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Qui t’a fait Juge ? Qui t’a fait roi ?

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 16 oct. 2020
  • 2 min de lecture


Dans leur immense majorité, 89% les lecteurs du Point estiment que les magistrats s’arrogent trop de pouvoirs. Même si cet échantillon est peu significatif, il le devient par son caractère massif.


La sagesse voudrait que nos juges s’interrogent sur cette réalité.

Par leur intransigeance qui les montre massivement déterminés à « choisir » le Ministre de la Justice, comme si celle-ci était leur chose, ils confirment leur corporatisme, et se coupent encore plus de la population française.

On peut n’avoir aucune envie de défendre Me Dupond-Moretti, qui est, au demeurant, apte à se défendre tout seul, et qui le prouve en évoquant le « mur des non », mais l’on doit s’émouvoir de la cabale des magistrats contre leur nouveau Ministre de la Justice. A les en croire, il aurait bien des torts : celui d’être avocat, et ceux de les avoir critiqués, d’avoir été plaignant dans l’affaire des avocats espionnés et d’avoir ordonné un enquête sur le Parquet National Financier. Les torts sont cependant du côté des plaignants.

Eric Dupond-Moretti est loin d’être le premier avocat à occuper les fonctions de Garde des sceaux. Ce reproche corporatiste n’est donc pas recevable, il est même outrageant, car il dénote le mépris dans lequel les magistrats tiennent ces auxiliaires de justice aussi nécessaires que le sont les juges pour que la Justice soit digne de ce nom. Nos bons Juges devraient aussi se souvenir qu’il y eut un pape avocat, Clément IV, que sur 23 présidents de la République onze furent avocats, aucun ne fut magistrat. Ce n’est donc pas déchoir que d’être dirigé par l’un de ceux qui exercent profession de défendre, tout aussi noble et ancienne que la leur qui reste de juger, mais dans les limites de leurs compétences.

Il n’est pas plus admissible qu’une corporation, la leur, s’estime au dessus de toute critique, donc de toute réforme, la perfection n’étant pas de ce monde.

Avec prudence, le Garde des Sceaux s’était désisté de sa plainte dès sa nomination. On peut douter qu’il ait eu raison, en effet, il n’y a aucune incompatibilité entre la qualité de plaignant dans une affaire particulière et la fonction de Ministre de la Justice. En contestant cela, les Juges se ridiculisent, car ils laissent entendre que leurs collègues en charge de l’affaire seraient sensibles aux pressions, ce qu’évidemment, ils ne sont pas.

Il n’est absolument pas interdit, enfin, pour un Ministre d’ordonner une enquête sur des faits dont il aurait été personnellement victime. C’est même un devoir d’objectivité. Là aussi, le lui reprocher, c’est faire injure aux enquêteurs en présupposant qu’ils pourraient être partiaux. Connaissant nos magistrats, on aurait plutôt tendance à croire que l’intérêt politique du plaignant aurait été de laisser planer le doute, car il est certain que le rapport à venir sera une opération de blanchiment. Circulez, il n’y a rien à voir !

Les Magistrats, nostalgiques d’une justice royale octroyée, ont tendance à croire que la Justice est leur chasse gardée. ils se trompent. Ils n’en sont qu’un élément, essentiel, mais partiel. Il y a aussi, et de façon impérative, les avocats, sans leur présence la Justice n’est qu’une mascarade.


Les Juges ont une tendance fâcheuse à se prendre pour des défaiseurs de rois, et mésuser de leurs pouvoirs, mais comme avertissait Georges Brassens : Gare au gorille !


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