Un monde de tyrannosaures ? No way !
- André Touboul
- 28 janv. 2023
- 3 min de lecture

Un certain nombre de voix prétendent que l’on aurait le choix face à l’agression russe sur l’Ukraine. Ces bonnes âmes exposent que la paix vaut mieux que la guerre, ce qui est une évidence dont tout un chacun conviendra, mais en relisant Kant et son traité de la paix juste, ils se souviendraient que toute paix n’est pas bonne à prendre.
Leur erreur est qu’ils ne voient pas que ce qui est mis en cause par la Russie, c’est le monde dans lequel on vit. Ils raisonnent comme si le droit international était un acquis définitif et qu’il suffirait de déposer les armes pour y revenir. Or, si, par malheur, la Russie de Poutine sortait vainqueur de l’aventure ukrainienne, ce serait l’enterrement de ce monde là. La loi, la seule, serait désormais celle du plus fort.
Il est déjà très imparfait, ce monde des nations dites unies. Les puissants n’y ont pas le même poids que les autres. Mais, au moins, il exige que l’on respecte les formes pour user de la force armée, et surtout que l’on s’abstienne de guerre de conquête.
Si l’on souhaite le retour d’un nouveau vingtième siècle, le plus sanglant de l’histoire de l’Humanité, on peut laisser faire Vladimir Poutine. Monsieur Xi lui emboîtera le pas. Quand le mouvement est engagé, rien ne l’arrête. Les empires sont des Etats insatiables, car leur logique est dans l’expansion.
La seule manière de signifier que nous ne voulons pas de ce monde de tyrannosaures prédateurs est de dire non à Moscou. Un non ferme, massif et définitif, sans ambiguïtés ni tergiversation. No way, qui se traduit imparfaitement par »pas question », pourrait bien résumer cette position.
Il serait aussi temps de dire aux Russes, par une déclaration conjointe et solennelle des Pays de l’OTAN, que les Occidentaux n’ont rien à gagner à faire la guerre à la Russie, dès lors que celle-ci n’est pas pour eux une menace. Êtes-vous une menace pour nous ? Telle devrait être la demande faite chaque jour aux Russes. Ils finiront bien par entendre.
En revanche, au lieu de mégoter sur la fourniture d’armes à l’Ukraine, les Européens devraient annoncer haut et fort qu’il n’existe aucune limite à celles-ci. Actuellement chacun dit que l’on soutiendra les Ukrainiens jusqu’à leur victoire, mais en même temps on déclare que l’on s’interdit de livrer certaines armes. Il faut d‘urgence mettre fin à ce hiatus.
Ceci évidemment nécessite de dire ce que l’on entend par la victoire de l’Ukraine. Il faut annoncer très clairement que ce ne peut être autre chose que le retrait des troupes russes du sol ukrainien tel que défini par le droit international. C’est-à-dire des territoires occupés en 2022, mais aussi en 2014. Etant observé que les populations de ces territoires devraient être consultés ensuite, selon les normes internationales sur leur indépendance.
Il n’y a pas d’autre solution que de revenir au droit des nations, et en particulier au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ces principes ne se négocient pas, car sans eux notre monde retourne à la barbarie. Ni capitulation, ni négociation, non décidément il n’y a aucun choix autre que l’épreuve de force, que l’on perdra si l’on y va à reculons. Tant que le Kremlin pourra espérer que l’Occident faiblira, il persistera dans son aventure. La paix ne reviendra que le jour où l’agresseur russe aura compris qu'il ne peut pas gagner, alors tout ce qui semblait inacceptable pour lui sera une sortie honorable. Il a déjà compris qu‘il il n'aurait n’aurait jamais l’Ukraine en son entier, et il n’en parle plus.
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