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Une mise au point pour les 8 et 9 mai

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 9 mai 2022
  • 2 min de lecture

Dans la mythologie de la Seconde Guerre mondiale, ce sont l’héroïsme et l’abnégation du peuple russe qui ont vaincu les armées nazies. L’exaltation d’après guerre de l’exploit américain constitué par le débarquement en Normandie, la Guerre froide, et la révélation des horreurs du Goulag n’ont pas entamé le capital moral de l’URSS. Pour beaucoup, notamment parmi les intellectuels français, le camp du bien était à l’Est, et l’on préférait fermer les yeux sur le stalinisme en vérité aussi détestable que le régime hitlérien, pour ne pas « désespérer Billancourt » disait Jean-Paul Sartre, suivi en cela par tout ce que l’élite culturelle française comptait de belles âmes. Par la victoire sur l'Allemagne, la preuve était faite de la supériorité du système communiste.


C’était oublier qu’avant même d’entrer en guerre les Etats-Unis ont massivement soutenu l’URSS. De 1941 à 1945, les Américains ont fait parvenir aux Soviétiques des biens et des services d’une valeur totale de 11,3 milliards de dollars, l’équivalent en 2016 de 180 milliards de dollars.

Dans une lettre qu’il adresse à Roosevelt en juin 1941, Staline écrit : « Votre décision, Monsieur le Président, d’accorder à l’Union soviétique un crédit sans intérêt d’un milliard de dollars sous forme d’équipements et de matières premières a été accueillie par le gouvernement soviétique avec une profonde gratitude comme une aide urgente dans son combat énorme et difficile contre l’ennemi commun — l’hitlérisme sanguinaire. »

Des remerciements qu’il réitérera en portant un toast avec les dirigeants alliés lors de la conférence de Téhéran, en décembre 1943 : « Les États-Unis (…) sont un pays de machines. Sans ces machines obtenues par le biais du programme prêt-bail, nous aurions perdu cette guerre. »


Nikita Khrouchtchev, qui a dirigé l’Union soviétique de 1953 à 1964, partageait ce point de vue. Il rappelle dans ses mémoires la valeur que Staline attachait au programme prêt-bail : « Il a déclaré sans ambages que si les États-Unis ne nous avaient pas aidés, nous n’aurions pas gagné la guerre. »

Vladimir Poutine qui commémore le 9 mai la victoire de l’URSS sur le Nazisme n’ignore rien de cela. Simplement, il perpétue la méthode marxiste de réécriture de l’histoire qui a si bien fait ses preuves par le passé. Le procédé est efficace, d’une efficacité immédiate, mais la réalité est têtue, elle finit toujours par s’imposer. La Russie d’aujourd’hui est sur-armée, en ce sens qu’elle dispose des moyens de provoquer la fin du monde, c’est-à-dire de se suicider, mais elle est un nain industriel ce qui lui interdit de posséder une armée de conquête. Seuls les Etats-Unis peuvent y prétendre, mais encore leur puissance est insuffisante pour se maintenir en terrain hostile.


Lors de la célébration du 9 mai, Poutine a fait appel au patriotisme du peuple russe pour résister à l’Occident. Combien de temps faudra-t-il aux Russes pour se rendre compte que rien ne le menace, si ce n’est l’aventurisme de son Président ?



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