Trump, la tentation et la punition des Républicains, mais pas seulement
- André Touboul
- 17 janv. 2021
- 2 min de lecture

En se soumettant à Donald Trump, le Parti républicain à vendu son âme au Diable. Ce pari faustien de rajeunissement était tentant. On pouvait surfer sur les vagues peu ragoûtantes des extrémistes, et donner, sans se salir les doigts, des gages aux angoissés du déclassement culturel et économique.
Trump s’est carbonisé en incitant ses partisans à marcher sur le Capitole, il a été destitué sur les réseaux sociaux qui avaient fait son pouvoir, il est poursuivi comme parjure devant le Congrès et récemment, comble de la déchéance, le Royal et ancien de Saint Andrews vient de le stigmatiser comme tricheur notoire au golf. On se demande où s’arrêtera la descente aux Enfers, mais n’est-ce pas là, la place du Diable.
Certes, le parti de l’éléphant aura à pâtir de s’être laissé cornaqué par Trump, mais les Démocrates vont avec lui perdre leur meilleur ennemi. Il leur faudra affronter la réalité des gigantesques problèmes que la réthorique ne suffit pas à faire disparaître.
La société américaine est malade de sa désunion, et cette pathologie provient de son incapacité à se penser comme nation. Les Américains sont de moins en moins américains et de plus en plus communautarisés. Les Noirs, les Blancs, les Gros, les Italos, les Afros, et les Latinos... les Créationistes, les Scientologues, les Mormons, les Evangélistes, les Juifs, les Musulmans, les Catholiques... tous les adjectifs deviennent des substantifs. Au lieu d’être des qualités, ce sont des essences majuscules.
Faire nation, ce problème n’est pas seulement américain. Il ne suffira pas de fermer les frontières pour resserrer les rangs. Les communications passent au-dessus des oreilles des douaniers.
Citoyens du Monde, les individus se regroupent en contrepartie dans des entières à taille plus humaine. Ils se réunissent d’autant plus en communautés qu’ils se sentent isolés dans une planète sans véritable cohésion.
Aux Etats-Unis ce mouvement global est particulièrement sensible, par le fait que la notion d’appartenance communautaire est déjà dans une culture où le melting pot a laissé plus de grumeaux qu’il n’a uniformisé la sauce.
Le roman américain n’enchante plus le Monde et même la société US voit sa grandeur derrière elle. Make America great again, c’est bien reconnaître qu’elle ne l’est plus. Elle n’en a plus l’envie. Vainement, on a présenté la Chine comme un nouvel ennemi, une nouvelle frontière à conquérir pour une nation de pionniers. Les américains n’ont pas encore pris conscience que le système politique chinois n’est pas le leur. Il en prend l’apparence, à la différence de celui de l’URSS, qui en affichait le contrepied, mais il est profondément communiste. Quand l’homme de la rue américain percevra que son ennemi, celui qui menace son mode de vie n’est pas "de l’autre côté de la rue", mais au delà du Pacifique, il redeviendra nationaliste.
Le seule chance de l’Occident est que la Chine a montré par son histoire que l’expansion hors de ses murs n’était pas essentielle, sa priorité étant le contrôle interne. Au premiers revers extérieur qui font vaciller le régime hyper-bureaucratique, l’Empire du milieu se referme comme une huître.
*
Comments