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Quand on marche à rebours le futur n’a pas d’avenir





Les médias officiels, toujours en mal de références historiques, et prompts à ranger dans la catégorie faits de société tout ce qui vient conforter leurs théories, aussi vite qu’ils qualifient de divers les faits qui les démentent, voient dans les manifestants pro-Gaza qui prétendent bloquer Sciences Po et la Sorbonne une réplique du mouvement de mai 68.


Il y a, il est vrai, une certaine correspondance, mais très précisément en sens inverse, comme d’ailleurs nombre d’aspects de la pensée woke qui croient à rebours et s’imaginent qu’en retournant une chaussette on peut se dispenser de la laver.


Les bloqueurs de facs de 2024 sont aux antipodes de ceux de 1968, ce sont leurs frères, mais ennemis.


En mai 68, il s’agissait d’une jeunesse qui voulait briser les carcans d’une société corsetée, et qui aspirait après les années d’efforts de l’après-guerre de leurs parents, enfin profiter de la vie et de la paix. Ils s’interdisaient d’interdire et prônaient l’amour libre, ils étaient tous des « Juifs allemands ». 


En 2024, le contexte est plus que différent, il est opposé. La guerre vient d’arriver en Europe, les slogans des manifestants sont des cris de haine et de « mort aux Juifs », ils veulent interdire de parole ceux qui ne partagent pas leurs idées. Ils font partie d’une génération qui rechigne au travail, quand  justement il faudrait donner un coup de collier, et qui fait de # metoo, l’alpha et l’omega de la relation entre les sexes, lesquels n’ont plus rien de biologique, mais doivent tout à une culture patriarcale honnie assimilée à un Occident à déconstruire.


A la différence de leurs grands-parents qui manifestaient pour leur propre liberté dans une France qu’ils aimaient, les manifestants propalestiniens  d’aujourd’hui exècrent la France et faute de cause personnelle empruntent celle des Gazaouis comme occasion de crier leur rejet de la démocratie qui les a fait naître. Là aussi, ils pensent à rebours, faisant des Juifs des génocidaires, des atrocités du 7 octobre des faits de résistance et du droit de se défendre d’Israël un néocolonialisme. Dépourvus de pensée cohérente, ils soutiennent le Hamas en faisant semblant d’oublier que ce mouvement islamiste est l’ennemi juré de la cause des femmes, comme l’est son commanditaire l’Etat théocratique d’Iran.


Cet égarement tragique vient de ce qu’ils n’ont eu de maîtres à penser que les sociologues déconstructivistes du siècle passé. Dérida, Bourdieu, Deleuze et autres faisaient du marxisme comme Monsieur Jourdain de la prose. Leur obsession était la critique de la société occidentale à démolir, alors qu’elle seule portait en gestation les progrès d’un humanisme issu des philosophes des Lumières. L’anti-racisme, l’égalité des sexes, l’idéal de paix que seules les démocraties pouvaient garantir, toutes ces valeurs propres à l’Occident, et contredites dans le reste du monde, ne comptaient pour rien aux yeux de ces « vertueux » aveuglés par une obédience collectiviste où l’individu était sensé aliéné, et les masses supposées abruties. 


Les soixante-huitards ont converti à leur élan d’ouverture, et se sont sentis très à l’aise dans la France qui en est résultée. Les trublions de Sciences Po et autres facs ne convainquent personne. Ceux qui disent que la jeunesse a toujours raison car l’avenir lui appartient, se trompent doublement. D’abord parce que ceux qui braillent sont une minorité et qu’il est aussi constant qu’au contact des réalités la jeunesse, qui idéalise à outrance, change d’avis. Le choc avec le réel est d’autant plus sévère que son besoin d’idées simples a été satisfait par des discours éloignés des vérités complexes de la vie.


Il y a, certes, beaucoup à redire sur la société de consommation, fustigée par les penseurs corrects, mais surtout dans la mesure où elle perd toute dimension métaphysique, et certainement pas pour lui proposer un futur désespérément vide, que résume bien le « no futur » de la génération intermédiaire entre celle d’aujourd’hui et celle de 68.


Nous visons une époque explosive dans laquelle ceux qui pensent à l’envers ne réalisent pas pour la plupart que le compte à rebours précède le plus souvent la mise à feu... mais c’est, sans aucun doute, ce que recherchent ceux qui les manipulent. Ceux-là, il opèrent cachés.


On considère comme un fait que l’URSS a été défaite par les Etats-Unis, et que c’est un matérialisme qui a terrassé l’autre. En vérité, ce sont les Islamistes de la guerre d’Afghanistan qui ont vaincu le Communisme, et qui le 11 septembre se sont retournés contre l’Amérique.


Depuis, la bataille des « fous de Dieu » a continué contre un Occident qui confond transcendance et monde virtuel, humanisme et transhumanisme, abandonnant dans un délire anti-spéciste la spécificité de l’espèce humaine qui est d’être dotée d’une âme, faculté inexpliquée dont la présence inexplicable rend nécessaire une pensée métaphysique.


Les orchestrateurs de ce mouvement anti-matérialiste sont les Frères Musulmans qui ont déployé un programme à très long terme pour établir un Califat mondial. Leur stratégie est de jouer sur l’immigration et sa séparation des populations européennes ; au début de manière anodine par des signes extérieurs de religiosité, puis par des contraintes morales de plus en plus strictes.


Ils jouent sur du velour, car, s’il existe des nations sans religion commune, ce ne sont jamais que des différences de rites en réalité compatibles. La politique des Frères Musulmans est d’insister sur les incompatibilités. Dans des sociétés où la religion a perdu pied, et qui de ce fait est devenue fragile et inapte à imposer à ses membres un élan de dépassement qui l’élève au dessus de l’égoïsme de son pouvoir d’achat, l’idée d’une islamisation conquérante n’est pas irréaliste.


La démographie est aussi un moyen d’action dans le temps long pour les Fréristes qui profitent des dérives d’un Occident qui a oublié la leçon de Jean Bodin, le premier des économistes, qui lui enseignait au XVIème siècle qu’il n’y a de « richesse que d’hommes ».


Dans cet obscur combat, les Frères Musulmans peuvent compter sur des alliés parmi les Koufars. En France, ils ont Mélenchon et ses LFI, qu’ils agitent comme des marionettes, profitant de la naïveté confondante de ces infidèles, leurs idiots utiles qui s’imaginent que le chaos leur profitera, alors que leur projet sans Dieu est sans avenir. Oui, quand on va à rebours, les lendemains n’ont pas de futur, car ils sont sans vérité partagée, cette sorte d’espérance pour lesquelles les religions sont sans pareilles.




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