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Un référendum pour une nouvelle constituante ?







On suppute et l’on glose à perte de vue sur le nom du prochaine locataire de Matignon.

Avec 193 sièges pour le NFP (dont 71 LFI), 162 pour le camp macroniste, 66 les LR et 143 pour le RN, on voit bien que le Premier Ministre, issu d’un des trois blocs (centre-droit, ou l’un des deux extrêmes), serait à la merci d’une inévitable motion de censure réunissant les deux autres contre lui.


Emmanuel Macron recherche fébrilement, dans la chaleur de l’été, une personnalité susceptible de faire éclater le NFP, car la division est sa méthode. Si cette martingale ne fonctionne pas, il devra s’efforcer de trouver un titulaire dont l’un des extrêmes s’accommode. Mission impossible.


L’homme ou la femme invisible, ou si peu marqué qu’il indiffère pourrait être un technicien réunissant un gouvernement, lui aussi technique.  Sous cette appellation, on entend que la France serait dirigée par un haut fonctionnaire entouré de collègues provenant de leurs Administrations respectives. Cet aboutissement correspond à la logique de l’effondrement d’une classe politique qui a abandonné toutes ses valeurs pour se livrer à des jeux de rôles électoraux, calculs plus destinés à duper l’électeur qu’à lui proposer des programmes viables.


De “tous pourris” le personnel politique est devenu “tous magouilleurs”.


Qu’un parti politique se soucie de conquérir ou sauver des sièges est légitime, mais quand cela devient la seule motivation de ses prises de positions, la  démocratie touche le fond de l’un de ses travers : la politique politicienne.


Le ou les partis qui censureraient un gouvernement réputé non-politique seraient coupables aux yeux de l’opinion de priver la France de son Etat. Peu d’entre eux sont déterminés à courir ce risque. En fait, seuls les LFI ne sont pas effrayés par cette perspective, qu’au contraire ils espèrent.


Cette victoire de la méritocratie administrative sera pourtant amère, car, ce gouvernement serait de transition, c’est-à-dire prié fermement de ne rien initier d’important. Sa durée de péremption sera d’ores et déjà fixée à l’été prochain, quand sera possible un retour aux urnes. Les choses étant ce qu’elles sont et les politiciens ce que nous savons, les chances que se dégage alors une majorité absolue sont minimes.


L’hypothèse d’une présidentielle anticipée d’ici l’été prochain est hautement improbable, nul, parmi les prétendants au trône, ne souhaitant affronter la situation inextricable dans laquelle se trouve Emmanuel Macron. Ce dernier n’est, en outre, certainement pas prêt à une démission qui serait le constat irrémédiable de l’échec d’une vie.

  

Pour délicat qu’il soit, le problème de Matignon est pourtant loin d’être le plus important que la France devra affronter dans les semaines qui viennent. La question du budget 2025 sera sans doute prédominante, quelque soit le Premier ministre, mais d’abord il faudra franchir un autre obstacle plus inattendu. Ce sera celui de l’abrogation de la réforme des retraites promise par une large majorité de députés puisqu’ils s’agit des NFP et des RN, en désaccord sur tout, sauf sur ce point.


S’il advient, le vote d’une telle loi d’initiative parlementaire serait un signal susceptible de rendre le financement de la dette publique exorbitant, voire impossible dans le contexte de remous financiers qui vient de s’emparer des bourses internationales.


Le vent mauvais venu d’Asie, qui risque, outre de compromettre les dividendes espérés des Jeux pour le tourisme et le luxe, montre que les marchés financiers sont capricieux. L’on sait que les spéculateurs y sont sans merci pour qui fait preuve de la moindre faiblesse. Avant l’euro, il y avait des spéculations contre le Franc, aujourd’hui on peut redouter des attaques, ou même une curée, contre la dette française.


Dans le tourbillon joyeux des Jeux Olympiques, et la mollesse des vacances d’août, les médias n’ont pas pris conscience de cette catastrophe qui vient.


Les JO de Paris 2024 sont un succès, et l’on est tenté de dire, contre toute attente. L’attente des ceux qui, avec bien des arrière-pensées, en prédisaient l’échec, et la crainte légitime de tous les autres. Il serait détestable de ne pas se réjouir de la profusion de médailles qui montrent surtout que le sport est devenu en France un moyen privilégié de haute promotion sociale. Les sportifs sont en passe de reléguer les énarques et les élus au placard des inutiles et des malfaisants.


Kilian Mbappé, Léon Marchand, Teddy Riner, et bien d’autres sportifs sont l’élite d’aujourd’hui. À l’inverse, les politiques sont devenus les toquards de la société. Ce sont ceux que les Britanniques appellent les “slow horses” qui ne sont jamais à l’arrivée et sur lesquels on parie en pure perte. Néanmoins, ce sont ces élus irresponsables qui sont aux commandes, au grand dam de la haute fonction publique, elle aussi en échec, qui assiste impuissante au retour du politique, mais dans la pire de ses versions.


Encore, et comme toujours, les médias, qui à qui mieux mieux entonnent la vie en rose, se fourvoient en célébrant une concorde nationale autour des exploits sportifs de nos champions, comme le signe d’une société qui rèverait d’union nationale. En vérité, l’unanimité cocardière ne présage en rien de la disparition des fractures politiques d’une France malade de ses divisions.


Les dissensions politiques ne sont que la traduction dans les urnes des pathologies qui affectent la société française.


Le refus d’obstacle est l’une de celles dont souffre le pays. Placés devant le problème de l’allongement de l’espérance de vie qui en moins de deux générations a progressé de 10 ans, les Français refusent de prolonger leur vie au travail de deux années. Passer de 62 ans à 64 parait à une majorité, si l’on en croit les sondages, une ignominie à annuler d’urgence. Les partis politiques qui, eux, croient aux sondages qui sont leur canne d’aveugle, leur emboîtent le pas et vont même jusqu’à proposer, quand ils sont dans l’opposition, de revenir à 60 ans.


Cette attitude égocentrique et autiste, quand on sait que nos voisins sont à 67 ans encore au travail, est justifiée par les meilleures raisons du monde, dont la pénibilité n’est pas la plus mauvaise. On découvre que l’effort demande un effort, et nul ne considère comme juste la part qui lui est demandée. Tous d’accord pour célébrer les sportifs qui, eux, ne ménagent pas leur peine, mais la cohésion sociale s’arrête là.


La solution avancée pour contourner l’obstacle démographique est très simple : combler le trou en augmentant les impôts, puisque compter sur plus d’endettement est désormais impossible. Il faut donc penser, pour remplir les caisses du Trésor Public, à l’augmentation des impôts. Hélas, au point où se trouve la pression fiscale, une nouvelle taxe, ou un taux plus important aura l’effet inverse à celui attendu. Les rentrées fiscales, au lieu d’augmenter diminueront, comme l’activité économique.


On en vient alors à poser la question de manière frontale : le refus de travailler plus ne se conçoit que dans un régime totalement socialisé où l’Etat décide de tout. La seule liberté qui reste aux citoyens, dans ces régimes autoritaires, est celle du tire-au-flanc. Et ils en usent, car leur niveau d’activité ne détermine en rien les satisfactions qu’ils obtiennent en retour.


Le choix que l’on n’a pas explicité aux Français est de savoir dans quelle société, et sous quel régime politique, ils veulent vivre.


Au lieu de les informer clairement, comme si l’on craignait leur réponse, on joue avec les tenants de solutions miracles qui promettent de gagner plus en travaillant moins. C’est là une comédie de simulacre démocratique, le paradis des démagogues. 


L’exercice de la démocratie suppose que l’on accepte ce régime comme définitif, et qu’on le défende ; or les dernières élections ont montré que ceux qui se placent dans une hypothèse qui implique un changement de régime politique sont majoritaires. La coalition NFP d’une part et le RN de l’autre jouent un jeu hypocrite. Ils miment la démocratie, mais c’est, en vérité, pour en sortir.


Les NFP dominés par le LFI dissimulent peu ou mal leurs visées révolutionnaires. Le RN assure qu’il ne souhaite pas la fin de la démocratie, mais sa ferme promesse de ramener l’âge de la retraite à 60 ans contredit cette affirmation.


Ce débat survit à la campagne électorale, car ces deux pôles de l’Assemblée rivalisent de zèle pour abroger la dernière réforme macron sur la retraite, que pourtant chacun sait insuffisante, et dont aucun n’ignore les effets sur le coût de financement de la dette.


La faillite de l’Etat est l’une des voies les plus directes vers les régimes autoritaires. C’est celle qui paraît avoir la faveur des extrêmes tant de gauche que de droite.


Les ambitions et stratégies personnelles pour les présidentielles de 2027 paraissent, dans ce contexte, dérisoires, si, comme on peut désormais le craindre, cette échéance est annulée par une crise de régime mettant en jeu la continuté de l’Etat.


Le recours à l’article 16 qui autorise des mesures d’urgence, n’étant pas une solution pérenne, il faudrait pour sortir de l’impasse poser aux Français la question de savoir s’ils veulent encore d’une Constitution qui ne permet plus au pays d’être gouverné.


Le Président pourrait, alors, soumettre par référendum  aux Français l’éventualité d’une convocation d’une nouvelle Assemblée constituante, évidemment élue à la proportionnelle pour être représentative. Telle serait la réponse adéquate à ceux que l’on peut qualifier d’entêtés, arcboutés sur des attitudes où l’Assemblée nationale ne compte désormais que des oppositions.


Les optimistes diront que personne ne voudra prendre le risque de se voir attribuer la responsabilité de mettre ainsi fin à la Vème République. Les rêveurs penseront que tous rivaliseront pour apparaître les sauveurs d’une situation qu’ils auront cependant contribué à créer. Vu l’immensité des pas de clercs dont ils se sont montrés capables, on peut, néanmoins, douter qu’une telle prise de conscience de leurs responsabilités les saisisse. Et au fond, une nouvelle Constitution aurait l’avantage d’être conforme à l’usage français qui pour se moderniser préfère changer de régime politique que de procéder calmement aux réformes nécessaires.

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