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Tableau de chasse du mur des cons

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 2 mars 2021
  • 4 min de lecture


Considéré comme un traître à la gauche, Emmanuel Macron aura du mal à mobiliser le front républicain pour faire barrage à Marine Le Pen. Plusieurs observateurs commencent à le donner comme fait établi. On peut le comprendre, car si, étant de gauche, l’on peut voter pour un candidat de droite en se bouchant le nez, il est difficile de soutenir celui en qui l’on a cru et qui a trahi. François Hollande en a fait l’amère expérience. Il est donc impératif pour le Président actuel de pratiquer une OPA sur l’électorat de la droite modérée.

A cet égard, la condamnation de Nicolas Sarkozy à de la prison ferme le 1er mars 2021, n’est pas une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron, mais un coup dur.

Indépendamment des sarkozistes fonciers qui ont conservé leur estime à l’hyper-Président, son influence sur l’ensemble de la droite française est incontestable. Ce qui est très largement, c'est à dire au delà de la droite, considéré comme une manifestation de la vindicte de juges rouges à l'encontre d'un politique qui les indispose, risque d'être imputé à Emmanuel Macron, tant il est constant que l'on croit, en France, que le Président en place décide de tout.


La réalité est toute autre. Elle est la preuve d'une manifestation de mauvaise humeur d'un monde judiciaire qui n'a pas digéré la nomination de Dupond-Moretti place Vendôme. La demande au Conseil Supérieur de la Magistrature d'un rapport sur la responsabilité des magistrats, par chef de l'Etat, montre que la poutre travaille dans cette partie du bâtiment de la République. Dans ce contexte, la proximité affiché entre Macron et Sarkozy, a pu jouer en défaveur de ce dernier.


Ils en rêvaient depuis des années, les juges ont inscrit Nicolas Sarkozy à leur tableau de chasse. Il faut dire que les condamnations de leaders de droite sont habituelles : Juppé, Chirac, Fillon, Sarkozy et bientôt Balladur... les juges français ont leurs têtes, on le sait depuis le « mur des cons », où en bonne place figurait Nicolas Sarkozy.


Sur le fond, la condamnation est incompréhensible. Des intentions, non suivies d’exécution, le juriste sait que cela est répréhensible, mais le citoyen a du mal à le croire. En l’espèce, il semble même que les intéressés aient de leur propre initiative renoncé, c’est cet aspect du dossier qui posait un problème juridique et avait motivé les barbouseries du PNF qui n'a pas hésité à pratiquer l'espionnage d’une dizaine d’avocats soupçonnés d’avoir prévenu le prévenu, de sorte qu’il n’aurait pas renoncé de son propre chef à son projet, ce qui faisait disparaitre l'infraction. La Justice s’égare d’autant plus que les accusations de trahison volent bas au PNF lui-même.


La condamnation dans ces conditions ne pouvait être que le fait d’une Justice politique.

Il n’est pas nécessaire que les juges soient au service du pouvoir pour qu’il y ait une justice politique, il suffit que les magistrats obéissent à des préférences partisanes. Or, en l’espèce c’est clairement ce qu’on fait les juges.


Ainsi ressurgit le problème de l’élection de l'actuel Président « par effraction », et à la faveur d’un « coup judiciaire ». On ne peut que constater que tous ses principaux opposants sont poursuivis pénalement de Le Pen à Mélenchon.

Lors des prochaines élections présidentielles, Emmanuel Macron apparaîtra, qu’il le veuille ou non, comme le candidat d’une justice gangrenée par l’idéologie et ses inimitiés.


On comprend alors que devant le risque qu'il se fasse "flingué" par une cabale judiciaire, la droite attende le dernier moment pour désigner son candidat. Ainsi, privée de concurrence, et sans avoir a se donner le moindre mal, Marine Le Pen capitalise l’image de la candidate antisystème. Elle bénéficie seule de la pulsion populaire qui à chaque élection, et cette fois plus encore, est tentée par le coup de balai.


De même que les médias sont dans les tréfonds de l'opinion, peu crédibles à force d’être loin des réalités, la Justice est considérée comme complaisante avec les criminels qui empoisonnent la vie quotidienne. Ni les uns ni l’autre ne se rachètent en faisant montre de parti pris à l’égard de ceux qu’ils présentent comme les puissants, mais qui ne sont que du gibier de potence en puissance. Plus personne ne croit aujourd'hui au mythe d'une Justice complice des dirigeants politiques. Il y a eu l'époque où les chefs d'entreprise étaient dans le collimateur des juges. C'est depuis une vingtaine d'années le tour des politiques.


Ce n'était certainement pas son intention, mais en mettant Sarkozy hors jeu, la Présidente Mée a libéré la candidature de droite d’une hypothèque. S’il est désormais patent que les juges entendent jouer un rôle politique, leur art en la matière reste à démontrer. Là encore, Emmanuel Macron a perdu la main, car il ne peut désormais plus compter sur Nicolas Sarkozy pour lui apporter la clientèle de droite sur un plateau. Il le pouvait, ne serait-ce qu'en soutenant un candidat peu dangereux pour Macron.


Ainsi la victime collatérale de la condamnation de Sarkozy pourrait bien être Emmanuel Macron.


Seule une sortie triomphale de la crise sanitaire et économique pourrait sauver le Président, c’est sans doute l’une des raisons qui l’ont poussé à jouer son va-tout, contre la nomenklatura médicale. On ne peut que l’espérer, car cela voudrait dire que réussissant son pari, il a gagné le nôtre. Hélas, rien n’est moins sûr. Et encore rôdera sur le scrutin de 2022 l'ombre de l'échec cuisant de Winston Churchill en 1945, vainqueur de la Seconde guerre mondiale, et battu aux élections britanniques par un Clément Atlee aussi falot que le vieux lion était brillant. Dans les grandes crises, la victoire elle-même n'est pas une garantie.



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