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Réflexions sur la façon de voir les choses, la loi de Newton, et celle de Huygens

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 21 janv. 2023
  • 5 min de lecture

La mode est aujourd’hui de parler des demi-habiles. On les définit comme la classe moyenne de la pensée, et on les affuble de toutes les sottises qui traînent dans l’univers de nos moralisateurs modernes. Ce sont les indignés et les coléreux. Xavier Patier les caractérise surtout par le fait qu’ils ne vont jamais au bout de leur raisonnement. Bref, ce sont des idiots.


Mais, qui peut se vanter d’aller au fond des choses et d’avoir la raison avec soi ? La raison absolue, est un article qui n’existe pas en magasin de grandes surfaces. Le raisonnable dépend de l’intelligible, lequel est subordonné aux instruments de pensée, ; ceux qui permettent de donner au monde d’aujourd’hui sa cohérence. On dit aujourd’hui, car dans l’Antiquité et au Moyen Âge, on mangeait avec les doigts, et la pensée était moniste : l’univers était explicable par la découverte des briques élémentaires qui le constituaient, ses atomes, littéralement insécables. La Renaissance a vu la fourchette et le couteau s’imposer, et progressivement la pensée dialectique est née. Grace à son aspect dynamique elle rendait compte d’une réalité plus profonde, révélée par l’opposition des contraires. Ainsi passait-on de Leibniz à Hegel.


Depuis la fin du 20ème siècle cette pensée dialectique semble incapable de rendre compte de ce que les observations de plus en plus fines nous apprennent. Peu à peu l’on prend conscience de ce que la réalité est plus complexe que ne permet de le prédire l’analyse dialectique.


Hélas, si des bribes d’un nouveau mode de pensée commencent à se manifester ici ou là, il n’en existe aucune théorie générale.


Cette incapacité à aller au fond des choses de manière systématique et, bien entendu, partagée (car il n’existe pas d’instrument de pensée efficient s’il reste solitaire), crée une frustration et nous condamne à être des demi-habiles, qui, par l’effet ressenti de leur impuissance, vont de la colère, à la résignation en passant par l’indignation.


L’univers post-dialectique est instable. Il l’est d’autant plus que la dialectique se rebiffe, et fait obstacle à l’émergence d’un nouveau mode de pensée. A la Renaissance les monistes interdisaient ou brûlaient les livres qui les dérangeaient dans leurs certitudes, ainsi furent refusées les théories de Copernic et Galilée, ainsi furent justifiés les autodafés. On alla même jusqu’à brûler des hommes qui pensaient hors de la norme comme Giordano Bruno.

Aujourd’hui aussi on excommunie et l’on brûle. On n’en a pas conscience, mais c’est au nom de la dialectique. C’est pourtant l’opposition des contraires qui fait tout réduire à de simples conflits. Conflit raciaux, conflit entre le sexes, conflits entre les nations.


Le racialisme n’est rien d’autre que l’incapacité d’analyser les rapports humains en d’autres termes que ceux d’opposition des contraires. Il en est de même pour le féminisme radical. Au besoin, on exhume des oppositions du passé pour inventer le dé-colonialisme.

A force d’être ressassée la dialectique crée des erreurs de parallaxe qui enkystent de vrais conflits. Et d’incompréhension en quiproquo, on en vient à se faire la guerre.


Si l’on ne veut pas revenir au monde conflictuel du siècle dernier, il est temps de remettre la dialectique à sa place. Il est temps de la remplacer par des analyses qui tiennent compte des solidarités que le monde actuel impose du fait du climat, de la démographie, du rétrécissement de la planète, de l’existence de l’atome militaire, mais aussi civil.


Penser le monde de manière post-dialectique est la seule possibilité de dépasser les conflits pour cultiver les solidarités.


Le mode de pensée, qui est très simplement la façon de voir les choses, détermine nos actions ; en utiliser une version obsolète conduit au désastre.


Il est singulier de tenir ce discours dans une période où les relations entre les nations se durcissent jusqu’à la guerre de haute intensité. Mais, justement, l’on verra d’autant plus vite que ce mode dialectique de résoudre les problèmes est inadéquat. De tout temps, les hommes sages ont déclaré la guerre absurde, mais jamais il n’est apparu de manière aussi aveuglante que la guerre ne règle rien. En tout cas, elle ne résoudra aucun des problèmes cruciaux d’aujourd’hui. Peut-on faire la guerre au climat ?


Sans doute, devrait-on s'interroger sur les aspects généralisables de la loi la plus puissante qui soit : celle de la gravitation universelle.


Supposons que les lois physiques générales s’appliquent aussi aux relations des humains entre eux. Une telle hypothèse n’aurait rien d’incongru, puisque les hommes sont, certes des systèmes complexes, mais ils font partie de la nature. La force la plus importante de l’univers est celle de la gravitation, c’est-à-dire celle qui rapproche et tient les choses ensemble. Dans les affaires humaines, elle explique que les groupes se forment et que les solidarités s’exercent. On peut ici évoquer la loi de Newton.


Mais, si la gravitation était seule à opérer on assisterait à un Big Bang inversé, le monde se réduisant en un seul point. Ceci ne se produit pas, en raison de la force centrifuge qui elle est inhérente au mouvement.


Christian Huygens la décrit en précisant qu’elle est fonction de la vitesse. Appliquée aux relations humaines, cette force veut que les changement rapides jouent contre les solidarités, comme un véhicule est attiré vers l’extérieur d’un virage.


Comprendre le monde des hommes, c’est percevoir ses solidarités, mais aussi ses forces centrifuges.


Nous vivons une période de mutations technologiques d’une grande vitesse, ce mouvement ne joue pas en faveur des solidarités. Il faudra quelques temps pour que ces révolutions successives, informatique, commerciale, industrielle, soient digérées. En d’autres termes, pour que s’y installe une morale.


Dans l’intervalle, les dangers majeurs, climatique et de pollution, créent plutôt des dissensions. Chacun tire la couverture à soi. Mais quand l’on aura compris que les gains que l’on peut attendre de l’agressivité sont marginaux, il faudra bien revenir à la solidarité, et la la loi de Newton.


Selon la formule de Newton on peut lire que la force d'attraction F est égale à une constante G multipliée par m1xm2 (les masses respectives) mais divisée parle carré de la distance d² .

Appliquée à la guerre en Ukraine comparée aux autres conflits, on peut y lire que ce qui est massif et proche de nous exerce une force plus importante, que ce qui est petit et éloigné.


Ainsi sommes-nous plus sensibles à l'Ukraine qu'à l'Afghanistan, à la Somalie, au Yemen, à la Syrie, au sort des Rohingyas ou encore des Ouigours...


Il n'y a pas d'autre explication que la loi de Newton, et c'est se faire des nœuds au cerveau que d'aller chercher du racisme là où il n'y a que l'effet d'une loi mécanique universelle.


La gravitation, appliquée aux affaires humaines, devrait nous conduire à privilégier en tout les solidarités.

Cette position de principe consiste, à l’égard de ceux qui continuent à « jouer perso » comme certains autocrates belliqueux, à appliquer la fameuse Asshole rule. Cette règle consiste à éjecter du corps social les malfaisants qui l’empuantissent. Avec Wladimir Poutine, il n’y a pas d’autre solution.




 
 
 

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