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Vers une troisième révolution

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 29 févr. 2024
  • 5 min de lecture










« L’Angleterre s’écroule dans l’ordre, la France se relève dans le désordre ». W. Churchill


En France, on parle beaucoup de réformes de structure sans en faire. De Giscard qui voulait incarner le "changement dans la continuité", à Hollande qui disait que "le changement, c'est maintenant", en passant par Chirac qui promettait de mettre fin à "la fracture sociale", et Sarkozy qui prônait "la rupture", sans oublier Mitterrand qui se faisait fort de "changer la vie", nos Présidents de la Vème République qui se sont succédés depuis 1974, avaient des ambitions à décorner le bœufs. Ces grands élans n'ont pas été suivis d'effets.


Dans le "cher vieux pays", du Général de Gaulle, on ne change vraiment qu’à la faveur des révolutions, car ceux qui sont aux commandes sont trop bien installés pour accepter les réformes.


Les deux révolutions que les Français ont connues depuis la Libération sont celle politique de 1958, et culturelle de 1968. la première a succédé à une révolte des militaires, la seconde fut la conséquence d'une insurrection estudiantine.


Conscient de cette constante, E. Macron avait intitulé son livre de campagne en 2016 « Révolution », une promesse vite modifiée en "transformation" puis en "réforme", et in fine elle est devenue immobilisme. Il promettait une nouvelle élite, un nouveau monde, une nouvelle manière de faire de la politique. De tout cela, il n’a rien délivré.


Si elle veut sortir de la spirale délétère qui la précipite dans les profondeurs du déclassement, la France ne fera pas l’économie d’une révolution.


L’impulsion ne vient que du bas. Ce sont dans les couches modestes que tant la gauche que la droite extrêmes puisent leur force dynamique.


L’extrême gauche qui n’existait pratiquement plus en France au début du siècle a resurgi du néant par l’exploitation du néo-prolétariat des pseudo-opprimés de tous poils, musulmans, femmes, racisés, écolos… Il faut dire que la gauche raisonnable était devenue un cadavre à la renverse.


À l’autre extrémité du spectre politique, la droite a puisé son énergie dans les milieux populaires. Les ouvriers, les employés, les agriculteurs, bref la classe moyenne, et désormais une part des élites qui quitte le navire sans gouvernail du macronisme, tout ce monde qui fait la majorité silencieuse de la France ne trouve refuge nulle part ailleurs que dans le Rassemblement National.


Après la gauche, c’est la droite de gouvernement que le débauchage macroniste a pulvérisé. Des LR, il ne reste rien. Ce n’est pas « la faute à Macron » qui en est la cause, mais la faiblesse de ce parti de droite complexée, dépourvu de moteur social. Sans clientèle, le commerce électoral de la droite molle est en passe de fermer boutique.


Dédiabolisée, Marine Le Pen apparait désormais comme un recours. Certes, il est impossible de ne pas voir les faiblesses de son programme économique et le danger que porte sa complaisance pour Moscou. Cependant, elle a tant changé de crédo économique, sur l’euro, sur l’Union européenne, sur les retraites… que ceux qui espèrent en elle vont jusqu’à se persuader qu’une fois élue elle reviendra sur ses errements économiques actuels. De même, au pouvoir, elle réviserait sa position face au réel danger que la Russie comporte pour l’indépendance française.


Reste le péril brun qui est agité par ceux qui rappellent que la démocratie pourrait être confisquée par l’extrême droite, comme elle le fut en en d'autres temps en Allemagne. Ceux-là même qui le font oublient que l’extrême gauche en est aussi capable. Le sentiment partagé par beaucoup est qu'il est impossible de renverser la table sans risquer de briser la vaisselle.


Ce qui, en fait, est en jeu aujourd’hui, est la faillite d’une élite qui gère la France et multiplie les absurdités comme celle de la subvention « dé à coudre » (prime versée par l’Etat  à ceux qui ravaudent leurs vêtements, différenciée pour les chaussettes, pantalons, chemises…). Cet exemple est l’illustration de l’usure d’une élite à bout de souffle qui n’a de solution pour rien, et avouent ingénument pour chaque problème, que l'on y peut rien.


On dit que ce ne sont pas ceux qui font la révolution qui prennent le pouvoir et en profitent. Si l’on pense aux émeutiers que l’on prend pour des révolutionnaires, c’est vrai. La révolution est toujours confisquée par une élite. Mais il faut deux conditions pour qu’il se produise un bouleversement assez profond et violent pour qu'un tel événement se produise. La première est le constat de l’échec de l’élite en place qui fait fermenter l’insatisfaction, la transformant en colère. La seconde est qu’il existe une relève, une élite de remplacement qui tirant profit du désordre s’affirme comme garantie d’un retour au calme.


C’est dans ses bouleversement sociaux que les grandes réformes passent comme des lettres à la poste.


L’élite nouvelle est, classiquement, une salade composée, de membres de l’élite ancienne qui par lucidité ou opportunisme rejettent les principes en vigueur, de jeunes ambitieux qui voient dans le nouveau pouvoir une chance de promotion rapide, et quelques théoriciens qui s’emploient à revêtir le changement des habits d’une idéologie ayant les apparences de la nouveauté.


Ce sont ces derniers qui ont fait défaut dans l’expérience Macron. Mais, après sept ans, nul ne peut dire aujourd’hui quelle serait l’idéologie du macronisme. C’est pourquoi, Macron n’a pas engendré d’élite nouvelle, et son nouveau monde est resté un désert de solitude.


Quand les historiens feront le bilan des quinquennats d'Emmanuel Macron, ils ne pourront retenir à son actif qu'une tentative de réforme de la haute fonction publique, et aussi l’inscription de l’IVG dans la Constitution qui s’apparente à un enfoncement de porte ouverte, dont on espère qu’elle aura un meilleur destin que la constitutionalisation du principe de précaution par Jacques Chirac.

Au passif, ils constateront une croissance exponentielle de la dette publique, qui est la résultante d'un mode de gestion des crises par des chèques tirés sur les générations futures. La marque de fabrique du macronisme aura été le "quoiqu'il en coûte". Sur les réformes structurelles, au premier chef, rien sur le statut de la fonction publique, qui est un boulet attaché aux pieds d'une Administration incapable de s'adapter, et ne peut plus remplir son devoir de fournir des services publics de qualité. L'éducation et la santé sont en perdition. Sur le modèle social, retraites, sécurité sociale, redistribution, on ne pourra retenir aucune réforme structurelle. Sur la cohésion sociale enfin, qui est la mère de toutes les batailles, car elle commande le consentement à l'effort et le retour à une société plus sûre, c'est la résignation au séparatisme qui restera dans les mémoires.


L'alternance, devenue inévitable, ne pourra être qu'un électrochoc, qui permette de rompre avec des principes mal compris comme celui de précaution, de l'Etat de droit, de l'écologie, et de l'appartenance à l'Union européenne.


Le principe de précaution veut qu'en présence d'un dommage effectif, on s'abstienne de conduites susceptibles de l'aggraver. Or, en France, il suffit d'invoquer un risque de dommage pour tout interdire. L'Etat de droit est comme toute règle juridique limité par l'abus que certains font d'un droit. L'écologie n'est pas une religion, mais une saine gestion de l'environnement. L'Union européenne doit être une force collective est non une abdication totale de la souveraineté qui autorise chaque peuple à protéger ses intérêts vitaux. Pour affirmer ces évidences, il faudra une révolution, car leurs inverses sont autant de Bastilles intellectuelles qu'il faudra déconstruire.







 
 
 

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