-capitalistes, pour se faire élire.


Par dessus tout, la stupidité de ce comportement non démocratique est confondante, car elle légitime par avance les entorses à la démocratie que s’autoriseront les populistes s’ils deviennent majoritaires. Quiconque sème le vent risque de récolter la tempête, rappelle Luc Ferry, dans un article récent qui ne parle pas de politique, enfin, pas directement.


Attal et Wauquiez ont su se rapprocher pour créer un pendant au NFP., et lui faire échec pour l’élection à la Présidence de l’Assemblée.  Cette coalition, qui reste à bâtir pour gouverner, est cependant loin de la majorité absolue. Déjà, elle a commis une erreur qui pourrait se révéler fatale en excluant le RN de toute vice-présidence. Cette stratégie est fondée sur le pari que  Jacques Prévert classerait dans ses Paris stupides, de l’explosion du Nouveau Front Populaire.


La stupidité est ici de négliger le fait d’évidence que s’il est vrai que les NFP sont incapables de s’accorder pour choisir un candidat Premier Ministre, ils font bloc dès qu’il s’agit de s’opposer au Centre ou à la Droite.

Imprudemment, Attal et Wauquiez ont ignoré l’avertissement du RN qui a voté pour des vice-Présidentes LFI. Il signifiait que le NR  se joindra à la première motion de censure du NFP, et cela fera tomber le Gouvernement. Ce sont alors les stupides qui seront cocus.


Quand les stupides font danser les cocus ou s’auto-cocufient, ce sont les Français qui devront payer les violons du bal. Espérons seulement que l’orchestre ne sera pas celui du Titanic.


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