La Chambre des morts-vivants
- André Touboul
- 29 août 2024
- 4 min de lecture

« La France a tué mon mari ! », ces mots terribles d’une veuve prennent aux tripes par leur vérité qui dérange.
La France ne protège plus ses gendarmes, mais pas mieux ses enseignants décapités, ni ses Juifs menacés, insultés ou assassinés.
Dans cette France du refus d’obtempérer, qui, à ses enfants, préfère ceux d’autres pays, tout est clair.
L’Etat-zombie n’a plus d’autorité, le Gouvernement-zombie est démissionnaire, la Justice-zombie fait semblant de punir et consacre l’impunité, et pour se mettre à l’unisson la représentation nationale devient par une fulgurante clarification une Assemblée de morts-vivants.
Clarification ? Emmanuel Macron voulait par la dissolution en provoquer une. S’il s’agissait de dégager une majorité claire, c’est raté. Mais, dans le fond, n’est-ce pas une réalité dispersée de l’opinion des Français que la tripartition, ou plus exactement la quadripartition de l’Assemblée illustre ?
S’il avait voulu démontrer que sans lui ce sera le chaos, le Président n’aurait pu rêver mieux. L’anti-Macron ne suffit plus à remplir un projet politique, alors que, mis à part ce mantra que psalmodient les médias, les programmes des oppositions sont vides ou bien pis sont des bouquets vénéneux de folies démagogiques. Le Président apparait désormais plus comme un rempart contre les « déraisonnables » que comme une offre politique.
Contrairement à ce que l’on rabâche, la clarification a eu lieu. Il n’est pas contestable que sur le théâtre politique les masques sont tombés.
A gauche d’abord.
La rupture. On se souvient de Jacques Vergès, l’avocat qui pratiquait une défense qu’il qualifiait, lui-même, de rupture avec les résultats que l’on sait… des peines maximales pour ses clients. Un caricaturiste l’avait représenté avec la légende : « Vergès, il est nul, et, en plus, il est cher ». Le sieur Mélenchon, à l’instar de Vergès, pratique une politique de rupture ; chacun peut en juger des effets pour la Gauche qu’il a mise hors jeu. Le coût exorbitant du programme LFI et sa salissure morale imposés au Nouveau Front Populaire n’ont échappé à personne.
L’antisémitisme sournois et de plus en plus affiché des LFI est maintenant reconnu pour ce qu’il est : une réalité politique ; ainsi que le dit F.O. Gilbert, c’est devenu un argument électoral. Pour les Écologistes, la biodiversité ne va pas jusqu’à défendre le droit des Juifs de vivre en France ou même ailleurs. Quant au Parti socialiste d’Olivier Faure, l’antiracisme qui était dans son ADN souffre exception quand il permet de s’allier avec Mélenchon sans même se boucher le nez.
S’ils en doutaient, les Français, éberlués par l’arrogance de la Gauche habituée à édicter la pensée correcte, qui prend ses propres discours pour la réalité, ont pu se convaincre qu’ils avaient raison de se situer majoritairement et de plus en plus à droite. En ce sens, la méthode Macron inspirée du général romain Fabius Cunctator ( le temporisateur), finalement vainqueur d’Hannibal, a porté ses fruits. Il ne l’a pas dit, mais tout le monde l’a entendu pour Mélenchon : « la démocratie, c’est moi ».
Il est cependant douteux que cette stratégie soit de nature à fracturer le NFP, eu égard à une future nouvelle dissolution prévisible pour l’an prochain. Le bloc de gauche est ainsi gélifié. Sans les LFI, les Socialistes n’auront plus de sièges ; le malheur pour eux, c’est qu’avec les Mélenchonistes le PS n’est plus un parti de gouvernement, même François Hollande le reconnaît. Le Nouveau Front Populaire est un réflexe de survie, mais que vaut une vie de zombie ?
Pour la Droite les choses sont aussi clarifiées.
Le Rassemblement National n’a plus le privilège du racisme, on peut même constater qu’il se soigne de cette maladie létale. Sur la route de la respectabilité, il lui reste à rompre avec les promesses délirantes qui démontrent son incompétence économique radicale. Encore un effort, et il n’y aura plus de différence entre la Droite de gouvernement, qui se durcit, et le RN qui s’assouplit. N’en déplaise à Emmanuel Macron qui tente toujours de reconstituer le bloc central en racolant à gauche, ce sera le RN qui sera l’arbitre de la possibilité d’un gouvernement qu’il tolérera, ou non.
Les Républicains ne le savent pas encore, mais ils sont condamnés à s’allier ou disparaître. Soit ils viennent à la rescousse de Macron qui n’est pas un acteur d’avenir, mais leur laisse tout espérer des retrouvailles avec les Macronistes de droite comme ceux d’Horizons. Soit ils franchissent un pas historique en se rapprochant du RN, mais, compte tenu du rapport de forces, ils ne deviendraient que des supplétifs de Marine Le Pen.
Le Centre, enfin, était promis à la disparition, il a survécu par la grâce d’une opération de désistements réciproques avec l’extrême gauche orchestrée par Gabriel Attal. Mais dans quel état ! Sur les sièges sauvés sont assis des députés-zombies. Ces morts-vivants ne portent aucune orientation politique tranchée et revendiquent de ne pas revendiquer le poste de Premier ministre, ce qui laisse augurer leur disparition pour les prochaines présidentielles. Il n’y a rien à cela de surprenant. L’existence du Centre est toujours subordonnée à une personnalité fédératrice qui rallie à elle la droite de la gauche et la gauche de la droite. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le tropisme s’exerce aujourd’hui plutôt en faveur des extrêmes. Il n’est pas exagéré de dire que la vie politique est désormais centrifugeuse.
La classe politique française devrait s’inspirer des athlètes paralympiques, et faire preuve de courage pour surmonter l’adversité. Macron en premier pourrait surmonter son handicap en ramenant l’un des extrêmes dans l’arc républicain. S’il ne le fait pas, il finira écartelé. Le temps du « en même temps » est fini, c’est désormais l’heure des choix clairs.
Qu’il le veuille ou non, le Président, s’il veut un gouvernement qui ne soit pas mort-né, devra rompre avec la théorie du Front républicain. Plus tard, il le fera, plus Marine Le Pen en tirera profit. Ramener le RN dans les rangs des partis de gouvernement serait pour Macron un fait d’arme qui loin de se résigner à la victoire de l’extrême droite mettrait celle-ci à égalité avec les autres prétendants aux prochaines élections qu’elles soient législatives ou présidentielles.
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