Vite un badge « Je suis bidoses »
- André Touboul
- 14 juil. 2021
- 4 min de lecture

A une époque où l’on affiche ses convictions et son soutien à de multiples causes par sa tenue vestimentaire, des gestes symboliques et autres signes distinctifs, il est temps que le citoyen marque son adhésion à la campagne de vaccination contre le coronavirus. Un V de victoire sur le virus serait le bien venu, en signifiant, soutien aux deux doses.
« Je suis bidoses » serait assez provoquant et approximatif pour faire parler. En effet, certains vaccins, rares en France, se satisfont d’une dose, et une dose suffit à ceux qui ont été sujets à la maladie.
Les esprits chagrins agiteront la fracture sociale entre vaccinés et non vaccinés. Une de plus. Mais celle-ci est une rupture que chacun est libre d’éviter. Les antivax n’ont aucune légitimité à être dissimulés. Qu’ils assument leurs décisions n’a rien de choquant.
Cette initiative citoyenne pourrait suppléer à la couardise gouvernementale qui par ses hésitation donne du grain à moudre à ceux qui, confiants dans l’Etat, se disent que si la vaccination n’est pas obligatoire, c’est bien que pour eux, elle est facultative. En conséquence, elle n’est pas vraiment nécessaire. Si elle apportait autant d’avantage qu’on le dit, l’Etat la rendrait obligatoire. S’il ne le fait pas, c’est parce qu’il y a des risques… Les faux fuyants ne manquent pas. Les déclarations des ministres et même celles du Président apparaissent comme une défausse de responsabilité sur le citoyen dont on n’a jamais tant respecté le libre arbitre.
Les médias qui n’aiment rien tant que se draper dans de grands principes, en l'espèce hors de propos, glorifient la liberté individuelle, et cela n’arrange rien.
Le pass sanitaire ? Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Cette méthode de contrainte indirecte est simplement hypocrite.
Le risque de santé publique et économique est certain. Le fait même que les vaccins ne soient pas efficaces à 100% impose, pour préserver les populations fragiles de ceux qui ont fait l’effort de se faire vacciner, de réduire au maximum la circulation du virus. Cela seul permet d’éviter ses mutations, et d’espérer sortir du cercle diabolique où nous sommes enfermés. Et même si la vaccination ne garantit pas totalement contre la contamination, le gain, même limité ne doit pas être négligé.
Si l’on laisse de côté la moindre chance de bloquer l’épidémie, il y aura plus de morts, de malades longs, d’autres pathologies négligées et plus de confinement.
Bien entendu, on objecte que l’obligation ferait l’objet de fraudes. Cette tare bureaucratique de la crainte de la triche qui interdit toute action efficace, n’est pas recevable. En effet, aucune action n’étant exempte de ce risque, on devrait renoncer à tout.
La raison voudrait que l’obligation de se faire vacciner soit générale, mais non sanctionnée pénalement ; simplement le fait d’être en infraction exposerait à se voir refuser certains accès, certaines activités, l’exercice de certaines professions.
Oui, pour en sortir, la pression citoyenne du badge serait juste et efficace. Même si de non vaccinés l’utilisent, mais en le faisant ce serait avec mauvaise conscience, et le badge, simple manifestation de soutien, ne remplacerait pas le QR code.
Plus de trois milliards d’individus sont aujourd’hui vaccinés. Il n’existe aucun produit qui puisse se targuer d’une aussi gigantesque preuve d’innocuité. Un manque de recul ? Mais à quel point de vue, quel serait le délai suffisant ? La prévention contre le prétendu risque du vaccin est un fantasme. Ce dont on meurt, c’est de la Covid-19, pas des vaccins. Il est de plus en plus difficile de dire que l’on comprend les hésitations de ceux qui n’en finissent pas de s’interroger. A ce point d’égoïsme la liberté individuelle est haïssable.
Alors, vite un badge pour la vaccination, une vaccination pour tous, selon cette formule que les Français aiment tant.
La contagiosité des vaccinés est 12 fois inférieure à celle des non vaccinés, selon une étude de l’Institut Pasteur. Cela devrait clore tout débat : la vaccination pour tous est urgente, et ce qui est urgent doit être obligatoire. Une autre question est d’organiser la sanction du non respect de l’obligation. En limitant les droits de ceux qui sont en infraction. Cette seconde partie est mise en place par le Gouvernement qui recule devant la proclamation d’une obligation légale.
Certes les contraintes ciblées ont eu un effet certain et immédiat, car la perspective de ne pas pouvoir voyager et s’approvisionner dans les centres commerciaux est un puissant moteur. Mais cela ne réglera pas le problème de confiance qui au fond se résume ainsi : si l’Etat hésite alors que pour une fois les recommandations du corps médical sont concordants avec les impératifs économiques, n’ai-je pas raison d’hésiter ?
Personne ne croira que les atermoiements du pouvoir sont dus à un respect des libertés individuelles, puisque dans les faits certains en sont privés.
Loin de passer pour de la délicatesse démocratique, l’Etat précautionneux à l’excès, qui a déjà été en retard sur tout dans cette crise sanitaire, nourrit les incertitudes, et fait la partie belle aux antivax et autres complotistes.
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