Un homme (ou une femme) providentiel pour réformer l’Etat providence ? Ni probable, ni souhaitable
- André Touboul
- 25 janv. 2021
- 3 min de lecture

C’est le rêve de beaucoup, Même F.O. Gisbert s’y laisse aller. Et à propos de Macron, il laisse tomber « 2022 : n’est pas de Gaulle qui veut, et la France sujette à toutes les affres attend désespérément le ou la démiurge qui saura lui parler et la réinventer. »
L’aspiration à un sauveur ne sera probablement pas satisfaite, car de quelque coté que l’on regarde, il n’y a pas de talent de cet acabit « en réserve de la République », pour reprendre l’expression utilisée pour Georges Pompidou fin 1968.
Les espoirs que l’on pouvait placer en Emmanuel Macron, à la pensée disruptive, se heurtent au principe de réalité. La pensée ne suffit pas, ni même la volonté, il faut que l’action suive. Or Macron est une tête sans bras. Ou plutôt, dont les bras se croisent obstinément.
Il reste le seul à croire en sa capacité de réformer la France.
Qui le pourrait ? Sans doute personne. Et rien n’y fera, si ce n’est la prise de conscience de l’ensemble du peuple français de la toxicité de l’élite administrative qui le gouverne.
La crise sanitaire du covid à décillé les Français, ils voient désormais l’Etat tel qu’il est. Pas seulement obèse, cela ils le savaient déjà, mais impotent et incapable de les protéger. Ce n’est pas par hasard que le Président en place s’accroche à ce slogan : « protéger les Français ». C’est justement ce que son administration ne fait pas. On croyait que l’Administration était lourde, mais savait organiser, en vérité elle ne sait que contraindre. La logistique est, plus que la discipline, la force principale des armées ; nos grands commis ne veulent pas se commettre dans cette activé subalterne. On l’a constaté tout au long des étapes de la crise, le discours d’un gouvernement privé d‘intendance se limite à rejeter la responsabilité de ses carences sur l‘indiscipline des Français.
Pour les prochaines élections présidentielles, quiconque promettra de libérer le pays de la dictature bureaucratique, sera élu. Emmanuel Macron sera-t-il crédible dans ce rôle ? On peut en douter, vu son incapacité à réveiller la bureaucratie qui dort.
Commandant en chef dans la lutte contre la pandémie, il bénéficie d’une popularité non négligeable, celle du capitaine dans la tempête, mais on le sait en colère contre ses ministres, et il s’agace en dénonçant 66 militons de procureurs, n’excluant de son ire qu’un million de Français (qui sont 67 millions), sans doute des nourrissons. Rien de surprenant à ce qu’il soit devancé dans les soudages d’intentions de vote par Marine Le Pen.

Dans son ouvrage sur Macron, Alain Duhamel envisage de possibles candidats de droite, et juge légères leurs chances de l’emporter. Il ne parle pas de Michel Barnier, et il a tort. Cet homme s’est tenu hors du marigot politique, il s’est consacré à amortir le choc du Brexit, avec patience, détermination et un certain succès. Il a aussi démontré qu’il savait maintenir dans la tempête la cohésion des 27, ce qui n’était pas gagné. Pour peu qu’il s’abstienne de déclarations idéologiques, et promette une présidence pragmatique, libératrice des contraintes inutiles, ainsi qu’une vraie réforme de l’Etat que Macron n'a pas su faire autrement qu'en paroles, il sera élu dans un fauteuil. La droite saura-t-elle fabriquer un leader à partir de ces potentialités ? Si elle laisse passer cette chance, elle aura droit à son titre de « plus bête du monde », décerné par Guy Mollet en 1957.
Le scénario de l’autodestruction serait la réédition de l’affaire Fillon, plus flingué par son camp que par la cabale montée par l'élite d’Etat, et qui malgré cela obtint une troisième place, 7,2 millions de voix, 400.000 derrière Marine Le Pen.
En toute hypothèse, il est illusoire de vouloir un homme (ou une femme) providentiel pour réformer l’Etat providence agonisant. Les Français ne devront compter que sur eux-mêmes pour faire la révolution pacifique d’un peuple qui ne croit plus que l’Etat lui veut forcément du bien, et se souvienne que le premier mot de sa devise est liberté. C’est l’évolution des mentalités qui fera ce travail, et peu importe qui sera au sommet, il sera porté par le consensus populaire. Il serait même souhaitable qu’il soit le moins encombrant possible, le moins aventureux. Une sorte de Joe Biden de droite. L’ambition des grands hommes ne conduit pas toujours les peuples là où ceux-ci le souhaitent.
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