Tremble carcasse !
- André Touboul
- 14 oct. 2021
- 3 min de lecture

Sur les ondes de la radio d’Etat on pouvait ce mercredi entendre déclarer pour s’en féliciter que dans les relations hommes/femmes la peur avait changé de camp, mais apparemment la bêtise aussi.
Selon la parole officielle, il est bon que les hommes tremblent devant les femmes. On savait que les délirantes en rêvaient, mais l’adoption de cette balourdise comme une vérité sociale est un pas qui ne sera pas franchi sans dommage. Qui peut croire, en effet, que les hommes seront assez stupides pour servir de paillasson à des viragos décervelées, et pour les laisser déconstruire un idéal de relations égalitaires où chaque sexe a néanmoins son identité.
Les négationnistes du genre s’en sont récemment prises à J.K.Rawlings. La créatrice d’Harry Potter a été mise a l’index pour avoir osé déclarer qu’il existait une différence biologique entre les hommes et les femmes, ce que les enfants de cinq ans savent sans que l’on ait besoin de le leur expliquer. La différence physiologique entre les hommes et les femmes nécessite une protection de ces dernières, ceci démontre, à l’évidence, que les deux sexes ne sont pas identiques.
Cette protection n’autorise cependant pas à organiser une chasse à l’homme systématique, ni à accuser la virilité de tous les maux. N’en déplaise à certaines, les valeurs viriles ne sont pas des tares, et il est doux de célébrer celles de la féminité.
A propos de violences perpétrées contre un jeune homme dans une banlieue que l’on dit perdue pour la République, une journaliste affirmait récemment très sérieusement que l’homophobie était inséparable du patriarcat, car elle reposerait sur l’accusation de manque de virilité. Cela n’est vrai ni historiquement, ni actuellement. L’homosexualité faisait partie de l’éducation de l’élite chez les Grecs, et n’était pas un scandale chez les Romains. On disait de Jules César qu’il était l’homme de toutes les femmes et la femme de tous les hommes. Les sociétés grecques et romaines étaient patriarcales et les qualités viriles n’y interdisaient en rien l’homosexualité. Les écarts avec une sexualité encadrée n’ont commencés à être criminalisés qu’à partir du Moyen Âge, sous la pression du christianisme. L’adultère, l’homosexualité, les relations hors mariage ont été pourchassées par un conformisme qui ne s’est estompé qu’avec le recul du religieux. C’est un contresens que d’imputer à la virilité ce qui revient à la religion.
Néanmoins la mode est à une curée dont les mâles font d’autant plus les frais qu’ils sont haut placés. Quand une ex-Premier ministre danoise accuse feu Giscard d’Estaing de gestes inappropriés, on n’est plus dans le féminisme, mais dans la sotise. Que Giscard ait été un joli cœur, et s’en soit vanté avec peu d’élégance n’autorise pas à l’accuser post-mortem. Le pire des effets de ce genre de déclaration est qu’il jette un doute sur des plaintes bien réelles et justifiées.
Certaines femmes croient qu’il suffit d’accuser pour être victime. Par bonheur, devant les juges, il en faut un peu plus, mais au tribunal des médias, la cause est toujours entendue d’avance. Le mâle est violeur et harceleur, c’est sa nature. On pourrait même dire que c’est la fonction qui lui est assignée par un féminisme revanchard.
La mauvaise foi et l’accusation sans preuve à l’encontre de qui ne peut se défendre, parce que mort ou présumé coupable, sont sœurs jumelles.
Il y a désormais une certaine fatigue de l’opinion qui peine à s’indigner pour des offenses qui paraissent bien banales, à les supposer vraies, car les fantasmes ne sont pas une exclusivité masculine.
Au fond, la Danoise, Mme Thorning-Schmidt, puisqu'il faut la nommer, rejoint Giscard qu’elle épingle à son tableau de chasse. Il est pas sans ironie que cette confidence ait pris place dans un livre que l’intéressée a intitulé avec une surprenante naïveté « Considérations d’une blonde ». Il s’agit, à l’évidence, de ce que les machistes canadiens appellent une histoire de blonde.
On ne sait si la peur a changé de camp, ou comme l’on dit chez les amateurs de rugby, les mouches ont changé d’âne, mais disons-le clairement : c’est quand le cochon ne sera plus dans le maïs que la cabane tombera sur le chien.
Il reste de toute cette agitation le sentiment diffus que certaines voudraient déclarer la guerre aux mâles, une de plus… et, l'on se souvient de ce que le Maréchal de Turenne a dit à son cheval en allant au combat : « Tu trembles carcasse, mais tu tremblerais bien d’avantage si tu savais où je vais te mener ! ».
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