top of page

Quand on arrive en ville !

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 20 nov. 2022
  • 3 min de lecture


Chacun se souvient de la chanson de Balavoine où il vantait la stupeur des bourgeois quand les motards arrivaient en ville. C’était, alors une licence poétique, un fait d’imagination, car cela n’arrivait jamais. De tout temps, la voyouterie a eu ses quartiers. Au Moyen Age, la Cour des Miracles était, à Paris, délimitée par la rue Saint-Sauveur, la rue de la Mortellerie et la rue de la Truanderie. A la Belle Époque les Apaches ne s’aventuraient que rarement dans les beaux quartiers. Ils craignaient bien trop les “cognes” qui les repéraient de loin. Mais la nuit, les rues n’étaient pas sûres, et il n’était pas rare de sortir muni d’une cane de défense ou d’une cane-épée.

Plus tard, les Blousons noirs, les Punks, les banlieusards, les loubards chantés par Léo Ferré… ont roulé des mécaniques et défrayé la chronique, mais cette graine de violence était comprise comme une crise d’adolescence d’une jeunesse en rupture de modèle social. Ces rebelles ont lancé des modes vestimentaires, ils ne terrorisaient personne.


Aujourd’hui, les violents, qui ne sont plus seulement des jeunes, loin de là, sont partout chez eux. Dans les “quartiers” qui sont plus difficiles que beaux, mais aussi dans le centre des villes, pratiquement toutes les villes, jusque de par les provinces réputées les plus paisibles. Il y a des quartiers difficiles partout.


Ils contrôlent leurs territoires de cités de banlieue, mais ne s’interdissent pas d’en sortir pour faire des razzias, profitant d’événements sportifs ou de manifestations de protestation sociale. Aucun espace ne leur est fermé, et c’est la police, intimée par le politiquement correct de ne cogner que mou, qui se fait tabasser.


Tel le sifflet de la cocotte minute ces échappements démontrent, non pas un ensauvagement de la société dans son ensemble, car elle aspire à la tranquillité, mais une surchauffe des territoires perdus de la République. Perdus, car ils ont été abandonnés, aux traffics, à l’endoctrinement radical, au chômage indemnisé comme s’il était la reconnaissance d’une faute de la société envers les assistés.


Le fait nouveau, outre son extension à toutes les agglomérations, est que les délinquants ne se considèrent plus comme tels, à la différence de la pègre qui enfreint la loi, mais ne la conteste pas, et de tous les rebelles à la loi qui les ont précédés, ils se pensent et disent victimes de “l’oppression d’une société injuste” qu’ils haïssent, contre laquelle tous les coups sont permis, et toutes les occasions sont aubaines. Cette posture extrême était celle des petits groupes d’anarchistes, et, précisément, c’est un spectacle d’anarchie qui s’offre aux citoyens bonhommes qui forment l’immense majorité du pays.


Les bourgeois étaient vilipendés par la morale du petit peuple ; de nos jours, ils ont disparu au profit d’une classe moyenne. Laborieuse, celle-ci a hérité des valeurs morales de la bourgeoisie. Ouverte aux idées de solidarité, elle voudrait que nul ne reste en arrière de la marche sociale. Et tout autant, elle est critique à toute manifestation de privilège de l’élite, ce petit groupe qui dirige le pays. La première des libertés étant la sécurité, la classe moyenne attend de ses gouvernants qu’ils la lui assurent.

Hélas, cette élite de pouvoir est plus terrorisée par les violents que prête à assumer ses responsabilités. En d’autres termes, la cause du mal de l’insécurité et du malaise qu’il suscite réside essentiellement dans la démission de l’Etat.


La crise que traverse la France est celle de l’exécutif. C’est à dire de son personnel. Toujours plus autoritaire avec la majorité tranquille, et de plus en plus faible vis à vis des minorités turbulentes. Cette élite de pouvoir a été formée dans les catégories du siècle passé ou même du précédent. Elle méprise la classe moyenne qu’elle confond avec les bourgeois rentiers de la révolution industrielle, et elle n’assume pas sa mission de ne pas la trahir. C’est là un faute capitale, car cette classe moyenne est devenue majoritaire et c’est elle qui constitue l’ossature et la musculature du pays. Rien de durable ne se fera sans ou contre elle.



*




 
 
 

תגובות


bottom of page