Se repentir, oui, mais à bon escient
- André Touboul
- 18 avr. 2021
- 2 min de lecture

La vraie trahison de de Gaulle n’est pas son « je vous ai compris », lancé aux pieds noirs en 58, mais sa décision reconnue par Peyrefitte dans « C’était de Gaulle », de ne pas protéger la population civile à Oran, le 5 juillet 1962. En conseil des ministres du 24 mai 1962, il déclare : « La France ne doit avoir aucune responsabilité dans le maintien de l'ordre après l'autodétermination. Elle aura le devoir d'assister les autorités algériennes, mais ce sera de l'assistance technique. Si les gens s'entre-massacrent, ce sera l'affaire des autorités algériennes ». Jamais les Britanniques n’auraient commis un tel crime d’abandon de leurs nationaux au couteau d’assassins.
Et il y eut effectivement des massacres, les Algériens tuant notamment à Oran, ceux « des gens » dont parlait de Gaulle et qui étaient des citoyens français. Peu de temps auparavant, l’armée française avait veillé au désarmement. des Territoriaux. Délibérément la population civile fut livrée sans défense aux massacreurs.
Selon l’accord passé à Evian avec les Algériens le général Katz, commandant la place, ne pouvait intervenir qu’à la demande du préfet algérien. Il ne pouvait intervenir qu’à la demande des assassins.
Le responsable de ce crime que l’on a appelé « les massacres d’Oran », n’est pas seulement le général Katz, surnommé « le boucher d’Oran » pour avoir laissé faire, mais d’abord Charles de Gaulle dont il a exécuté les ordres.
Comme on le fait chez les mafieux l'exécutant indigne fut récompensé.
Le général Katz faisait l’objet un mois plus tard, le 4 août, d’une citation à l’ordre de l’armée comportant l’attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme pour, entre autres et comble du cynisme : « avoir su rétablir et préserver avec force et dignité l’autorité légale et l’ordre public».
Muté en Allemagne, à Coblence, il y est poursuivi par des commandos de l’OAS. Il est nommé fin 1963 à la tête de la région militaire de Bordeaux, avec rang de "général de corps d'armée". Début 1968, Edmond Michelet et Jacques Chaban-Delmas obtiennent du président de Gaulle que Joseph Katz soit élevé au rang et à l’appellation de général d'armée.
Ainsi, en ce temps-là, on récompensait l’obéissance dont on dissimulait l’ignominie sous les honneurs.
C’est en souvenir de ces crimes qu’Emmanuel Macron devrait faire repentance, comme pour avoir abandonné à la mort des milliers de Harkis, ceux qui avaient commis l'erreur de choisir la France.
Se repentir, pourquoi pas, mais alors à bon escient, et sans y perdre son honneur.
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